mardi 5 février 2013

De La Paloma à Piriápolis



34°52.517S 55°16.828W
Piriápolis, Uruguay

Le mardi 29 janvier 2013- La Paloma adieu...

Une petite toilette avant le départ
13H45: La Boiteuse décolle du ponton de la Paloma. Hugues et Thomas sont là pour nous lancer les amarres. On se dit au revoir, de cet au revoir sincère dont on sait parfaitement qu’il peut être vain.
Zoë est toute « excited » par cette première nave en amoureux. Moi, j’essaye de garder un air assuré. Genre, le type qui sait ce qu’il fait. Remarquez, ce n’est pas si difficile après tout... Non pas que je me considère comme un supermarin, mais la météo après nous avoir obligé par deux fois à reporter notre départ est enfin clémente. L’océan est superbement calme, donc ça devrait aller.

15H30 : Le moteur est arrêté et nous naviguons désormais sous voile à deux nœuds. C’est pas la joie, mais pour une mise en train j’estime que c’est largement suffisant. La seule chose qui m’ennuie, c’est qu’avant de partir la prefectura (l’équivalent des garde-côtes) m’a demandé à quelle heure demain nous comptions arriver. Question stupide s’il en est pour qui a déjà navigué à la voile. Mais bon, j’ai prévu large et leur ai dit que nous pensions arriver vers 18H00. J’espère qu’ils ne déclencheront pas le plan ORSEC si nous avons quelques heures de retard !

Zoë soigne son bronzage
18H00 : Premier point de la « traversée ». Je mets des guillemets à ce mot, car au regard de ce que la Boiteuse a déjà parcouru ces 60 milles sont de la rigolade ! On se traîne à 2,5 nœuds de moyenne et pas exactement dans la bonne direction. 30° trop au sud... Mais bon, c’est pas grave car la nave est agréable. L’après-midi a été chaud et ensoleillé, ce qui veut dire que le cockpit s’est transformé en toaster et l’équipage en tranche de pain de mie. À l’image du soleil, Zoë est radieuse.

19H50 : Le tonnerre gronde sur tribord avant. Ça fait un petit moment que j’observe avec suspicion ce gros orage qui semble nous arriver dessus. L’ennui avec les fichiers grib pour le vent, c’est qu’en plus des effets de côtes ils omettent aussi de vous parler des orages et de la pluie... Je crois qu’on est bon pour une rincée.

Lightning

21H00 : Ça y est ! L’orage est là ! Le vent qui était nord-est a viré au sud-ouest après une courte pétole, et est monté de trois barreaux dans l’échelle de Beaufort. Pour l’instant je fais route au 330° avec un vent à décorner les bœufs en plein dans la gueule !
Zoë bouquine dans le carré, pendant que je me fais doucher à l’extérieur en essayant de garder un semblant d’allure et d’éviter la casse. Il pleut des hallebardes et les éclaires dessinent des mailles de feux juste au dessus de ma tête. Putain de bordel ! On est loin de la jolie nave que j’entrevoyais !

22H00 : Ça y est, je crois que c’est passé... Enfin, j’espère. Pendant une heure on a été secoué comme des pruniers avec un putain de vent tournant qui nous rapprochait de la terre. J’ai bataillé comme j’ai pu, pendant que Zoë, qui était venue me rejoindre, se faisait discrète pour ne pas me gêner dans mes manœuvres. La Boiteuse semble intacte, mais tout ce qui n’a pas pu être mis à l'abri avant le déluge est désormais trempé : Duvet, matelas, sans oublier le Capitaine.
Petit réconfort après l’épreuve, la lune se lève et nous éclaire de ses rayons. Elle est pleine, presque rouge.

Le mercredi 30 janvier 2013 - Bonjour Piriápolis

Petit matin
01H00 : Je réveille Zoë pour qu’elle me remplace à la veille. Je lui passe les consignes... et m’endors presque aussitôt sur la banquette du carré.

03H30 : Me revoilà. Le cap est bon, mais la vitesse laisse à désirer. Le vent qui était au sud lorsque je suis allé me coucher à virer à l’est, et Zoë a parfaitement suivi avec le régulateur d’allure. Brave fille ! Je suis fier d’elle !
Ah ça y est... J’entends d’ici les féministes gueuler au machisme ! Sachez, chères harpies, qu’un régulateur d’allure n’a rien d’évident pour le néophyte, et qu’il ne m’a fallut qu’une seule fois pour en expliquer le fonctionnement à ma coéquipière. Alors, soit je suis un super pédagogue, soit ma Zoë est particulièrement futée. Pour ma part, la deuxième hypothèse me semble beaucoup plus évidente (Et toc !).

Close up
06H00 : À sa demande, je réveille Zoë pour qu’elle assiste avec moi au lever du soleil. Moment privilégié, magique, qui parle à cette part d’hominidé primitif que nous gardons au fond de nous. Cette part pour qui la nuit est synonyme de mort, et qui voit avec soulagement apparaître les premières lueurs du jour.  

07H30 :. J’aperçois une vaste étendue de hauts immeubles modernes ; Punta del Est est en vue. Nous avions envisagé pendant un temps d’y faire escale, par curiosité, mais en cette saison le port est plein à craquer et le pris en est exorbitant (plus de 100 USD par jour pour un bateau comme la Boiteuse !). Tant pis pour eux, si nous tenons tant que ça à aller nous balader chez les riches, nous pourrons toujours prendre un bus.

Beau temps
10H00 : Le temps est décidément splendide, et nous fait oublier le nuit agitée que nous avons eu. Nous laissons Punta del Est sur tribord, et Piriápolis est en vue droit devant, à 18 milles. À 2,5 Nœuds, nous y serons dans sept heures... À moins que je ne décide de finir au moteur. On verra bien, pour l’instant nous profitons de la croisière.

14H00 : Après une pétole qui nous a permis de déjeuner confortablement, le vent s’est installé au sud-ouest et nous pousse vers notre destination à une allure plus que correcte : 4,5 Nœuds. C’est cool, on y est dans trois heures !
Soudain, une petite tête noire apparaît sur tribord avant, celle d’une lionne de mer. Je bondis sur mon appareil photo, mais hélas la bête passe sous la coque et continue sa route sans un regard pour nous.

15H30 : Pfff... On se traîne là ! La pointe qui cache Piriápolis est à six milles devant nous et semble ne jamais vouloir se rapprocher. Zoë dort à l’intérieur pendant que je bouquine. Ce sont toujours les dernières heures qui sont les plus longues...

Le nouveau terrain de jeu de Touline
17H45 : Ça y est, nous y sommes. Je démarre le moteur et nous préparons le bateau pour l’atterrissage. À deux c’est tout de même beaucoup plus rapide ! Mais avant de franchir les bouées du port, un rituel assez particulier s’impose.
En Uruguay, l’accès des ports ainsi que des marinas est régi par la prefectura, qu’il convient d’appeler par radio sur le canal 16, avant même d’en franchir l’entrée. Et si l’on arrive en fin de journée comme c’est le cas aujourd’hui, il s’en suit alors un embouteillage radiophonique assez déroutant sur une fréquence normalement réservée aux urgences. Sans parler du fait que vous avez intérêt à maîtriser votre espagnol mâtiné d’accent uruguayen ! (avec des che partout !)
Mais bon, je connais maintenant assez bien l’idiome local et nous ne tardons pas à nous glisser dans l’avant-port. Un type nous indique où nous poser, à côté du travel-lift , et à 18H20 pétante, la Boiteuse se retrouve amarrée dans la marina de Piriápolis.

La Boiteuse à Piriapolis
Épilogue : Étant donné l’heure tardive, les bureaux du port sont fermés et l’on nous propose de remettre au lendemain les formalités administratives. Tant mieux, nous avons autre chose à faire, et notamment partir à la découverte de notre nouveau lieu de résidence. Touline elle, est déjà en mode exploration et déambule entre les quilles des bateaux de la zone technique, pendant que nous rangeons le bateau et que nous nous installons.
Le soir, nous partons déambuler sur le front de mer avant que de nous arrêter dans un petit resto pour dîner. Y’a pas à dire, même si la bouffe est plutôt chère si l’on compare avec le Brésil, pour la qualité par contre, il n’y a pas photo.

Le lendemain matin, je me suis rendu aux bureaux de la marina pour régulariser notre situation, et là une mauvaise surprise m’y attendait. Ces empaffés me demandaient la somme exorbitante de 44 euros par jour !
J’ai été sonné par cette nouvelle, et je peux vous dire que pendant le petit-déjeuner je faisais un peu la gueule... Nous en avons discuté avec Zoë, et nous n’avons pas tardé à prendre la décision qui s’imposait : on se casse, et tant pis pour Piriápolis !
C’est dommage, car cette ville balnéaire nous avait plutôt plu lors de notre balade de la veille... Mais bon, si je veux que mon voyage dure longtemps, je ne peux pas me permettre de telles dépenses.
Il nous a fallu donc re-préparer la Boiteuse et faire quelques courses, et à 19H00 nous reprenions la mer à destination de Montevideo. Mais là, cela fera l’objet d’un autre article !

Etrange effet de lumière...
Ca va Touline ?
Au loin le tonnerre gronde...
Un commentaire ?

Touline fait ses devoirs

10 commentaires:

Alexandra a dit…

Cette première navigation en duo semble s'être plutôt bien passée, je vous en souhaite plein d'autres!
Bonne découverte de Montevideo!

Gildan a dit…

Et... c'est sûr qu'à Montevideo c'est moins cher ?
:)
Bises

Unknown a dit…

Super cette photo d'éclair ! Il devait y en avoir quelques uns parce que c'est pas facile à choper...

Sonia a dit…

Prix de la marina exhorbitant en effet ! Mais quid des mouillages, me dis-je, maintenant que tu te conjugues à deux ? Biz à vous et k resses à la Toul'.

Thrse a dit…

Ca y est! Ta première traversée en duo est faite! Bravo!!!!
Ta photo avec l'éclair est formidable! Bravo Monsieur!
Sinon, je vois que tu commence à te anglicaniser! Ben oui, tu mets des petits mots anglais un peu partout! Hi, hi! Comment vont tes maux de tête? Vont-ils bien tes mots? Progressent-ils?
Sur ta photo intitulée "un commentaire?", j'en ai un, en effet! Tu as de sacrée malles sous les yeux! Faut dormir de temps en temps l'ami! Sinon la belle Zoé n'aura que l'ombre d'un homme!
Allez, gros bisous à vous trois!

Monique a dit…

Bel éclair pour un coup de foudre !
Je vois que ça baigne et j'en suis ravie !! Kisses 2U

Gwendal Denis a dit…

@Alexandra : Franchement, elle m'a épatée ma Zoë. (Mais faut pas lui dire hein !)

@Gildan : A peine ! 28 Euros par jour !

@Sonia : Les mouillages, ce ne sera qu'en cas d'extrême impossibilite de pouvoir faire autrement. Ou alors pour pas longtemps :)

@Thérèse : Ca va, les maux de tête se font rares et je commence à maitriser la communication en anglais courant.
Pour ma gueule, c'était au lendemain d'une nuit de nave. Faut pas m'en demander trop !

@Monique : Ca baigne en effet. Bises ma Momo !

@Loïck : Bon allez, j'avoue. Le secret pour choper un éclair, c'est de filmer avec un Iphone et de faire une saisie d'écran ensuite. Je ne mérite pas tout vos compliements, d'autant qu'en plus c'est Zoë qui à filmé !

Anonyme a dit…

Je vois que pour le prix des ports cela devient un problème planétaire.
En effet avec la crise les ports le long de l'Espagne se vident, quand tu demandes ou te mettre on te répond "Donde te quieres" mais ça va jusqu'à 70 €uros la nuit pour un 13 mètres, alors même en gagnant bien sa vie ! ! ! !

Guedry

la Lésion d'Honneur a dit…

Bon, ben Monique m'a carrément piqué le commentaire qui m'était sorti du coeur en voyant le coup de foudre mais bon, je vais me limiter à te féliciter pour tout mais surtout pour la photo de l'éclair, encore une fois ça fait un bail que j'essaie sans succès !
Ah oui, j'allais oublier : c'est quoi le propre de la nourriture brésilienne ? Pourquoi te semble elle pire que l'anglaise (qui peut parfois être bien meilleure que certains restaus français ! ?)
@+ et bonne nav !

Gwendal Denis a dit…

@Guedry : Moi qui comptait faire des économie en quittant l'Europe !

@La Lésion : je crois qu'en fait c'est la qualité qui cloche au Brésil... Et le manque d'imagination aussi.