vendredi 11 février 2011

Balade en utopie

Salut la compagnie.
Un commentaire laissé par le camarade Edou sur mon avant-dernier article est tombé dimanche dernier dans ma boite à mails... J’ai essayé d’y répondre le jour même, mais très vite je me suis aperçu que ma réponse trainait en longueur et qu’elle provoquait chez moi une réflexion intéressante. Une espèce de remise à plat de toutes les motivations qui ont conduit à ce projet insensé qui est le mien depuis bientôt un an. Conscient d’avoir dégoté le petit bout de laine qui va bien, j’ai commencé à le tirer tout doucement et à plancher sur le présent texte. J’ai écrit des liges et des lignes et en ai effacé la plupart. J’ai recommencé je ne sais combien de fois... Pour finalement arriver à ces mots que j’espère définitifs, mais qui ne le seront certainement pas.

Le commentaire en question c’est celui-ci :

Citation : "si je pars sur un tour en Méditerranée, je n’aurai plus les moyens financiers d’entreprendre quoi que ce soit d’autre..."

L'argent, en effet, c'est le nerf de la guerre.
Il faut compter, en mer et aux escales, sur un budget de 1500 euros par mois. Ce budget tient compte de la nourriture, des frais de port, des frais de visas et de clearance, de l'entretien du bateau et des réparations à venir.
Evidemment, c'est une moyenne. Si tu te fais des restacs, des virées en hélicoptère, des locations de 4x4 et des allés-retours au pays pour voir les amis et parents comme Antoine, il faudra te faire sponsoriser !!!
Le budget entretien et réparations dépend bien sûr aussi de l'état de ton bateau au départ et de la durée du voyage.

Donc, tu divises ton capital de départ par 1500 et tu obtiens la durée de ton voyage en nombre de mois.

Après, si tu veux prolonger ou établir un programme plus long, il te faudra travailler pour faire rentrer l'argent jusqu'à hauteur de ces 1500 euros par mois.
Heureux les toubibs et infirmières qui n'auront pas ce soucis (mais l'ont-ils déjà au départ ?).
Pour les autres (nous !), il n'y a pas de secret :
Il faut travailler dans les pays riches et dépenser dans les pays pauvres.
En effet, si tu peux travailler dans un pays pauvre, pourquoi les indigènes ne le feraient pas eux-même ? Si les gens et leur pays sont pauvres, c'est parce qu'il n'y a pas de boulot, de ressources. Donc, n'espère pas trouver un appoint dans ces régions.

Voilà mon point de vue sur la question après avoir cru, moi-même, pouvoir m'exonérer de ce postulat et m'être retrouvé sans ressources ni moyens de payer mes frais de port en Sardaigne, pays pourtant considéré comme "développé".
Ajoute à cela le problème de la langue.

Ma première réaction à la lecture de ce commentaire, ça a été tout d’abord la colère. Ben oui, ça m’a énervé de lire cette analyse froide et distancée. Puis, assez vite, j’ai compris que ce qui m’énervait dans les propos d’Edou, ce n’était pas de m’entendre dire que mon budget devrait être cinq fois supérieur à celui que je prévois ou que je ne trouverais jamais de travail. Non, ce qui m’énervait c’était de devoir envisager mon voyage comme on fait une étude de faisabilité commerciale.
C’est tellement loin de ce que je veux vraiment... Et puis tien, qu’est-ce que je veux vraiment ? Me suis-je dis. C’est quoi qui me pousse à partir et me retient en même temps ? C’est quoi cette foutue idée première qui m’a embarquée dans cette galère ? Et je ne parle pas des arguments que j’ai pu développer pour étayer mon projet, je parle de mes motivations profondes...

Alors j’ai réfléchis... J’ai recherché au fond de ma mémoire et de mon vécu ce qui m’avait amené un jour à vouloir tout plaquer (plaquer quoi ?) et partir sur les flots. Et après tous ces jours de gamberge, je crois pouvoir dire que cela relève d’un ensemble d’observations...

La première remonte à 1988 alors que je parcourais le Brésil du nord au sud avec mon sac à dos, mes 21 ans et mes rêves de jeunesse. A cette époque, je m’étais dis que si j’avais un jour à choisir, je préférerais encore être pauvre là-bas qu’en France. Je veux dire par là, qu’en Amazonie en tous cas, le moindre hère avait la possibilité de ne pas mourir de faim. Le kilo de riz c’était peanuts, le poisson vous sautait dans la barque et les manguiers poussaient dans les rues.
Bon ok, je sublime sans doute le souvenir que j’en ai, mais le principe reste. Pour peu qu’on s’en donne la peine bien sûr, et surtout qu’on n’aille pas s’enterrer dans une ville, il est infiniment plus doux d’être pauvre sous les tropiques. Le tout étant bien sûr, de savoir restreindre ses désirs de technologie et de services.

Ensuite, il faut bien que je me rende à l’évidence, après tout par quoi je suis passé, dépression, alcoolisme, maladie, j’en passe et des meilleurs, je suis maintenant complètement déconnecté de la société. Enfin, déconnecté n’est pas le bon mot ; En dehors serait plus approprié. Je suis assis sur le bord extérieur du cercle, et je regarde. Et ce que j’y vois ne me donne absolument pas envie d’y rentrer un jour.
Trop de compétition, trop de mensonges, trop de comptes à rendre, de justifications à fournir auprès de je ne sais quels organismes, de patrons, de famille... Bref, ce système me fatigue, et je ne voudrais qu’une chose, pouvoir m’en affranchir.
De ce point de vue-là, vous comprenez aisément qu’à 44 ans, il n’est plus question pour moi de me projeter dans une vie dite « normale », dans cette course effrénée à la sécurité, au profit...
Non, cela n’est plus pour moi. Et d’ailleurs même si cela devait l’être, je serais condamner à végéter en marge, mal à l’aise et insatisfait.

Aussi, compte tenu de tout ça, et étant donné la chance que j’ai de pouvoir agir sur le cours de ma vie pour qu’elle prenne une autre direction, je me dis que c’est maintenant qu’il faut que je le fasse. C’est maintenant ou jamais.

Oui, mais pas comme j’ai entrepris de le faire jusqu’à présent. La grande erreur que j’ai fait, c’est d’avoir écouté les voix qui me disaient qu’il fallait que j’envisage la chose comme une parenthèse. Sur le moment, cela me semblait judicieux de voir les choses sous cet angle. Mais en fait cela n’a fait qu’installer la confusion dans mon esprit, car cela va à l’encontre de mes désirs profonds. Ce n’est pas ça que je veux, et c’est pour ça que je foire ma préparation. Pour moi, ce projet ne supporte pas le temporaire. Il ne peut s’envisager que dans la durée... Il ne s’agit pas d’aller faire un tour et de revenir, histoire de se changer les idées et de d’engranger des souvenirs. Si je voulais m’offrir des vacances, je le ferais. Mais toutes aussi belles et longues qu’elles soient, inévitablement il faudrait un jour que je rentre... Et après ? Je fais quoi, hein ?
Je réintègre bien gentiment cette société de merde avec mes souvenirs plein la tête et je me dis que j’ai eu de la chance de vivre une belle aventure ? Sans façon, très peu pour moi.
Si c’est pour m’offrir une parenthèse de quelques mois, ce n’est pas la peine, je préfère autant revendre le bateau et rester à la maison.

Cette histoire, elle sera conçue pour être définitive, ou elle ne sera pas.

Alors, dorénavant et à partir de maintenant je vais reprendre le cours de ma préparation. Il ne sera plus question de dates, d’argent, d’itinéraire ou de je ne sais quel programme à suivre point par point. C’est fini tout ça. J’arrête de vouloir à tous prix tout inscrire sur des listes, d’essayer de tout prévoir... J’arrête de me prendre la tête. Je fais les choses pas à pas, sans précipitation. Et lorsque je me sentirais prêt, et que la Boiteuse le sera aussi, je me casse.

Bon, voilà mes amis le résultat de cette semaine de cogitation intense. Outre le fait que je ne suis pas fâché d’avoir enfin trouvé les mots pour exprimer ma pensée, je vous avoue que ça me fait un bien fou d’être clair dans ma tête. Ah les bienfaits de l’écriture !
J’ai retrouvé espoir, et je ne doute pas que la pêche ne va pas tarder à suivre. En plus je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il semblerait que les beaux jours soient en train de revenir tout doucement... Si ! C’est mon thermomètre qui me le dit !

28 commentaires:

Anonyme a dit…

Ravie de vous lire...de cette manière... effectivement ce projet est le votre et il me semble bon que vous puissiez le vivre comme bon vous semble... à bientôt???.....
DP

cazo a dit…

Yesss ! You've got it !!
Ben voilllààààà... céti pas mieux comme ça ??
Le flot de tes propos est une mer qui invite au voyage...
;-)

Bourreau fais ton office a dit…

Ca fait plaisir de te voir plus relaxé, pour un projet plus radical, qui s'ouvre plus au rêve, même si je n'ai pas bien compris, ou n'ose pas comprendre, la nature de ce projet : tu vas vivre toute ta vie sur la Boiteuse ? pauvre ds les tropiques ? un peu des deux ? Une chose est sûre : tu l'as, la dose d'inconscience dont RHP parlait ds son commentaire qui disait que tu ne partirai pas parce que tu ne l'aurais pas (la dose d'inconscience) ...

Gwendal Denis a dit…

@Dominique : J’avais, je crois, besoin de temps pour digérer mon paradoxe... maintenant que c’est fait, on va pouvoir prendre rendez-vous. A la semaine prochaine !

@Cazo : Voui, ça fait du bien !

@Bourreau : T’inquiète mon Bourreau, moi aussi je n’ai pas encore tout compris. J’ai défriché le pourquoi, il me reste le comment à mettre en œuvre.

cacahuette83 a dit…

Bravo! Enfin! Ca y est! Tu as eu ton déclic!

Vraiment très heureuse pour toi!

C'est ce qu'on essayait désespérement de t'expliquer!
Bref, tu as réussi à faire ton petit bout de chemin pour arriver à un résultat tout à fait honorable!

Je t'embrasse fort et franchement, tu es sur la bonne voie!

Gwendal Denis a dit…

@Cacahuette : Je ne sais pas si c’est vraiment un déclic, mais depuis que j’ai planché sur ce texte et que j'en ai tirer quelques conclusions, je n’ai plus cette espèce de truc qui me turlupinait la tête... Je respire mieux et j’envisage les choses plus sereinement.

'Tsuki a dit…

[gratt gratt gratt]

Bon alors tu veux devenir pauvre sous les tropiques... Okay. Pourquoi pas. Mais quitte à partir pour partir... Pourquoi t'encombrer d'un bateau, quand un simple billet d'avion y suffirait ?

:D

Plaisanterie mise à part, en lisant ton billet j'ai ressenti les propres doutes qui me rongent, depuis que j'ai décidé de passer le concours de rédacteur. Ce n'est pas le concours lui-même, qui me fait peur. Non. C'est la vie qu'il promet derrière... J'ai l'impression que je ne la supporterai pas, cette vie de rédacteur, cette replongée dans ce monde du travail que je déteste tellement... Je hais tellement les gens ; je ne vois pas comment je vais faire pour les supporter dans un quotidien aussi terre à terre que la fonction publique territoriale.

Oui. Ton billet d'aujourd'hui me fait refléchir sur mes propres décisions...

Cependant, à tout prendre, je crois bien que je préfère être pauvre (et branleuse) en France que sous les tropiques. Je ne vois pas bien ce que tu as vu de satisfaisant au Brésil en 1988. Moi, je vivais à la même période (trois ans à Rio de Janeiro, retour en 1989)et, DIEU MERCI ! je n'étais pas pauvre, mais une gamine de français expatriés surprotégée...

J'ai eu l'occasion de vivre dans plusieurs pays en voie de développement, et franchement, dans aucun d'entre eux je n'aurais voulu y être pauvre... Pauvre avec des revenus pauvre français là-bas, oui, tu survis, mais avec les revenus de pauvre de là-bas, aïe...

D'accord un sac de riz à l'air de ne pas coûter bezef (quoiqu'avec l'inflation de l'époque, ça pouvait devenir vite compliqué de se le procurer), mais le reste ?! Les soins médicaux par exemple... Toi qui a un pied en vrac, tu sais comment tu aurais fini, au Brésil, en étant pauvre avec un problème similaire ?

Enfin je dis ça... Je crois qu'il vaut mieux que je me la ferme, en fait. Parce que je suis super contente de lire que tu as retrouvé foi en ton projet, et c'est tout ce qui compte, ce soir.

aslan a dit…

Salut Gwen, c'est aussi le problème que je voulais te faire relever: quand tu fais un tour du monde tu reviens au point de départ.

Maintenant devenir un boat-romanichel n'est ni facile ni forcément toujours enviable, et si incertain qu'il faut quand même te ménager un filet de sécurité, ne jamais vendre ton appart par exemple.

Mais je ne m'inquiète pas. Fais pousser tes nageoires, elles te mèneront loin, et on sera toujours là pour te conseiller, te donner à réfléchir ou te soutenir.

Bon, tu les passes quand les 10 noeuds, bordel?

++

cazo a dit…

Dis donc marin, t'as vu la solidarité de ton équipage virtuel ???

Il nous a fallu ramer velu pendant cette pétole morale, heureusement qu'on y a mis du coeur...

Après, sur le bateau du fil de tes rêves, c'est toi le capitaine, et t'as su affronter la déferlante de tes vagues à l'âme en vrai marin !

Après la tempête, le bon zef, celui qui gonfle les voiles, donne de l'allant, pousse vers de nouveaux rivages...

:-)

Monique a dit…

Ben , on avance, Gwen..tu peux déjà mettre des mots sur tes envies profondes.

Rom des mers, avec la Boiteuse pour caravane...
Le vent tourne dans tes désirs..Choisis les bonnes voiles!

On est là, si on peut donner un coup de main...

edou a dit…

Salut Gwen,

Heureux d'avoir pu contribuer, même en contrepoint, à ta réflexion. A faire avancer le schmilblic.

En effet, il est difficile de faire ouvrir les yeux à quelqu'un qui avance la tête dans le guidon parce qu'il est aveuglé par la passion autour de son projet.

Déjà en juin 2010, je te posais la question du POURQUOI et du COMMENT :
http://laboiteuse.blogspot.com/2010/06/contretemps.html?showComment=1276762705806#c4554424138128346013
Voyant la tournure que prenait ton projet, j'ai à nouveau essayé de te faire réfléchir sur le POURQUOI le 2 février :
http://laboiteuse.blogspot.com/2011/01/inconstance-et-consequences.html?showComment=1296632296610#c3291710499454898600
et sur le COMMENT (que tu as repris dans le présent post) le 6 février :
http://laboiteuse.blogspot.com/2011/01/inconstance-et-consequences.html?showComment=1296997657887#c1411992023483897407

Je me suis aussi passionné dans les années 70' par les écrits de Moitessier, Antoine, Auboiroux, les Damien, etc.
Combien de bateaux rafistolés à la hâte ou construits en ferrociment sont-ils partis vers les bleus horizons de l'utopie libertaire ?
Combien ont-ils échoué dans les ports antillais à la recherche de la moindre tune et ont revendu leur coque non-entretenue pour une poignée de moules pour pouvoir rentrer au bercail, complètement désargentés ? (au mieux car j'avais un pote qui est parti comme ça dans les années 80' et qu'on a retrouvé, mort, les membres fracturés, sur une plage guadeloupéenne. Il avait sans doute essayé de traficoter quelques substances illicites ou tenté de faire du charter au black et est tombé "sur un os"...).

A cette époque, les peuples des îles vous accueillaient avec bienveillance, heureux de rencontrer un extra-terrestre occidental alors qu'il n'en passait qu'un tous les 2 mois, voire un tous les ans. Il était facile de troquer quelque verroterie contre de la nourriture ou du gasoil.
Aujourd'hui, nous sommes tous "mondialisés". Nous sommes à l'ère d'internet, du téléphone portable, des antennes de télévision satellite, du tourisme de masse. Il n'y a plus (hélas !) un seul endroit, même le plus reculé, le plus isolé, une seule tribu qui ne soit au courant de ce qui se passe dans le monde.
Maintenant, lorsque tu pointes ton nez quelque part avec un bateau même petit, même sale, même mal entretenu, tu es perçu comme un occidental friqué, un nanti, un touriste, en comparaison de gens qui crèvent de faim. L'occasion est trop rare et trop belle, pour eux, de vouloir "te faire les poches". Si tu es pauvre, alors malheur à toi : tu viens gonfler la concurrence qui existe entre eux, et en plus, tu n'es pas du pays. Bref, tu es pour eux, un porte monnaie ambulant.
Sans compter les problèmes sanitaires qui peuvent se poser (voir l'excellent post de Tsuki).

Comprends, Gwen, que je ne cherche nullement à te démotiver, au contraire !
Étant passé par là, je veux te faire éviter les erreurs que j'ai commises et te faire gagner du temps en préparant ton projet de manière rationnelle et ne pas partir à l'aventure avec de très grands risques de te planter.
Evidemment, la façon dont je t'expose ma façon de penser te semble "froide et distancée" et bâtie comme "une étude de faisabilité commerciale". C'est vrai que ça dénature le côté idéaliste et utopique de ton projet. La noirceur du tableau que je viens de dresser est destinée à te faire prendre conscience que nous ne vivons pas dans un monde de bisounours. Mais tu dois en passer par là et je constate avec plaisir que tu as commencé ton introspection.

Il est sûrement possible de partir vivre en mer définitivement. Mais pour cela, il faudra certainement inventer un nouveau moyen, de nouveaux comportements adaptés au monde d'aujourd'hui.

Gwendal Denis a dit…

Bouh ! Y’a du monde ce matin !

@Tsuki : Je l’ai écris je crois, pour peu que l’on accepte de se passer de certains services... Et la médecine en est un. Mais t’inquiète, j’ai une solide constitution !

@Aslan : Ca c’est clair que sans vous... Bon, pas de discours larmoyant aujourd’hui. Pour les dix nœuds, on y arrivera j’en suis sûr ! Le temps que j’apprenne à monter un spi tout seul...

@Cazo : Oui, ça fait chaud au cœur d’avoir des amis comme vous. (Pas de larmes j’ai dis !)

@Monique : Rom des mers, ça me va bien... Ou alors Vagabond des mers, avec un grand V comme dans Voyageur.

@Edou : Comme d’habitude tes mots me donnent matière à réfléchir, et je t’en remercie pour ça. Pour l’instant je n’ai pas de réponse construite à te donner, mais j’y travaille ! Une seule certitude cependant, je ne suis pas totalement naïf. Je sais bien que le monde n’est pas comme dans les livres d’aventure et que je dois m’attendre à moult galères.

lucifer! a dit…

" Les folies sont les seules choses
que l'on ne regrette jamais ."
Oscar Wilde .

En fait , tu veux entrer en navigation ,
comme d'autres entrent en religion ... pour toujours .(?)

'Tsuki a dit…

La médecine, c'est un service dont tu passeras pas longtemps, précisément à ton âge ; t'en aurais 20 au départ, avec un corps intégralement solide, encore... Mais même à 20 ans ce serait quand même faire preuve d'une grande naïveté que d'imaginer pouvoir te passer de la médecine.

Perso, je peste souvent contre les abus de la médecine occidentale, l'acharnement thérapeutique, les scénarii diaboliques que certains labo mettent sur pied pour pouvoir vendre leur saloperies et faire plus de pognon... Et pourtant pour rien au monde je ne l'échangerai, cette médecine occidentale contre celle du tiers-monde, qui n'existe d'ailleurs que si tu en as les moyens...

En France, même si tu n'es pas couvert par la sécurité sociale, on ne te laissera pas crever dans la rue. Au Brésil, j'ai vu mourir un lépreux qui mendiait à l'angle de la rue du Catete. Pendant deux ans, j'ai pu d'abord le voir plier les billets qu'on lui donnait avec les moignons de ses poignets, et puis, suite à une surinfection, j'ai pu contempler jour après jour l'évolution de son agonie dans la rue, puis la décomposition de son cadavre...

Avoir 44 ans occidentaux, ce n'est pas avoir 44 ans sous les tropiques. Il y a là-bas tout un tas de parasites qui n'attendent que ta belle chair blanche à peine entamée pour faire bombance... Evite de faire sécher ton linge sous un manguier, si tu passes par la zone géographique où est situé le Nigéria...

La France bénéfice d'un climat tempéré, moins sujet aux bestioles exotiques, et nos gouvernements successifs ont essayé de réduire drastiquement les problèmes de l'hygiène lié au sol ou au climat... Mais cela suffit-il vraiment pour oublier qu'il suffit d'une seule piqure de moustique pour chopper un truc aussi rigolo que la malaria... Avec des fièvres quartes à 40 °C, y a moyen de se passer de ce service si superflu, c'est sûr...

Et je n'ose même pas parler de toutes les merveilles virales qui t'accueilleront à bras ouvert sous les tropiques...

En France, on aime se faire peur avec la menace de la grippe, mais on se fait juste un peu peur, même si la petite peur se chiffre en milliards dérisoirement dépensés en vain... Cependant en cas d'épidémie, on n'atteindrait plus les scores d'autrefois, c'est certain, grâce à la rapidité de propagation de l'information, de réaction des services sanitaires, etc.

Dis-toi bien qu'il y a encore des endémies de peste ET de choléra, dans beaucoup de ports asiatiques...

'Tsuki a dit…

Je ne suis pas du tout d'accord avec toi. Je ne te garantie que la médecine sera celui des "services" dont tu penses pouvoir te passer dont tu auras rapidement le plus besoin, et ça n'a rien à voir avec la constitution que tu peux avoir...

Je rejoins Edou par rapport au réalisme de ton nouveau projet. En fait, à la lumière de son commentaire, je le trouve encore plus irréaliste que le précédent.

Et si on ne parlait que d'hygiène et de médecine, encore... Il y a effectivement tout le reste, les actes de piratages, les petits boulots que tu vas devoir te farcir pour la survie... Si on te laisse les faire sans te mettre un coup de couteau dans le bide pour avoir osé piétiner les plante-bandes personnelles de quelque nabab local...

Ce n'est pas des galères, qui t'attendent. C'est du pur dépassement de soi au quotidien. Mais qui sait si tu n'apprendras pas à multiplier les petits pains au cours de ton voyage définitif, hein...

Désolée pour le ton super critique et carrément ironique du commentaire. Mais j'ai relu ton billet, relu les différents commentaires, et je ne peux pas décemment te caresser dans le sens du poil en te disant : "mais c'est super, vas-y, fonce !"

Tu viens de mettre la barre encore plus haut que lorsque tu parlais de tour du monde, en fait. Tu veux devenir un genre de gitan des mers, si j'ai bien tout compris... Dis-toi bien que si les romanichels en France sont considérés par les gens très bien comme des parasites, il y a une raison. Et si avoir une vie d'errance dans un pays aussi civilisé que le notre, c'est déjà pas top... Ben tu peux préparer tes fesses pour ton voyage, parce que tu vas te faire tanner le cuir proprement, jusqu'à ne plus avoir de peau...

Tu peux considérer que c'est une vision très pessimiste des choses, tout ce que je viens d'écrire, c'est sûr.

Mais en même temps, il ne suffit pas de se dire : "tiens et si je partais ?!" pour que cela prenne du sens...

J'ai vu que tu avais modifié ta profession, dans ton profil. Tu mets la charrue avant les boeufs : tu n'es pas encore en train de voyager. Et si j'ai bien tout compris, quand tu sera parti, comme tu devras te passer des "services" occidentaux, on aura plus de nouvelles de toi, puisque tu ne mettras plus à jour ton blog...

Réfléchis, Gwendal. Réfléchis... Avec un projet pareil, jamais tu ne trouveras le courage de tout plaquer pour aller vivre sur ton bateau à l'aventure...

Et si tu veux vraiment faire ça, putain, mais commence tout de suite ! Va vivre sur ton bateau, au lieu de t'accrocher au confort de ton appartement !

Monique a dit…

Moi qui me trouvait un peu trop "cassandre" pour ton projet...!!!

J'ai trouvé plus "cassandre" que moi !!! :)

Gwendal Denis a dit…

@Tsuki : Houla, on sent le vécu là ! Mais aussi, en filigrane, comme une colère... Faut pas se mettre dans des états pareils Tsuki, car comme le titre du billet l’indique il ne s’agit là que d’une « balade en utopie ».
J’ai exprimé mon désir profond, ce à quoi j’aspire vraiment. Maintenant que cela est fait, je vais faire en sorte de m’approcher au mieux de ce projet idéal, tout en sachant très bien que la vie n’est pas faite de maison en sucre d’orge avec des bisounours dedans. Il y aura forcément des concessions à faire et des précautions à prendre. Et je ferais ce qu’il faut pour ça. Je pense avoir un certain courage, mais je ne suis pas téméraire !
Ce que je voulais dire par « se passer de services », c’est surtout aller vers une vie plus simple, plus essentielle.
Et t’inquiète, je me démerderais toujours pour trouver une prise électrique et une ligne ADSL pour vous tenir au courant et vous faire partager mon quotidien.


@Monique : Meuh non, c’est pas une Cassandre... Elle s’inquiète, c’est tout.

Gwendal Denis a dit…

En fait, j'y pense maintenant, ce que je veux faire ce n'est ni plus ni moins que de la décroissance appliquée !

philippe a dit…

faudra quand m^me qu'on cause...entre "le Golf des peines" décrit ici et l'euphorie par ailleurs, il y'a peut être un moyen de tracer sa route sans être Trismus, Conrad ou Moitessier, Slocum, Damien ou Marin Marie, ya d'autres endroits que le Golf de Guinée, le Brésil, ou bien les comptoirs d'Obock et de Tadjouara, il y a longtemps qu'Henri de MOnfreid a cessé de vendre pour la manufacture D'armes et cyles de Saint Etienne et qu'on enfile plus les perles sur l'Hispaniola. Ya peut être un "truc" à la Gwen, qui ne va ni au bout du monde, ni dans les coins, un truc qui fait rêver comme l'ancien bac du vieux port à Marseille, un truc qui fait de toute navigation gande ou petite, un voyage intérieur, unique, tel celui d'Ulysse, heureux qui comme lui, partit...et s'en revint.

edou a dit…

@ Philippe et Gwen :

Entièrement d'accord avec Philippe. C'était le sens de ma dernière phrase.

Si vous en causez, ce serait sympa de m'inclure dans vos discussions car ça m'intéresse aussi à titre personnel.

Si c'est hors blog, merci de m'inclure dans vos échanges par mail ;)

Monique a dit…

Et voilà , Gwen..c'est ça, faut causer avec ceux qui savent vraiment de quoi tu parles...

Totale confiance avec Phil et Edou... et nous , on sera là pour souffler sur les voiles dans la meilleure direction...
des bises endimanchées.

aslan a dit…

Tant qu'on y est je te propose quelques nouvelle piste de réflexion, Gwen.

D'une part tu devrais peut-être arrêter de penser en terme de projet et de rupture, car depuis que tu as acheté la boiteuse tu es déjà dedans: Tu dois déjà équilibrer tes ressources pour rendre ton rêve durable.

D'autre part je crois qu'il te faut abandonner l'idée de profiter en rentier et te résoudre à trouver des moyens de faire rentrer des brouzoufs. On peut détester le labeur sans se refuser au travail, d'autant plus quand on à les idées politiques que tu as.

Si tu te prépares des petites courbes et une analyse de tes dépenses et de tes fonds tu seras rapidement fixé sur le volume de décroissance et d'entrées d'argent nécessaires pour éviter que les courbes ne se croisent funestement, t'obligeant à choisir entre ton antre terrestre et ton fier mais spartiate vaisseau.

A mon avis tu dois pouvoir atteindre l'équilibre avec des entrées assez faibles en sus de la location saisonnière de ton appart.

Et comme je pensais à une activité que tu maitrise et que tu peux exercer de partout j'en suis venu à penser au blogging. C'est malheureux mais y'a un moment ou faut faire bouillir la marmite, et il y'a plus répréhensible comme activité, surtout si tu en profites pour développe tes idées.
Tu n'avais pas un mauvais classement du temps de "Je voulais vous dire", ça devrait être "monétisable comme on dit", et le segment politique est assez recherché des annonceurs (misére!)...

Monique a dit…

Aslan, tu vas nous le déprimer encore !!!! :)

Gwendal Denis a dit…

@Philippe : Bien sûr qu’on aura le temps de causer... On aura tout le temps. Et je suis d’accord, il existe certainement une « voie du milieu » qui sera effectivement celle que j’empêtrerais. Reste à la trouver !

@Edou : Pas de problème, tu seras bien évidemment convier !

@Aslan : Courbe ? Analyse ? Publicité ? Et pourquoi pas sponsoring pendant qu’on y est ?

@Monique : Meuh non, t‘inquiète ! J’ai la pêche et le moral. La preuve demain je vais passer la journée au bateau. Si-si !! Je vais un peu faire le tour et attaquer la bricole qui s’impose.

Bourreau fais ton office a dit…

Bah ... si tu veux réduire les risques liés à l'exotisme, ne pas louer ton appart', et ne pas vendre ton âme à Publicis, il te reste bien une option -et réalisable, cette option- : les tropiques françaises et les minima sociaux.

Non seulement tu seras protégé par la République, mais en plus tu pourras faire du bateau. C pas cool ?

cazo a dit…

Un conseil : Ecoute les bons conseils, évite les mauvais !!...

;-) !!

aslan a dit…

"...un avis est un don dangereux, même de sage à sage, et tous les partis peuvent mal tourner..."

M'est avis que tu connais cette citation.

Anonyme a dit…

Je ne me suis pas particulièrement mise en colère... c'est juste que quand j'ai lu la légèreté de ta réponse sur mon premier commentaire, je me suis rappelée pourquoi moi j'ai pas eu l'impression en vivant à l'étranger que la médecine était un service superflu. Et cette légèreté m'a quelque peu irritée, je le reconnais, parce que j'avais l'impression qu'elle sous-tendait une non-prise de sérieux vis-à-vis de ton projet, risquant de te faire le laisser tomber définitivement.

Je crois que oui, ça m'énerverait, que tu lâches l'affaire par manque de réalisme ou de préparation. Ce n'est pas comme si tu n'étais pas entouré de tout un tas de gens capables de te donner des conseils utiles dans ta situation...