jeudi 31 mai 2012

Avancer

16°53.203N 24°59.470W
Mindelo, ile de São Vicente, Cap Vert

Les ferrys d'ici me rappellent ceux de Tintin...
Pas vraiment évident de passer à autre chose après ce qu’il s’est passé. Pas évident du tout... Mais le faut-il pour autant ? C’est bien là la question que je me pose alors que je commence ces lignes et que la page blanche me regarde avec ses yeux de merlans frits.
« Passer à autre chose », ne veut pas dire qu’on oublie, cela serait bien trop facile. Il y a des images que l’on n’oublie pas. Jamais. « Tourner la page », franchement c’est une chose que je ne sais pas faire. La seule chose que je suis en mesure de faire c’est d’avancer. Avancer avec une pierre de plus dans mon sac. Je crois bien qu’on en est tous là finalement...

La mort de José a particulièrement secoué la population de Mindelo. Je ne compte plus les paroles de réconfort que j’ai pu récolter ici ou là, venant tout aussi bien de la communauté française que des capverdiens. Les gens sont choqués, et les mots que j’entends le plus souvent sont : Ce n’est pas ça le Cap Vert.
Ils n’ont pas tort. Même si, comme dans tous les pays, la violence n’est pas absente des rues capverdiennes, de mémoire de Consul de France, en quinze ans, personne n’avait jamais vu ça. Ces dernières années, suite aux pressions multiples de la diplomatie européenne, la criminalité envers les touristes avait même spectaculairement baissée... Mais bon, il suffit d’un cas, un seul, pour que les vieux démons ressortent et que j’entende le pire dans la bouche des expatriés du coin. Du genre vieux poncifs xénophobes et néocolonialistes, si vous voyez ce que je veux dire... Dégueulasse.

Et moi, vous demandez vous ? Et bien je vais sans doute vous surprendre mais j’ai une pêche d’enfer. Non, sans blague, c’est vrai. Ce drame que j’ai vécu aurait pu légitimement me scier les ailes. Tempérer, voire carrément mettre un coup d’arrêt à mes envies de liberté et d’aventure... Et bien c’est exactement le contraire qui s’est produit. Depuis la mort de José j’ai une de ces soif de vivre et de réaliser mes rêves !
Je me dis que j’ai même une motivation supplémentaire pour continuer... Il m’est souvent arrivé de penser que je voyageais pour tous ceux qui ne le pouvaient pas. Et bien maintenant je voyage aussi pour ceux qui ne le peuvent plus.
Alors je voudrais répondre collectivement à tous ceux qui s’inquiètent pour mon moral : Je vais bien !

Je vais bien donc, et je vais continuer ma route. Après la mort de José, je m’étais en quelque sorte promis deux choses. Attendre que son corps soit rapatrié vers la France, et être assuré que le Magoër soit entre de bonnes mains. Le corps de José partira par avion ce dimanche, et j’ai, ce matin en présence du Consul, officiellement confié les clefs du bateau à un skipper professionnel qui se chargera des réparations et du convoyage.
J’ai tenu mes promesses, je peux donc quitter le Cap Vert en pouvant me regarder dans une glace.
Parce que je pense que vous le comprendrez, j’en ai un peu soupé du Cap Vert...

Ça se mange ce truc ?
Donc depuis quelques jours je mets les bouchées doubles pour préparer la Boiteuse à sa première transat. La « pièce », que j’avais fait refaire par une fonderie, a été réalisée parfaitement et réinstallée. A ce propos, pour les pros qui savent de quoi ils parlent, il s’agissait de ce que l’on appelle un coude d’échappement. Regardez-moi un peu ce travail... C’est beau tout de même, non ? Le bronze, quand c’est neuf, on dirait de l’or... Et je ne vous dirai pas le prix, ce serait indécent... (220 € !)

Le diamètre et l'épaisseur ont été doublés
De même, le régulateur a été réparé (et même consolidé), le démarreur aussi, les voiles scotchées... Je n’ai plus qu’à bricoler un de mes supports de panneau solaire, et je serai prêt.
Il faut aussi que je plonge pour nettoyer la coque et la quille... En un mois, la ligne de flottaison bâbord a été entièrement colonisée par la verdure, à un point tel que je pourrais presque ouvrir un commerce de salade !

Puis ce sera l’avitaillement (sans salade parce que je n’aime pas ça), une dernière tournée pour saluer les gens que j’ai rencontré, et on mettra le cap vers le Brésil à travers ce canal de São Vicente qui me nargue depuis un mois.

Je pense logiquement mettre les voiles dans le courant de la semaine prochaine. Mais avant ça vous aurez droit à un petit reportage sur le premier tour des élections législatives à Mindelo !
Je souris déjà en imaginant la tête que doivent faire certains d’entre vous qui doivent se dire : « Oh non, encore de la politique ! Il peut pas se contenter de regarder les couchers de soleil celui-là ! ».

Et ben non, il ne peut pas.

C'est beauuuuuuu....
Qui n'en veut de la salade ?

samedi 26 mai 2012

José

16°53.203N 24°59.470W
Mindelo, ile de São Vicente, Cap Vert

Ce mardi 22 Mai fut une journée chargée. Dès neuf heures du matin je me suis rendu au chantier naval pour filer la main à José. (Voir article précédent)
C’est qu’il était un peu dans la merde le José... La veille, le vent avait soufflé à plus de 65 nœuds, et le Magoër avait manqué de se retrouver par terre. Un des bers improbables en bois avait cédé, faisant pivoter le bateau sur sa quille. Le Magoër penchait dangereusement sur tribord et ne devait son salut qu’à des aussières frappées au mât et à une grue heureusement placée en soutien. La situation était compliquée mais pas insoluble.
Dès mon arrivée, je n’ai pas été très utile en fait. Je ne pouvais qu’assister à la manœuvre qui consistait à étayer le bateau le temps que la grue se mette en place pour le soulever à l’aide de sangles... Sur le bras de grue était inscrit 10 000 kilos. Le Magoër faisant 15 tonnes, José et moi étions donc assez inquiets. Mais bon, tout doucement le bateau s’est redressé dans sa position initiale et un type s’est précipité pour souder un support en Y pour le maintenir à peu près à l’horizontale.

Ceci étant fait, nous nous sommes attelés au remontage du gouvernail. Dans un premier temps nous avions pas mal galéré à tenter de trouver des joints neufs pour assurer l’étanchéité du tube de jaumière. Avec José, nous avons fait toutes les boutiques « spécialisées » de Mindelo. Lui avait les vieux joints à la main et moi j’assurais la traduction... Enfin, disons qu’avec mon espagnol j’arrivais plus ou moins à comprendre et à me faire comprendre. Finalement, ne trouvant pas de pièces aux bonnes dimensions, José a décidé d’utiliser un joint neuf qu’il avait en stock et le moins abimé des deux anciens. Une fois le gouvernail remonté, et le tube de jaumière rempli à bloc de graisse, ça le faisait.

Après quelques heures de travail acharné mais dans la bonne humeur, tout était enfin prêt pour remettre la Magoër à l’eau. Il n’était pas fâché le José de quitter enfin ce terrain vague qui faisait office de chantier. Après une semaine passée au milieu des ordures, il n’avait qu’une envie, rejoindre la Marina et y prendre une bonne douche.
Sur le coup de 16H00, le chariot se mit en branle et tout doucement le Magoër rejoignit son élément. Pendant les quelques minutes que dura le trajet pour reprendre sa place au ponton, José était aux anges. Enfin, il allait pouvoir reprendre la route, rejoindre Antibes et mettre un point final à sa tentative avortée de tour du monde... C’est qu’il en a chié mine de rien le José. Je ne m’étendrai pas sur le sujet, parce que lui-même le vivait plutôt mal, mais je peux vous dire qu’il a accumulé pas mal de galères depuis son départ.

Nous arrivons à la marina, et arrimons le bateau. José descend dans les fonds histoire de vérifier si tout va bien, et soudain je l’entends gueuler et se lamenter. La fuite qu’il avait au niveau de la jonction du gouvernail est toujours là... Pire, elle semble même être plus importante.
Et merde... Ces soudeurs à la con ont salopé le travail.

S’en suit un petit moment de flottement pendant lequel Pierre-André, un voisin helvète qui nous avait rejoint, et moi-même, tentons de remonter le moral de notre ami. D’accord, mon vieux, on peut dire que tu les cumules, mais maintenant il s’agit d’avancer. Le bateau ne peut pas rester à l’eau, il faut donc le ressortir le plus rapidement possible. Je téléphone au chantier et annonce la nouvelle au patron. Zeca est un peu embêté, mais je lui fais comprendre qu’il n’a pas le choix. Après tout, ce sont ses ouvriers qui ont effectué les soudures, ou du moins des ouvriers recommandés par lui.
Rendez-vous est pris pour le lendemain. Rebelote, on recommence tout.

Mercredi 23 Mai, je retrouve José et nous nous rendons à pied au chantier pour vérifier que tout est prêt pour recevoir le Magoër. Ce n’est pas la grande forme pour mon copain José... Toutes les heures il retirait 60 litres de flotte de son compartiment arrière. Il est sur les rotules, mais le moral est revenu. Il est de nouveau dans l’action, et ses idées noires de la veille se sont envolées.
Zeca nous accueille, tout sera prêt pour 11H00. Ok, nous aussi.
Le temps de retourner à la marina et de faire le plein d’eau, nous larguons les amarres pour nous présenter à l’heure dite devant le chariot. Le vent souffle et nous déporte sans cesse, nous galérons un peu pour glisser l’étrave du Magoër... Mais après de longues minutes à batailler nous nous arrimons correctement.
Nous avons convenu avec José que je négocierai une sérieuse ristourne avec le chantier. Au début Zeca ne veut rien entendre, mais au final il accepte de faire un rabais de 50% sur le prix de la sortie d’eau, plus l’électricité gratuite. C’est l’affaire de deux jours, trois maximum. Le temps de trouver un vrai professionnel capable de souder de l’aluminium... Le patron du chantier est décidément plein de bonnes intentions puisqu’il suggère même à José une solution pour parfaire l’étanchéité de la soudure : la recouvrir avec de la fibre époxy.
Là, j’ai vu un large sourire éclairer le visage de José. Il allait pouvoir s’en sortir.

Pendant son séjour au chantier, nous avions pris l’habitude lui et moi de nous parler via la VHF. Il faut dire qu’il s’emmerdait le José sur son terrain vague... Je lui avais filé quelques films sur une de mes clefs USB afin de remplir ses soirées, mais cela ne nous dispensait pas de papoter tous les soirs à heure fixe. A la vacation de 19H00 il était de nouveau sceptique quant à cette histoire d’époxy, mais je lui assurais que le lendemain matin j’allais passer le voir avec Pierre-André et qu’ensemble nous allions bien trouver une solution.

Ce jeudi 24 Mai, à 08H30, j’ai trouvé mon ami José étendu au pied de la descente, baignant dans une mare de sang. Je me suis précipité à son secours, pensant qu’il avait dû glisser et tomber, mais hélas c’était bien plus grave que ça... Son crâne était fracassé, son visage tuméfié... Il y avait du sang partout. C’était l’horreur absolue.
Je suis remonté aussi vite que j’ai pu sur le pont pour demander qu’on appelle une ambulance, les pompiers, quelqu’un... Puis je suis redescendu et j’ai essayé de le réconforter comme je le pouvais. Il respirait péniblement et répondait à ma question par des propos incohérents. Je me suis mis à la recherche de quelque chose pour le couvrir, et j’ai constaté qu’il régnait dans le carré un désordre indescriptible qui ne m’avait pas frappé jusqu’alors. De même, son ordinateur qui devrait être sur la table à carte n’y était pas...J’ai couvert José avec deux tee-shirt qui trainaient, et je suis remonté en vitesse pour demander qu’on prévienne également la Police. Mon ami avait été victime d’une agression.
Puis je suis redescendu auprès de José pour attendre les secours. Je lui ai parlé, caressé l’épaule, je lui disais que l’on allait prendre soin de lui...

Assez rapidement les ambulanciers sont arrivés ainsi qu’une voiture de police. Les infirmiers ont pris les choses en main mais il n’y avait pas grand-chose à faire si ce n’était l’évacuer le plus vite possible pour le conduire aux urgences. Avec Pierre-André, nous avons préparé et assuré la balancine de Grand-Voile pendant que la civière descendait... Avant de partir l’ambulancier m’a prévenu que son état était critique, que ses signes vitaux n’étaient pas bons... Enfin, c’est ce j’ai compris je crois. Et l’ambulance est partie.

J’ai été rapidement interrogé par les flics en uniforme qui prirent mes coordonnées avant que de partir à leur tour. Je les informais que nous allions fermer le bateau et nous rendre à l’hôpital. Pas de problème me dire t-ils, s’ils avaient besoin ils savaient où me trouver.
Pendant que Pierre-André rangeait sommairement le pont extérieur je me mis à la recherche des papiers d’identité de José. Ce ne fut pas difficile car son portefeuille ainsi que d’autres porte-cartes étaient jetés en vrac sur la table du carré... Je trouvais son passeport dans un tiroir, ainsi qu’une carte de crédit. Je me disais que les médecins allaient avoir besoin de tout ça... Nous avons fermé le bateau à clef et nous nous sommes alors rendus à l’hôpital.

Sitôt arrivés à l’hôpital, nous croisons le même ambulancier qui revenait d’une autre intervention. Je lui demande des nouvelles de mon ami, et dans un mauvais français il m’annonce que José était mort. Il était 10H20 du matin.

J’ai pris la nouvelle comme une grande claque dans la gueule... On veut toujours croire que les choses iront mieux, on veut toujours espérer qu’il va se passer quelque chose. Mais parfois cela n’arrive pas. Alors comment doit-on réagir face à ça ? Je ne sais pas... On réagit, c’est tout. J’ai demandé à voir un médecin responsable et le temps que l’on aille me le chercher je suis sorti avec Pierre-André fumer une cigarette. C’est con, mais ça fait du bien. Ça donne le temps de se remettre les idées en place.

Ensuite, j’ai vu le médecin qui m’a dit que José était mort à son arrivée à l’hôpital. J’ai prouvé son identité grâce aux papiers que j’avais emportés avec moi... Et nous sommes partis en direction de l’alliance française pour prendre contact avec le Consul de France.
Celui-ci était déjà au courant. Je lui ai donné tous les documents que j’avais en ma possession, et il s’est chargé de prévenir la famille.

De retour sur la Boiteuse, je n’ai pas eu à attendre longtemps avant que quatre inspecteurs de la police judiciaire viennent me chercher pour que je les accompagne au bateau de José. Pendant qu’ils fouillaient le Magoër à la recherche d’indices et d’empreintes, j’ai eu droit à un interrogatoire en règle... Où, quand, comment, qui ?... Est-ce que j’avais touché à quelque chose ? ... Tout le tremblement. A 13H00, ils étaient déjà à la recherche de trois suspects, mais je sentais bien à leurs questions que je n’étais pas encore totalement mis hors cause. Normal, j’étais le premier sur les lieux.

Vers 15H00, après un rapide déjeuner je suis retourné dans les locaux de la PJ pour faire ma déposition, et pendant que je relisais ce que j’avais déclaré, d’autres inspecteurs sont revenus avec l’ordinateur de José et quelques boites de conserve marquées Super-U... C’était bon, ils avaient choppé les meurtriers.
J’ai demandé s’ils avaient avoué, on m’a répondu que ce n’était pas la peine puisque la police avait toutes les preuves dont elle avait besoin...

Voilà ce qu’il s’est passé... Je vous avouerai que je suis encore bouleversé par ce que j’ai vu, par ce que j’ai dû faire. Mais très vite m’est venue l’impérieuse envie de coucher ce drame sur le clavier. Tout d’abord pour moi, bien sûr. Les habitués du blog de La Boiteuse le savent bien, j’ai besoin d’écrire pour pouvoir digérer les choses...
Mais au-delà du simple exorcisme, je voulais aussi rendre hommage à mon ami José. C’était un type bien, un type droit et gentil. Il avait le cœur à la bonne place. Pendant les quelques semaines où nous sommes connus, nous avions appris à nous apprécier. Lui l’ancien infirmier militaire et moi l’ancien commando. Lui avec son Magoër et moi avec ma Boiteuse. Nous faisions ce que doivent faire tous les marins, tous les aventuriers, nous nous entraidions.

Vous savez, j’ai croisé des tas de gens depuis que j’ai quitté la France... Et même si je suis resté en contact avec beaucoup d’entre eux, il n’y en a pas beaucoup que je puisse qualifier « d’amis » au sens le plus plein du terme. Non, vraiment pas beaucoup.
Et bien José aurait été l’un d’eux. Je le sais au plus profond de mes tripes...

Je ne savais pas grand-chose de la vie personnelle de José, même s’il se dévoilait tous les jours un peu plus, mais je sais qu’il laisse derrière lui sa femme, Catherine. Ce soir, alors que je termine de vous raconter cette triste histoire, mes pensées vont vers elle.

dimanche 20 mai 2012

La machine à rêve

16°53.203N 24°59.470W
Mindelo, ile de São Vicente, Cap Vert

A me relire, je m’aperçois que j’ai pu laisser entendre dans mon propos comme une lassitude, voire un désintérêt quant à mon projet de traversée de l’Atlantique en solitaire.
Et comme je ne suis pas homme à laisser trainer un malentendu, je me suis dit que je devais peut-être revenir sur le sujet... Alors rassurez-vous braves gens, je vais la faire cette traversée, et seul comme je l’avais décidé. C’est juste que ce n’est quand même pas un truc banal et qu’il me faut du temps pour l’envisager. Et lorsque je serai de l’autre côté, je pourrai justement m’enorgueillir de ce que je considérais initialement comme une corvée... Voilà, c’est à la fois aussi simple et compliqué que ça.

D’ailleurs, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne les réparations de ma Boiteuse. Rappelez-vous, je vous disais qu’une nouvelle pièce défectueuse avait cédé dans mon moteur occasionnant une grosse fuite d’eau de mer. Après démontage et nettoyage de ladite pièce (souvenez-vous que je suis un gros nul en mécanique, alors je ne sais pas la nommer autrement que « la pièce »), je me suis rendu compte qu’elle était bien plus que fendue. Elle était même carrément trouée de chez trouée ! 
"La pièce"
Du coup, je me suis rendu au chantier naval pour la confier à soudeur qui m’a assez vite déclaré que souder sur un truc pareil était impossible... Et qu’il valait mieux carrément en faire fabriquer une autre chez un fondeur.

Un fondeur ? Comme pour les cloches ? Me suis-je dit. Ben oui, un fondeur... Mon dieu que voilà bien une idée bizarre !
C’est que, dans ma tête de bon occidental lorsque un truc est cassé, on le répare ou on le change et pis c’est tout. Il ne me serait jamais venu à l’esprit qu’on pouvait en reconstruire un !
Et bien si on peut, et c’est peut-être là une différence importante entre les pays soit disant « développés » mais qui ont perdu leur savoir-faire, et les pays toujours soit disant « en voie de développement », qui peuvent encore fabriquer ce dont ils ont besoin.
La petite fonderie dans le désert
Je suis de l’autre côté du miroir de cette saloperie de mondialisation. Et de ce côté-ci, je peux vous dire que la vie est plus... comment dire... pas simple, car la pauvreté relative est toujours un calvaire, mais en tous cas plus claire. Plus directe. Vous n’allez sans doute pas trouver le dernier téléphone androïde, mais vous allez trouver la boutique qui vous répare votre petit électroménager.
En fait, je crois qu’on pourrait presque établir une loi universelle qui dirait à peu de chose près ceci : A partir du moment où ça vous coûte moins cher de racheter un objet plutôt que de le faire réparer, vous sombrez dans le côté obscur de la force.

 C’est en gros ce qui m’est venu à l’esprit alors que je revenais à pied de la fonderie. Je longeais la route qui traversait un désert parsemé d’épineux avant de longer la plage, et je me disais que quelque part en occident nous avions fait fausse route.

José et Zeca
Sinon cette semaine j’ai passé pas mal de temps sur le chantier naval de Mindelo. J’y suis d’abord allé pour accompagner mon copain José qui devait réparer une fuite sur son bateau. C’est l’ennui avec les bateaux en alu, une soudure mal faite et vous prenez l’eau avec tout ce que cela implique de corrosion et d’hydrolyse. Bref, j’ai pu ainsi me familiariser avec la sortie d’un voilier sur chariot... Et croyez-moi, ce n’est pas simple. Moi je m’en foutais un peu, mais le José n’en menait pas large de voir son cher Magoer piquer du nez au fur et à mesure que le chariot tiré par un treuil de l’autre monde, émergeait des flôts.
Mais bon, Zeca le patron du chantier semblait être à son affaire et tout s’est finalement bien passé. De même l’équipe de soudeurs qui a travaillé sur le bateau de José, a apparemment fait du bon boulot.

Le "chantier naval" de Mindelo
Juste à côté du ber de José, un bateau à l’abandon m’a tapé dans l’œil. Il s’agit d’un plan Sparkman & Stephens (les connaisseurs apprécieront) de 46 pieds appelé le Manatee. Au début je me disais « Wahou... Ça c’est du bateau ! » Et puis, j’ai demandé au patron du chantier quelques infos, et celui-ci m’a appris que le bateau était là depuis des années, qu’il appartenait à un allemand qui vit sur une autre ile... « Tu crois qu’il est à vendre ? ». Lui ai-je demandé.
C’est qu’en voyant cette merveille un peu décatie, je me suis pris à imaginer des choses... Imaginons que son propriétaire le laisse pour une bouchée de pain... Imaginons que j’investisse quelques milliers d’euros et une année de mon temps... Imaginons que j’arrive à le restaurer... Combien ça vaudrait sur le marché un bateau pareil ? Deux cents. Trois cents milles ? Ça vaudrait peut-être le coup de se lancer là-dedans pour gagner quelques sous et en apprendre un peu plus sur mon nouveau métier...

des dorades caractéristiques
Qu’est-ce que c’est que l’imagination tout de même... Elle vous emporte parfois sur des sentiers inconnus, et vous fait tirer des plans sur des comètes que vous ne maitrisez pas... Vous vous prenez à rêver, et pendant quelques jours vous envisagez sérieusement de faire prendre une direction imprévue à votre vie... Jusqu’à ce que la réalité vous rattrape et vous ramène sur terre.
J’ai pu jeter un œil sur l’intérieur du Manatee et en apprécier la qualité de l’agencement qui fait que les bateaux dessinés par Monsieur Stephens sont considérés comme de véritables petits bijoux... Mais le tout était dans un tel état de délabrement, une telle crasse... Tout à l’intérieur avait été pillé, cassé, vandalisé... Un vrai massacre.
Je vous jure, j’en avais mal au ventre de voir ce qui avait été une œuvre d’art transformée en une carcasse rouillée et sale. Un véritable crève-cœur.
Pas de doute, c'est un plan Stephens !
Au fur et à mesure que nous explorions le Manatee, José et moi additionnions les dizaines de milliers d’euros qu’il aurait fallu pour le remettre en état. Le rêve s’écroulait comme un château de sable.
J’ai appris ensuite que pas mal de monde avait fait le chemin pour voir le Manatee, que le proprio avait même proposé au chantier de le récupérer pour rien ! Mais hélas, tous ceux qui comme moi avaient un instant fait fonctionner la machine à rêve, repartaient déçus et sans doute aussi un peu écœurés. Le pire voyez-vous, c’est que j’ai fait quelque recherches sur internet et je suis tombé sur la fiche d’identification du Manatee dans les archives de S&S. Il avait une sacrée gueule ce canote... Et exactement le même moteur que la Boiteuse ! Maintenant ce n’est plus qu’une épave qui pourrit sur un terrain vague au Cap Vert. Un beau gâchis.

Bon ben je crois que ça ira pour aujourd’hui, qu’en pensez-vous ? J’ai beau me creuser le ciboulot je ne vois rien de plus à vous dire pour l’instant... Si peut-être, Touline va bien et commence à étendre son territoire jusque dans le centre-ville. On m’a rapporté de source sûre qu’elle arpentait nuitamment les rues de Mindelo... Il est vraiment temps qu’on s’en aille je crois. Mais c’est pour bientôt. Dans une semaine je récupère ma pièce fondue et façonnée, et logiquement on pourra alors envisager de partir.

Barre à roue d'origine... 1958
Je n'ose imaginer depuis combien de temps c'est comme ça...
C'est toujours un spectacle passionnant...
Quand des enfants jouent dans l'eau...
Ou quand des adultes s'entrainent à la capoeira
Mindelo

mercredi 16 mai 2012

La fin et les moyens


16°53.203N 24°59.470W
Mindelo, ile de São Vicente, Cap Vert

Vous devez vous demander ce qu’il peut bien se passer sur l’ile de São Vicente pour que je vous laisse ainsi sans nouvelles. Peut-être que vous vous dites : Ça y est, le Capitaine a renoncé à traverser. Peut-être qu’il s’est trouvé une capverdienne aussi accorte que jolie, et qu’il va s’installer à Mindelo pour ouvrir boutique d’encens. Peut-être qu’il a décidé d’écrire un bouquin sur le Cap Vert. Peut-être aussi que maintenant que la gauche est passée il veut revenir vivre en France...
Et bien non, rien de tout ça. Juste de la bonne grosse flemme qui vous colle au ponton comme une moule à son rocher. Et puis, cela ne servirait à rien de vous le cacher, je mène plutôt la belle vie ici. Un poil trop chère la vie, mais belle tout de même. Sans souci, sans prise de tête si ce n’est celle de savoir ce qu’on va bien pouvoir se mitonner pour le repas de midi. J’ai internet au bateau, une tripotée de film en stock, quelques bons bouquins à lire, de la compagnie changeante et intéressante... Bref, mon monde est organisé pour que je me la coule douce, et que je jouisse de la vie.

Du coup, vous comprenez bien que dans ces conditions ça devient assez compliqué de se sortir les doigts pour se lancer dans une traversée de trois semaines. En fait, je ne sais plus si je vous ai déjà parlé de ça, mais ça fait un moment que j’ai compris que je ne retirais pas plus de plaisir que ça à naviguer. D’accord, la plupart du temps cela est assez plaisant je le reconnais, mais la Boiteuse est d’abord ma maison, et ensuite un moyen de transport qui me mène d’un point A à un point B. Je suis à A, et j’ai envie d’aller à B, alors j’utilise mon bateau pour y aller car c’est le moyen le plus pratique et le moins cher pour le faire. De ce point de vue là, je suis assez pragmatique. Mais si je pouvais y aller d’un coup de  télétransporteur, je le ferais. Pour moi la navigation est donc un moyen, et pas une fin.

Le canal de São Vicente
Bref, tout ça pour dire que pour bouger il faut d’abord que j’en ai envie, et ensuite envisager cette traversée comme un mauvais moment à passer. Quitter un bonheur, et souffrir un peu pour aller vers un autre bonheur. Mouais, je ne suis pas sûr de m’exprimer très clairement là... Mais bon, j’espère que vous aurez tout de même compris.

Néanmoins, je vous rassure, je commence à avoir l’envie de bouger. Y’a des frémissements dans mon petit cerveau qui m’indiquent que le départ est proche. Notamment lorsque le soir je vais me fumer un cigare au bout du ponton et que je regarde le soleil se coucher sur le canal de São Vicente... Je me dis que c’est par là, juste entre ces deux iles que je vais prendre la route au 200° pour 2000 milles et 20 jours de mer... (Que des deux et des zéros, c’est bizarre) Je me dis que l’envie de partir monte en moi de soir en soir alors que je regarde ce coucher de soleil de carte postale... Je me dis que c’est pour bientôt, et qu’il faut juste que je laisse monter la mayonnaise à son rythme.

L'équipage du Tigara
Donc, en attendant que la mayonnaise prenne, je profite. La semaine dernière je suis allé diner dans un resto assez côté de Mindelo, le Loutcha, avec l’équipage du Tigara. Nous avons passé une excellente soirée à déguster des mélocos tout en écoutant de la Morna... Je me suis rempli à la fois le ventre et les oreilles ! Je me suis tapé la Cachupa nationale, sorte de ragout à base de viande, de maïs et de haricots. C’est bien simple, j’avais une marmite rien que pour moi, de quoi nourrir allègrement trois personnes. J’en ai mangé pour deux, et c’est la mort dans l’âme que j’ai dû renoncer à engloutir la troisième part...

Sinon quoi vous dire d’autre ? Ah oui ! J’ai, je crois, la réponse à l’énigme que je vous posais lors de mon dernier article. A savoir, comment se fait-il que le Cap Vert qui est un pays qui ne produit pratiquement rien, arrive à s’en sortir aussi bien d’un point de vue économique.L’explication, comme la plupart des explications, est multiple.
Un Bedford de la grande époque
Tout d’abord il faut savoir qu’après l’indépendance, le Cap Vert a fait l’objet d’une âpre lutte d’influence dans le contexte d’une guerre froide finissante. Chacun des deux blocs, plus d’autres pays comme la France et l’Allemagne, et le Portugal qui ne voulaient pas rester à la traine, se sont fait un point d’honneur à arroser le pays à coup de millions de dollars. Le régime marxiste de l’époque (1975-1989) touchait en fait des deux côtés, et le pays s’est donc développé grâce aux financements étrangers.
Encore de nos jours, le Cap Vert est un pays qui vit sous perfusion. Ici une usine de pêche financée par la Chine, là une route construite par les français.
L’autre cause qui explique la relative aisance de ce pays est le financement issu de la diaspora. En effet, le Cap Vert a une particularité c’est qu’il y a plus de capverdien qui vivent à l’étranger que de capverdiens vivant sur le sol national. Cette diaspora génère donc des devises qui alimentent une économie parallèle permettant à la population de vivre plus ou moins correctement. L’ennui c’est que ces revenus échappent à l’impôt... et donc nuisent aux services publics tout en facilitant le développement de petites entreprises privées privilégiées.
Enfin, il y a l’argent issu de la drogue... La Cap Vert est une des plaques tournantes du marché de la cocaïne colombienne qui remonte vers l’Europe après être passée par le Brésil et les Iles Bijagos dans le sud de la Guinée-Bissau. Cette position de transitaire génère des fortunes que l’on peut voir s’étaler notamment sur l’ile de Boa Vista et à Praia la capitale, où les hôtels de 4000 chambres poussent comme des champignons.

Bref, pour résumer le Cap Vert est un pays qui « a l’air » d’être florissant, mais qui en fait ne survit qu’à coup de financement étranger et de trafic. Un poil décevant, n’est-il pas ?

Bon les gens, je vais vous laisser car il faut que j’aille au chantier naval pour voir ce qu’ils ont fait avec ma pièce à souder... J’en profiterai également pour me renseigner sur un bateau que j’ai vu là-bas. Mais bon, de cela je vous en parlerai plus tard. Ou pas.

Les Chinois investissent... dans des poubelles flottantes
Ennui...
Peut-être une bonne affaire à faire...
Le Tigara

lundi 7 mai 2012

Coup d’œil

16°53.203N 24°59.470W
Mindelo, ile de São Vicente, Cap Vert

Tout d’abord je vous présente mes excuses pour avoir tant tardé à vous donner des nouvelles. Non, ne dites pas le contraire, je le sais... Mais bon, que voulez-vous, je me sens en ce moment comme emprunt d’une douce torpeur peu propice à l’écriture. Peut-être est-ce dû à cette fameuse saudade capverdienne à laquelle je ne comprends rien, ou bien plus sûrement l’envie de ne rien faire. De profiter de la vie comme elle vient, sans angoisse ni pression. Bref, comme je me sens tout de même un peu coupable (ben oui, je suis parfois très con), je préfère commencer par m’excuser, comme ça c’est fait.

A part ça, les choses avancent comme mon humeur, doucement. J’ai fait réviser mon démarreur qui fonctionne à nouveau correctement (a priori) mais une nouvelle panne s’est déclarée alors que j’avais le nez dans le moteur pour vérifier que tout allait bien. Figurez-vous qu’à la sortie de mon circuit de refroidissement j’ai une belle fuite. Un truc maousse qui date de pas mal de temps si j’en juge la rouille qui recouvre la fêlure par laquelle l’eau de mer s’écoule lorsque le circuit est ouvert. Encore un truc que l’ancien propriétaire m’avait sciemment caché... Je comprends mieux maintenant pourquoi il m’avait conseillé de fermer systématiquement le circuit d’eau de mer lorsque je ne me servais pas du moteur, alors qu’il est d’usage de le laisser ouvert !
Toujours est-il que je vais devoir carrément démonter la pièce incriminée et la faire ressouder... Bref, plus besoin de me chercher d’excuses pour glander au Cap Vert, ma chère Mercedes se charge de me les fournir.

Parti Africain pour l’Indépendance du Cap Vert
Sinon je suis toujours à la recherche de quelqu’un qui puisse m’expliquer le Cap Vert. Oui, je dis bien m’expliquer, car depuis que je suis ici j’ai la profonde intuition qu’il y a un truc qui cloche avec ce pays. Ou du moins il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre...
Je vous la fais courte, mais j’aimerais savoir comment il se fait qu’un pays qui ne produit pratiquement rien si ce n’est trois bananes et deux papayes, puisse aligner une économie pareille.
Un PIB par habitant supérieur à celui du Maroc, un salaire moyen de 207 €/mois, troisième pays africain derrière l’ile Maurice et les Seychelles en terme d'IDH (Indice de Développement Humain), une croissance à 6%, un tourisme balbutiant et 25% de chômage... Je sais que le Cap Vert joue actuellement la carte de l’ultralibéralisme assumé (sic !) et ambitionne de devenir une nouvelle destination touristique de masse à destination d’une clientèle européenne, ainsi qu’un leader dans le domaine des services (entendez un paradis fiscal), mais on en est encore loin. Très loin même. Donc, j’aimerais qu’on m’explique ce petit miracle économique, parce que là, franchement il y a un truc qui m’échappe.
J’ai bien un début de piste avec l’apport financier que fournirait la diaspora capverdienne mais à elle seule cela n’explique pas tout.
Donc cette semaine je vais me prendre par la main et me rendre à l’alliance française afin de trouver un interlocuteur capable de m’informer, ou bien dans les bureaux de l’ex-parti unique le PAICV. Ce sera bien le diable si je n’arrive pas à trouver de réponses à mes questions...

De l’économie à la politique il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement. Hop, voilà c’est fait.

Je t'ai à l’œil toi...
Le résultat de l’élection présidentielle m’est parvenu juste avant que ma clef 3G n’expire, mais j’ai tout de même pu savoir que le candidat socio-démocrate faussement étiqueté Parti Socialiste venait d’être élu Président de tous les français. Et donc de moi aussi.
Comment vous dire ça de façon intelligente... Pour ma part, la plupart d’entre vous le savent, j’aurais voté blanc à ce second tour car je m’aime pas l’hypocrisie. Hollande appliquera les mêmes directives libérales dictées par l’Europe que Sarkozy, peut-être avec moins de violence et de morgue, mais il le fera quand même. Donc, les français vont continuer à avaler les mêmes couleuvres, sauf que celles-ci seront bien sucrées pour en masquer le goût. Voilà.
Toujours est-il qu’en ce qui me concerne cela ne changera pas grand-chose, sauf que j’aurais sans doute moins honte d’annoncer ma nationalité ! C’est qu’assumer au quotidien auprès des étrangers de rencontre un président comme Sarkozy, je vous garantis que ce n’est pas de la tarte !


Oui je sais... J'ai de la chance.

Quoi vous dire d’autre ? Ici le vent a enfin cessé de souffler et du coup la température est revenue à la normale, c'est-à-dire qu’elle frise les 30°C. Je peux enfin exposer mes pectoraux aux doux rayons du soleil ! (Et ma petite bedaine aussi, oui...)
Hier dimanche je suis allé me balader près de la plage de Laginha afin d’y faire quelques photos et accessoirement mater les jolies capverdiennes. Je n’ai pas été déçu comme vous l’allez voir avec les images qui viendront en fin d’article. Cependant, comme je ne suis pas l’obsédé que vous croyez je me suis aussi attardé le long du mur qui ceint le port de commerce pour vous montrer quelques peintures murales financées par le gouvernement. Elles datent de 2006, mais ont à mon sens le kitch des propagandes d’état de la grande époque... Comme quoi, malgré la libéralisation actuelle,  quatorze ans de marxisme (1975-1989) ne disparaissent pas aussi facilement des codes culturels.

Voilà, c’est tout il me semble... Je voulais aussi vous parler d’un bateau qui est arrivé la semaine dernière à la marina de Mindelo, mais ce sera pour la prochaine fois.

Fais gaffe ça mord ces bestioles !
Passons maintenant à quelques nouvelles de Touline ce qui, je n’en doute pas, ravira les amoureux des félidés marins. Ma chatte va bien, si l’on tient compte du fait que j’ai failli la tuer avec un poisson venimeux, et qu’elle en est à son seizième bain forcé. Chaque jour Mademoiselle se régale de poissons frais pêchés par mes soins ou bien gentiment offerts par les boat-boys de la marina, sauf qu’un jour un poisson globe s’est glissé dans le lot... Je ne vous dis pas dans quel état était Touline ! (enfin si je vais vous le dire) Heureusement elle a tout vomi, mais cela ne l’a pas empêché de tituber comme si elle avait abusé du grog local, les pupilles comme des soucoupes... Bref, j’ai bien cru que j’allais la perdre. Mais bon, heureusement ces bêtes-là ont la vie dure et le lendemain elle était comme neuve.
Depuis, je fais super gaffe et ne lui donne que des poissons que je connais, poissons perroquet, rougets, et même congre ! Quand ça n’est pas des super filets de daurades fraichement ramenés par les pêcheurs au gros.

Bon allez les gens (tien je me mets à écrire comme la reine du Namaste moi !), je vais vous laisser à vos occupations de terriens et m’en aller papoter avec mon voisinage. Pas trop loin de La Boiteuse il y a un uruguayen qui en connait un rayon sur les côtes de l’Amérique du sud et sur la Patagonie... M’en vais le cuisiner un peu !

A bientôt !

Je vous laisse vous démerder avec les traductions !











125 Kg sur la balance !
Pêcheur d'épave
Bonjour mesdemoiselles...
Un peu de poussière et tout de suite l'atmosphère change