vendredi 28 août 2015

De la Guyane Française au Suriname

05°42.135N 55°04.815W
Domburg, Suriname

Le Samedi 22 août 2015 – Une splendide journée

Le mouillage de Kourou
07H15 : Et bien voilà. La Boiteuse est presque en ordre de marche pour cette « petite » nave qui nous verra quitter la Guyane Française pour le Suriname. Bon d'accord... J'avais dit que je partirais la semaine dernière, je sais. Mais il va falloir vous mettre dans le crâne que La Boiteuse est un voilier, et qu'il est soumis à des forces bien supérieures à ma simple volonté. L'absence de vent en est une par exemple.

Mais bon, cette fois-ci c'est la bonne. On devrait bénéficier un vent arrière entre 10 et 15 nœuds, ce qui devrait nous emmener jusqu'à Paramaribo (Parbo pour les intimes) lundi matin... Soit 220 milles environ.

Le challenge, mon challenge, va être de ne pas me laisser distancer par les copains de La BellaFlora et leur 46 pieds. Ou du moins de ne pas trop les ralentir... Ce qui ne sera pas une mince affaire car avec l'épaisseur de bernicle que ma coque se coltine, La Boiteuse va probablement naviguer comme un fer à repasser. Heureusement, on devrait avoir un courant favorable oscillant entre un ou deux nœuds.

08H15 : Touline a bien réalisé que quelque chose se passait et est allée se réfugier dans un des équipets du cockpit. L’œil plissé et les oreilles basses, elle me fixe d'un air de dire : « J'ai bien compris se que tu fais, humain ! J'espère que cette fois tu nous emmènes dans une vraie marina ! ».

Et bien non ma pauvre chérie... Nous allons effectivement dans une marina, celle de Domburg, mais nous seront amarrés sur des corps-morts. Désolé.
 
Bon sinon à part ça, je suis prêt. Il n'y a plus qu'à attendre la marée haute pour avoir du courant favorable.

09H30 : Normalement, c'est l'heure de la marée haute. Cependant, en fonction du vent, et s'il a plu à l'intérieur des terres ou pas, le courant ne s'inverse pas immédiatement. Au pire, ça peut prendre deux heures, et au mieux... Et bien on verra !
J'ai un souci avec mon GPS principal. Il indique une série de chiffres qui n'ont rien à voir avec des coordonnées géodésiques (8970 11851,1 TD WY 91236.9 ???). C'est un message codé ou quoi ?
Bon, ce n'est pas si grave car grâce à la fameuse redondance qui est mon leitmotiv sur ce bateau, j'ai d'autres moyens d'avoir ma position : Ma souri GPS par exemple.

09H40 : Je trouve que le courant est assez faible... Et si je partais maintenant ? Allez, j'annonce à La Bella Flora que je lève l'ancre. Allumage du moteur.

09H50 : L'ancre décroche de la vase, on est parti !

* On est parti !
11H15 : Allez zou ! La dernière bouée verte du chenal est laissée sur tribord (on est en Zone A, je vous le rappelle), j'arrête Mercedes (qui fait toujours un bruit bizarre), et nous voici toutes voiles dehors à quatre nœuds et des brouettes. Droit sur les Îles du Salut.
Je jette un œil en arrière et j'aperçois la voile de La Bella Flora qui double la pointe des Roches. La mer est très belle malgré sa couleur laiteuse, et il fait un grand soleil. C'est une journée idéale pour naviguer.

La Pointe des Roches
12H00 : Je fais le point. Bon, en même temps ce n'est pas très compliqué de savoir où je suis puisque je suis en train de déborder les îles du Salut par l'ouest. Mon estomac me tiraille : J'ai faim ! Je me réchauffe les restes de mon repas d'hier : une cuisse de poulet boucané avec des pâtes. Si cette parenthèse guyanaise ne marquera probablement pas ma mémoire, le poulet boucané si ! C'est délicieux !

13H15 : C'est la deuxième fois que cela se produit, et comme la fois précédente je suis perplexe... D'habitude, lorsque Touline dort sous la capote et qu'elle veut en descendre, elle prend bien soin de sauter sur le banc opposé à celui où je suis. Ça fait partie des règles du vivre-ensemble en navigation : Ne pas emmerder le Capitaine.

J'étais donc en train de somnoler sur mon banc, quand Touline a soudain sauté à pattes jointes sur ma poitrine avant d'aller se réfugier à l'intérieur. Je bondis, relativement énervé par ce manquement flagrant à la règle, et je commence à gueuler sur la chatte, lorsque je réalise que le bateau ne va plus vraiment dans la bonne direction... Et pour cause, une des deux drosses du régulateur a sauté de son taquet coinceur !
Cela fait deux fois que la chatte me réveille alors que La Boiteuse a changé de cap inopinément... Comme je vous l'ai dit, je suis perplexe. Mais sur ce coup-là, j'ai quand même dit merci à ma coéquipière.

* T'es belle tu sais ?
14H40 : Hop, j’abats de 40° afin de commencer à longer la côte sur la sonde des 25 mètres. Grand largue, 5,5 nœuds, c'est nickel ! La Bella Flora nous a rattrapé maintenant... Pauvre Bernard et Françoise ! Ils vont devoir sacrément freiner leurs 46 pieds pour rester à ma hauteur. J'apprécie bien sûr, car l'intention est adorable. Mais tout de même, je ne peux m'empêcher d'éprouver un petit sentiment de culpabilité...

La Bella Flora
16H00 : Je vois La Bella Flora tirer des bords de grand largue pour rester à mon niveau... Piqué au vif, je décide de sortir le grand jeu et de hisser le spinnaker. A 120° du vent apparent, la Boiteuse bondit et affiche une vitesse fond de six nœuds et des poussières après la virgule. Je suis aux anges !

17H00 : Le vent a faibli, mais grâce au spi La Boiteuse fait encore ses 4,5 nœuds tranquillou. Je me demande si je vais rester comme ça pour la nuit... C'est contre toutes les règles de prudence, surtout en solo, de rester ainsi toilé. Si jamais le vent vient à forcir...

18H00 : Après avoir consulté Bernard à la radio (c'est lui qui à pris les prévisions météo ce matin), je décide de garder mon spi. Normalement, le vent devrait faiblir...

18H40 : J'ai droit à un magnifique coucher de soleil !

19H30 : A-y-est ! J'ai mangé ! Et je me propose d'aller faire dodo. La Bella Flora est à environ un mille sur tribord avant. La mer est calme et le vent toujours aussi doux. Nous faisons route au 310°.

Franchement, cela faisait longtemps que je n'avais pas eu une journée de navigation comme celle-ci. Ce fut un régal ! (Pourvu que ça dure...)

Premier soir
Le dimanche 23 Août 2015 - Pétole

06H00 : Vous ne pouvez pas imaginer comment cette nuit a été tranquille... Tran-quille ! Pas de houle, pas de pluie et juste assez de vent pour que La Boiteuse glisse sous un ciel étoilé comme dans un rêve. Alors bien sûr, le prix de cette tranquillité c'est que nous n'avons pas trop avancé. 48,2 milles en 12 heures ; ça fait quatre nœuds de moyenne. Ce n'est pas si mal tout compte fait, et personnellement je suis assez content. Mais sur La Bella Flora ils doivent avoir l'impression d'avoir sorti les rames.
Le bon côté des choses, c'est qu'à cette allure nous embouquerons le fleuve Suriname de jour. Demain matin normalement...

Hamac spécial navichatrice
07H15 : Le vent tourne au Sud-Sud-Est. Je suis obligé d'abattre de 40° et d'affaler la GV pour ne pas déventer le spi. Nous voilà plein vent arrière, à quatre nœuds.

08H00 : Après la rosée du matin, voici la suée du matin ! Le vent ayant continué à tourner, j'ai décidé de changer le spi d'amure. Hélas, la chaussette a refusé de descendre. J'ai donc dû faire ça à l'ancienne, sans oublier, bien sûr, de faire tremper la voile dans l'océan. Avec tous les coquillages qui squattent la coque de La Boiteuse, c'est miracle que le spi soit encore intact ! Mais bon, tout est rentré dans l'ordre maintenant, et je fais route au 280°.

10H00 : Ça mord ! Alors que je ramène ma prise, je vois comme une espèce de petit requin (avec une petite bouche cependant), essayer de me boulotter mon poisson ! Je remonte ce qui ressemble à un thonidé, et alors qu'il se débat dans son seau je réalise que je n'en n'ai pas réellement besoin. Ça sert à quoi de pêcher un poisson si c'est pour ne pas le manger, hein ? Sérieusement ? Donc, j'ai relâché la bête et n'ai pas remis la ligne à l'eau, au grand désespoir de Touline.

12H00 : La matinée c'est déroulée sous un ciel grisounet et le vent a baissé petit à petit. Ça pétolise doucement. A priori, on devrait arriver à Parbo vers 13H00 demain... C'est à dire à la fin de la marée montante. Pas de bol.

Wahou...
14H05 : Pfff... 2,5 nœuds de moyenne avec le spinnaker et la Grand-Voile haute à 100° du vent apparent. Sachant qu'on doit avoir entre 1 et 1,5 nœuds de courant, autant dire que c'est la misère.
Mine de rien, nous avons quand même doublé la longitude du fleuve Maroni, ce qui veut dire que nous sommes maintenant au Suriname ! Le Suriname sera le septième pays étranger dans lequel je vais séjourner depuis le début de ce périple. Bon, j'avoue ne pas savoir grand chose sur ce pays, sauf peut-être que ce n'est pas la Guyane, et ça c'est déjà pas mal. D'ailleurs qui connaît le Suriname, hein ? A part pour le riz je veux dire. Sérieux, vous saviez où c'était le Suriname vous ? Moi oui, parce que je suis hyper-balaise en géographie, mais tout de même admettez que nos connaissances sur ce pays frisent le néant.

Pfff... 2 nœuds. C'est vraiment la misère.

15H15 : C'est toujours la pétole. Il y a deux semaines, Lucien et Mireille ont mis trente heures pour faire le même trajet. Nous on va en mettre vingt-quatre de plus... Si ce n'est pas le double.

16H15 : Ah ! Le vent est en train de revenir on dirait. J'arrive à dépasser les trois nœuds ! À l'horizon, je vois au moins trois chalutiers...

18H25 : La Bella Flora m'appelle à la VHF juste au moment où je faisais le point et où le vent se mis à changer brusquement de 50°. Du coup, je me suis un peu emmêlé les pinceaux car je ne suis pas multi-tâches ! Mais tout est rentré dans l'ordre maintenant, et La Boiteuse fait route au 280°, sous spi et GV, à trois nœuds.

19H15 : Ça-y est, la nuit nous apporté un peu de zeph. Il reste 70 milles à parcourir jusqu'à l'embouchure du fleuve Suriname (oui, c'est le même nom que le pays, ils ne se sont pas foulés), puis encore 25 milles avant d'arriver à Domburg. Ces derniers milles se feront probablement contre le courant... Bref, on devrait arriver (à 4 nœuds) demain dans la soirée. C'est à dire douze heures de plus que ce que j'avais prévu ce matin. Ce sont les vicissitudes de la mer, que voulez-vous ?

20H05 : Heu... Naviguer de nuit à six nœuds avec le spi, est-ce bien raisonnable ? Non, sérieux, je me pose la question...

20H50 : Ça-y est, j'ai rattrapé et doublé La Bella Flora. J'suis trop balaise.

Le lundi 24 août 2015 – On arrive !

05H10 : J’aperçois un, deux, trois, non quatre feux tout autour de moi. L'un d'eux est certainement La Bella Flora, mais les autres sont des pêcheurs. Et bien sûr mon Mer-Veille ne sonne pas...Nous sommes à 25 milles de la bouée d'eau saine qui marque l'entrée du chenal d'accès au fleuve.

La nuit a été beaucoup moins tranquille que la précédente. J'ai d'abord profité à fond de la vitesse que m'offrait cette brise sur cet amure (tribord), et La Boiteuse a filé pleine balle (5-6 nœuds) jusqu'à minuit environ. Mais à un moment il a bien fallu que j'empanne afin de faire de la route utile, et à minuit donc j'ai dû affaler le spi, empanner de 50° et continuer ma route sous GV seule au vent arrière.
Le soir, à la nuit tombante, deux petites sternes toutes mignonnes sont venues squatter mon panneau solaire. Mais apparemment elles n'avaient pas sommeil puisqu'elles n'ont pas arrêté de causer toute la nuit ! Entre elles, pas avec moi. Et Pipipii, pipipii... Vous imaginez bien si il y en a une que ces pépiements ont passionnés, c'est Touline bien sûr. Lorsque je suis revenu dans le cockpit après avoir fait le zozo sur la plage avant pour affaler le spi, j'ai retrouvé la frapadingue de service, perchée sur le moteur de l'annexe en train de se demander comment elle allait faire pour grimper sur le panneau ! (C'est ma faute, j'avais mal fermé le capot de la descente) Bref, a cette heure les zoziaux pépient toujours et Touline m'observe à travers le plexiglas d'un œil bizarre. J'ai l'impression d'être un casque bleu.

06H00 : Quelque part le soleil se lève, mais moi je ne le vois pas because le ciel est tout gris. J'attends qu'il fasse un peu plus jour pour relancer La Boiteuse car il nous reste quand même 50 milles à faire et il ne s'agit plus de traîner si on veut arriver avant la nuit.

06H20 : Hop ! Foc tangonné, et voiles en ciseaux, on fait du 4 nœuds au 250°. Les sternes ont décollé dans un ensemble parfait, laissant Touline pantoise.

06H40 : Zut, il faut que je fasse route au 230° ! Du coup le tangon ne me sert plus à rien... Faire et défaire, c'est fou comme ça peut m'énerver !

Libre !
07H10 : Hop ! J'enroule le foc et j'envoie le spi pour gagner un nœud ! Trois manœuvres en moins d'une heure, z'avez vu ? On se croirait en régate !

08H20 : Les fonts remontent... 14 mètres. Les derniers vingt milles avant la bouée d'eau saine devront se faire dans moins de cinq mètres de flotte... Oui, je sais, c'est flippant. Un peu.

09H15 : La Bella Flora est par le travers tribord maintenant, avec un mouchoir de poche à l'avant pour rester à ma hauteur alors que La Boiteuse est obligée de déballer toute sa garde-robe. Je sais que Françoise est malade depuis hier, ce qui renforce mon sentiment de culpabilité. Sans moi, ils seraient arrivés depuis belle lurette et le calvaire de cette pauvre Françoise aurait pris fin bien plus tôt.
La prochaine nave qu'on fera ensemble, ce sera chacun pour soi.

09H45 : Le vent se renforce. En temps normal, j'aurais déjà viré le spi pour me contenter d'un petit 4,5 nœuds de vitesse, histoire d'être peinard. Mais là, je me dois de prendre quelques risques... Mais je stresse un peu, je l'avoue.

10H05 : Terre en vue !

10H10 : C'est bizarre, je me disais que finalement ces deux jours et deux nuits étaient passées vachement vite. Peut-être est-ce dû à la présence des copains dans les parages et à nos contacts radio réguliers...

10H45 : Il est temps de lofer pour se diriger vers la bouée d'entrée du chenal qui reste invisible pour l'instant. Je remballe le spi dans sa chaussette et je déploie le foc en grand. Tout de suite, je perd deux nœuds.

11H40 : Bouée d'eau saine sur tribord. Hop, c'est plein sud maintenant. On aperçoit bien la côte, et La Bella Flora est à une encablure derrière moi.

12H00 Première bouée verte du chenal. La Boiteuse a sorti le pavillon national des grands jours et arbore son petit pavillon jaune de quarantaine.

* La Boiteuse
13H20 : J'ai failli oublier de manger. Puis je me suis dit que j'allais peut-être avoir besoin de force si j'ai un problème à l'arrivé. Je me suis donc fait une saucisse fumée avec des pâtes au curry histoire d'engranger des protéines. On est toujours dans le chenal extérieur, et c'est blindé de monde. Pêcheurs, pilotes, remorqueurs...

14H30 : Ça-y est, nous entrons dans le fleuve. Il reste 13 milles pour rejoindre Paramaribo. Je crois que c'est là qu'on va faire halte en attendant la marée montante de demain matin. Ou pas.

15H00 : Le courant commence à devenir problématique. Je crois que je vais devoir demander à Mercedes de me donner un coup de main. Gentille Mercedes ! Elle démarre au quart de tour.

15H45 : Je commence à douter qu'on puisse arriver à Paramaribo avant la nuit... Le courant est de plus en plus fort. Je fais à peine de 2,5 Nœuds.

Écluse
16H15 : Il y a de très jolies maisons sur le bord du fleuve. Celui-i est endigué et je vois des écluses à intervalle régulier. C'est impressionnant ce que les hollandais ont fait comme travail. En Guyane les français ont construit un bagne et un centre de lancement spatial. Ici, les hollandais on fait des digues, des écluses et des polders. Chacun son truc.

16H30 : J'ai fini de lire « Un hiver à Madrid » de G.J Sansom. Je vous le conseille, c'est plein d'indications sur la guerre d’Espagne. (No pasaran!)

Mais ! Qu'est-ce qui lui prend à Bernard de couper le fromage comme ça ??? Bon allez, je le suis... Oh et puis non, même s'il y a apparemment moins de courant au milieu du fleuve, je préfère quand même respecter le balisage.

La Bella Flora remonte le fleuve à la voile
17H20 : Ça-y est, j'ai rattrapé La Bella Flora. J'ai compris pourquoi ils sont sortis du chenal, les bougres sont à la voile contre le courant ! Chapeau !
Paramaribo est en vue. Alors, on s'arrête ou on ne s'arrête pas ?

17H50 : Après conciliabule avec mes compagnons de route, nous décidons de continuer jusqu'à Domburg. Le fleuve est parfaitement balisé et dans une heure ce sera la marée basse. Dïe ! Encore une douzaine de milles à faire !

18H15 : Dauphins !!! Probablement des Sotalia guianensis. Ils s'en tapent de nous...

L'épave du Goslar
18H40 : Ah tien, il y a une épave de cargo au milieu du fleuve... Ben voyons ! Elle est tellement vieille qu'il y a des arbres qui poussent dessus ! (En fait, il s'agit du Goslar, un cargo allemand de 6000 tonnes qui fut sabordé par son équipage en 1940 afin de ne pas tomber au mains des alliés. Il fut échoué dans le travers du fleuve afin de perturber le trafic maritime.)

19H12 : Nous passons sous le pont Docteur Jules-Albert Wijdenbosch-Brug (Putain de nom !). Même pas la peine de baisser la tête puisqu'il fait 41 m de haut. Je n'arrive pas à distinguer la prochaine bouée verte, because il y a une raffinerie derrière ! C'est un festival de lumière !

Heureusement la carte vectorielle CM93 est extrêmement précise et je n'ai qu'à suivre le petit bateau sur l'écran de mon ordinateur.

19H30 : Bernard s'obstine à remonter le fleuve à la voile... Franchement, il m'impressionne. Et le pire c'est qu'il va aussi vite que moi avec Mercedes ! Ça-y est, je vois la prochaine bouée.

19H50 : Allez, plus que 6 milles... Soit deux heures encore.
* La Boiteuse en face de Paramaribo
20H15 : L'ancre est à poste, prête à être larguée. Au cas ou, je me dis que ça peut être utile.

21H30 : Plus qu'un mille ! La GV est affalée et les amarres sont prêtes. Ça va être ma première prise de coffre dans le noir, en solo et dans une rivière avec du courant. Alors accrochez-vous les enfants ça devient sérieux !

22H15 : Les deux voiliers qui viennent de se taper 236 milles en 60 heures, se faufilent, moteur au ralenti entre les bateaux au mouillage. Tous ne sont pas éclairés, et je suis assez tendu. Bernard et Françoise font le choix de planter la pioche, et moi je cherche une bouée de libre... Heureusement, Thetis est là. Le couple hollando-suisse saute dans son annexe et m'aide à crocher mes amarres. J'arrête le moteur : La Boiteuse est arrivée au Suriname !

Les photos dont les commentaires sont précédés d'une * sont de Bernard et/ou Françoise.


Bernard, Françoise et... Touline !
Harbor Resort Domburg
Le soir tombe sur Paramaribo


jeudi 13 août 2015

Au revoir la Guyane !

05°08.874N 52°38.822W
Kourou, Guyane Française

Me suis fait un copain
Salut les gens ! Oui, je sais... je ne suis pas très bavard ces temps-ci. Peut-être est-ce dû à la moiteur ambiante ou bien à cette parenthèse estivale, ou encore au fait que la Guyane n'est pas (pour moi en tous cas) à franchement parlé si passionnante que ça... Toujours est-il qu'après quelques flottements dans ma motivation (voir article précédent), il est de nouveau temps pour moi de passer à autre chose et de reprendre la route.

Le Bonheur tant recherché n'est toujours pas à l'ordre du jour, alors on va continuer à aller voir si par hasard il ne se trouve pas dans le pays suivant.


Le Toucan, le bateau avec des morceaux de fusée dedans
Ah si ! Il y a deux expériences que je voulais partager avec vous, mais qui je le crains, risquent de n'être profitables qu'aux errants comme moi. M'enfin, je vous les livre quand même. Vous verrez s'il y a lieu d'en tirer quelques conclusions utiles pour vous, ou pas.

Figurez-vous qu'une des bougies de préchauffage de Mercedes m'a lâchée. Bon, jusque là ce sont les aléas du voyage, vous allez me dire... Sauf que je vous rappelle que Mercedes n'est plus toute jeune, et que la Guyane est un département d'Outre Mer d'une nation sensément développée et vouée au Dieu Commerce.

A Kourou, laisse tomber ! C'est tout juste si, en voyant mon modèle de bougie on ne me disait pas que je ferais mieux de changer de moteur ! A Cayenne (à 50 Km), c'est un peu plus encourageant car on me dit qu'il est éventuellement possible de les commander en Métropole, mais que ça va prendre une quinzaine de jours...

C'est alors que j'ai une la bonne idée de les commander moi-même et de me les faire expédier à une adresse, ici à Kourou, afin de les payer moins chères et qu'elles arrivent plus vite. Alors ok, elles sont arrivées en trois jours... Mais alors bonjour la facture !!! C'est simple, sur 100 de bougies (j'en ai pris quatre), j'ai eu 150 de transport et de taxes !!!

Donc, si j'ai un conseil à donner à d'éventuels marins-voyageurs désireux de se fournir en pièces de rechange en Guyane, vous oubliez ! Je suis persuadé que j'aurais eu moins de mal à me les procurer au Brésil et certainement pour moins cher.


Mes chères bougies !
Toujours dans la rubriques des déboires financiers, il en est un autre qui va me coûter encore plus cher... Peut-être le savez vous déjà, mais depuis quelques mois j'envisage de faire une longue escale à Trinidad afin d'investir dans La Boiteuse. Nouveaux panneaux solaires, winches, frigo, cuisinière, toilette, etc... Bref, j'ai pas mal de choses à changer et/ou à installer et jusqu'à présent je fermais les yeux devant des opportunités d'achat en me disant que j'allais trouver tout ça pour bien moins cher à Trinidad... Grave erreur ! Je viens de télécharger le catalogue 2015 d'un des principaux shipchandler du coin, et quelle ne fut pas ma surprise de constater que les prix les mêmes, voir même parfois supérieurs, à ceux pratiqués en Europe !!! Quand je pense que je trouvais l'accastillage brésilien trop cher... Franchement, je suis dégoûté.

Si on ne se casse pas d'ici, je fais tout péter !
Donc voilà. L'humeur est plutôt à la grogne et au ressentiment. C'est pourquoi sans doute, j'ai autant envie de changer d'air et de voir ailleurs si j'y suis. J'ai hâte d'arriver au Suriname... Les voiliers qui m'ont précédés en disent le plus grand bien, et décrivent un pays où il fait bon vivre, où les villes et villages sont jolis, la vie trois fois moins chère qu'en Guyane, et les services dignes d'un pays moderne... Ce qui n'est franchement pas le cas en Guyane. Bref, à part le fait que le climat politique est un peu chelou (j'y reviendrais à coup sûr), je sens que je vais me sentir bien là-bas.

La Boiteuse et La Bella Flora devraient logiquement appareiller ce samedi aux aurores, pour une navigation de 235 milles qui devrait nous amener à Paramaribo en deux jours. On se retrouve donc la semaine prochaine au Suriname ! Tot ziens les Gens !*

*Oui, j'essaye dors et déjà de me mettre au néerlandais !

Coucher de soleil sur la rivière Kourou