lundi 16 août 2010

C’est l’histoire d’un type qui voulait voir l’Afrique...


 La nouvelle est tombée dans mon reader pendant l’après-midi. Captaingils est mort !
Et là, sur le coup mon cœur a raté un battement... Deux même. Et puis, pendant que je cliquais sur le lien pour me rendre aux obsèques, je me suis dit que le point d’exclamation sonnait faux... Heureusement faux.

Au bout de quelques lignes que je dévorais avec fébrilité, j’ai eu la confirmation que mon intuition était la bonne. Et en même temps non.
Oui, Captaingils a cassé sa pipe un beau soir de juin, et non, Gilles est vivant. Il est même rentré en France.

C’est ma faute. La faute au cœur que j’ai dans mon cerveau et qui n’arrive pas à faire la différence entre un avatar et ses dires. Pour lui c’est forcément le même homme, alors quand il entend que le bonhomme est cané, il ne se pose pas la question de savoir si c’est vrai ou si c’est juste une figure de style.
Donc sur ce coup-là, Gilles, c’est pas drôle.

Mais bon, je m’aperçois que ce que je raconte peut sembler confus à ceux qui ne connaissent pas l’histoire de Gilles. Normal en même temps puisque je ne vous en ai jamais parlé, me contentant de glisser un lien dans ma blogroll.

Gilles je l’ai découvert alors que je commençais à préparer mon propre voyage. Je ne sais plus trop comment d’ailleurs, mais qu’importe : Ce type m’a plu.
Dans le genre extrême, il se pose là. Sans concession le mec. Des couilles grosses comme des montgolfières et la plus grande scoumoune qu’il est été donné d’avoir.
C’est bien simple, quand vous lisez les aventures du CaptainGils, vous prenez peur. Vous vous dites que jamais au grand jamais vous ne quitterez le plancher des vaches et que les bateaux c’est rien que des méchants. Des pourvoyeurs d’emmerdes. Des maîtresses ingrates.
Vous les bichonner pendant des mois, vous leur offrez de votre temps, de votre argent... Et malgré ça elles vous chient dessus.

Enfin, ça c’est ce que vous comprenez lorsque vous lisez les choses avec superficialité. Parce que si on fouille un peu, il y a une très belle histoire d’amour. Une passion même. Une passion dévorante et destructrice, comme toutes les passions.
Et même qu’en lisant ces aventures, moi, petit moussaillon de la méditerranée, j’ai eu envie de faire comme lui...

Et puis l’histoire de Gilles c’est aussi celle de l’Atao ce magnifique sloop de dix mètres et des poussières... de la chienne Roxao et de cette salope d’Agnès.
C’est l’histoire d’un homme qui voulait voir l’Afrique, et qui a été la voir juste dans le trou du cul de ses geôles. C’est l’histoire d’un type qui écrit merveilleusement bien aussi... Même qu’un jour je voudrais pouvoir faire aussi bien que lui.
C’est aussi l’histoire d’un type qui suscita la polémique parmi les plaisanciers en pull à rayures et docksides, ceux qui sont pétés de thune et que ne comprennent pas qu’on veuille partir sans un rond sur les flots. Comprendrons jamais rien ces cons.

Bref, l’histoire est finie maintenant. L’Atao n’est plus et le Captaingils a disparu avec elle. Quatre jours après le début de sa dernière traversée, celle qui devait les ramener vers la France, un haut fond Capverdien a eu raison du marin et de sa monture. Fracassé le bel Atao. Dévoré par les pilleurs d’épave. Digéré par un peuple si pauvre qu’il en vient à manger des bateaux.

Fracassé aussi le Captaingils. Tellement fracassé qu’il est resté là-bas. Qu’il en est mort.

Mais Gilles lui, il est rentré. Un peu déboussolé j’imagine, voire complètement à la ramasse connaissant le gus. Il va retrouver ce monde mesquin qu’il déteste tant. Putain, il va morfler...
Mais, je ne sais pas pourquoi, quelque chose me dit que ça ne durera pas, et qu’un jour on le reverra sur les mers...

Alors si je puis permettre mes chers amis, allez-vous plonger dans le Journal de bord du Captaingils. Vous vous prenez un bon thé et quelques heures de votre temps, et vous faites comme moi. Vous commencez par la fin, et vous remontez tout au long de ces trois années. Vous verrez, c’est comme un roman... Même que si il voulait, ça ferait un putain de bon roman...

Pour ma part je vais m’en tenir à ma promesse. Celle que je lui avais faite en imaginant un jour que nous nous croisions au détour d’une escale. Sa première bière est pour moi.
Et même que s’il veut, il pourra venir la boire sur la Boiteuse... D’ailleurs, si un jour il en vient à fouler mon pont, il pourra boire toutes les bières qu’il veut, elles seront toutes pour moi.

Je lui dois bien ça.

6 commentaires:

cazo a dit…

Pas le temps de lire pour l'instant... mais à te lire, je regrette déjà !!

Monique a dit…

Découvert ce cap'tain orphelin de son bateau...Lirai la suite quand plus de temps...

Ne nous fais jamais ça , Gwen...si pépin un jour...blogue de suite ... pas trop longtemps se ronger les sangs...

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Ouais fonce, tu ne le regretteras pas. Gilles est un conteur-né, et son histoire est riche d’enseignements.

@Monique : 65 jours sans nouvelles... Promis, je ne vous ferais jamais un coup pareil ! A la différence que lui il est parti vraiment seul, sans amis restés au port. Il ne se doutait pas qu’il allait susciter tant d’inquiétude... Alors que moi je le sais.

'Tsuki a dit…

[Chope le lien pour se le mettre au chaud le dossier "à découvrir"...] Ça c'est fait.

Sinon c'est normal, de ne pas faire la différence entre un avatar et une personne... C'est probablement beaucoup de lui qui est mort dans cette triste aventure... Va lui en falloir du courage, pour se requinquer avant de repartir...

Tu parles de ses aventures avec un brio sans pareil, Gwen. J'ai hâte d'aller lire.

Gwendal Denis a dit…

@Tsuki : C’est clair qu’il va avoir du boulot...
Ah bon ? Tu trouves que je parle bien de lui ? Attend de voir comment lui écrit... Moi j’suis qu’un pov’ analphabète par rapport à lui...

Anonyme a dit…

T'es chiant, Gwen, avec ça... Tu dis toujours que tu écris mal à côté de untel ou untel... Tu écris bien, voire même super bien, et c'est marre, maintenant.

:)