36°41.867N 02°47.392W
Almerimar
Le 02 juin 2011, d’Águilas à San José
Ça fait peur hein ? |
Je pense que ce n’est pas la peine que je vous parle d’Águilas… Le port est petit, tout neuf (moins de deux ans) et clos par de hauts murs gris qui le font ressembler à la cour d’une prison… Au trois-quarts vide, des caméras de sécurité partout, un prix prohibitif (35,95 € la nuit !), le port Juan Montiel est un port qui ne donne absolument pas envie de s’attarder. D’ailleurs lorsque j’ai demandé qui était ce Juan Montiel, pensant que ce devait être un personnage célèbre, on m’a simplement dit que c’était le propriétaire. Je suis resté estomaqué par autant de prétention. Un type qui donne son nom de son vivant à une construction, je trouve ça… Indécent. Quand on pense que nous sommes à 25 Km, à peine, de Lorca où a eu lieu le séisme du mois dernier… Tien, je vais être méchant, étant donné la crise et le peu de fréquentation de son port, j’espère que le Montiel en question a perdu plein d’argent ! Na !
Águilas est à oublier très vite, et c’est-ce que j'ai fais en décollant d’ici dès huit heures le lendemain matin. Direction l’Andalousie !
La côte a changée depuis Cartagena… D’après l’encyclopédie nous sommes dans une zone de climat subtropical méditerranéen. Déjà le nom, subtropical, me fait un peu rêver car il y tropical dedans… Même si en fait ce que j’aperçois de la côte ressemble plus à un décor de western, avec ses mesas posées au hasard des vallons arides. Une végétation de broussailles, pas d’arbres. Le désert. Des serres. Le désert et des serres…
Décor de Far West |
Alors que je faisais cap plein sud pour m’éloigner un peu de la côte, je me suis surpris à imaginer combien de temps cela me prendrait pour rejoindre le Maroc ou l’Algérie… Les conditions étaient idéales pour une telle traversée, et la Boiteuse marchait à cinq nœuds avec un vent de travers bien régulier. Un jour ? Deux peut-être ? Cela me semblait tellement facile… Pendant plusieurs minutes je me suis fais un trip de folie. L’Afrique m’appelait de sa douce voix, elle me disait « Viens mon bonhomme, viens. Je suis là, je t’attends… ». Et moi j’étais à deux doigts de garder mon cap et de suivre cette voix… Vraiment à deux doigts.
Et alors que je me levais pour descendre dans le carré pour regarder la carte, je me suis rappelé que j’avais un rendez-vous à Málaga… Et que je n’avais sans doute pas assez de clopes pour le voyage. C’est con hein ?
Pourtant, après vérification Oran n’était qu’à 100 milles, là juste en face. A portée de main. Avec l’allure que nous avions, la Boiteuse et moi nous aurions été aux portes de la ville aux premières lueurs de l’aube…
Plus tard, alors que je m’étais allongé sous la capote, le dos bien calé et les yeux rivés sur la poupe, j’observais le sillage et le train de houle qui soulevait la Boiteuse. Celle-ci venait sur le ¾ arrière, régulière, avec de temps en temps deux ou trois vagues beaucoup plus hautes que les autres. Je les voyais arriver de loin ces vagues, et lorsqu’elles passaient sous la quille je m’élevais alors comme dans un ascenseur. Deux, trois, quatre mètres ? Je ne sais pas. Mais j’avais l’impression de grimper très haut, toujours plus haut pour ensuite redescendre en glissant dans une vallée miniature.
Qui a dit que la mer était plate ? Lorsque la houle se mêle de vouloir animer cette masse liquide, elle en transforme la géographie. Cela devient alors une succession de crêtes, de gorges et de vallons que mon bateau gravis et dévale inlassablement. Ca en devient hypnotique…
J’ai essayé de déterminer s’il existait une espèce de régularité, de fréquence, dans le rythme de ces grandes vagues, mais malgré de longues minutes d’observation attentive et de minutage silencieux dans ma tête, je n’y suis pas arrivé… on dirait qu’elles viennent quand elles en ont envie. Je me suis dit qu’un surfeur serait sans doute plus à même de m’en dire un peu plus. Mais peut-être que lui aussi ne sais pas trop d’où viennent ces vagues… Et peut-être que c’est bien comme ça.
Parfait... |
Les voiles sont réglées au quart de poil, et le pilote ne travaille presque pas. La brise est régulière, comme le temps qui passe. Ce temps qui s’étire, s’étire, à en devenir presque impalpable. J’ai l’impression d’être dans un cocon tout doux. Tout est bien.
Quelque part, dans un coin de ma tête, j’entends distinctement la petite voix de tout à l’heure qui me dit combien ce serait chouette de continuer comme ça, tout le temps. Toute la vie.
Ce sont ces moments-là qui justifient toutes les galères que j’ai pu avoir, et toutes celles que j’aurais plus tard. Des moments parfaits. Putain, que la vie est belle.
S’il ya une chose que je commence à comprendre, et à accepter, c’est que ces moments parfaits se payent à un moment où à un autre. C’est comme ça. C’est la règle du jeu. Et lorsque je suis arrivé face aux bouées du port de San José, un petit port tout blanc niché dans les rochers, j’ai dû payer mon tribut.
La drisse de l’enrouleur de Génois s’est entortillée autour de la main-courante, et le temps que je la libère, le Génois s’était enroulé sur lui-même formant ce que l’on appelle un cocotier. Une espèce de gros nœud bien serré que j’ai eus bien du mal à dénouer. Et mon Génois aussi a eut du mal… J’ai vu sa bordure se déchirer, tout doucement au début et de plus en plus alors que je me démenais… Finalement j’ai dû carrément libérer les écoutes pour pouvoir enfin l’enrouler, mutilé, déchiré sur au moins trois mètres.
Lorsque j’ai rejoins le cockpit, mes bras, tout le haut de mon corps en fait, me faisaient mal tellement j’avais dû batailler avec ce Génois… J’étais épuisé. Mon corps m’envoyait un signal clair, et je me suis demandé combien de confrontations de ce genre je serais capable d’encaisser… Pas trop me semble t’il.
Une autre surprise désagréable m’attendait en arrivant au port, le prix de sa nuitée : 50,29 €.
Malgré tout, ces déboires de fin de journée n’ont pas entamés mon moral. J’étais bien, et j’avais décidé de le rester.
Le 03 Juin 2011, de San José à Almerimar
Capitainerie de San José |
Dès le réveil, enfin après mes petits rituels matinaux obligatoires, j’ai entrepris de changer ma voile d’avant. Cela m’a pris une heure pour virer le Génois et le remplacer par le Foc. Une heure de travail acharné, car je vous prie de croire que changer une voile sur enrouleur lorsqu’on est seul, ce n’est pas de la tarte. D’autant plus que je sentais encore dans mes bras les efforts de la veille. Un peu fatigué, j’ai zappé le pliage dans les règles du Génois en l’enfournant grossièrement en vrac dans son sac…
La météo s’annonce difficile… Du force 5 avec rafales à 6 toute la journée. Cela ne m’effraie pas plus que ça, sauf peut-être en ce qui concerne le début de ma navigation où je dois doubler le Cabo de Gata… J’interroge le marinero du port, qui me conseille d’attendre un peu et qui me dit que cela devrait se tasser d’ici 11H00. Et il avait raison. Comme quoi il faut toujours demander aux gens du cru des compléments d’information, car les cartes météo ne disent pas tout.
En attendant que ça se tasse, j’ai discuté avec Bill, un américain qui tout comme moi navigue seul sur son voilier de dix mètres. C’est marrant, mais ça a tout de suite collé entre nous. Sans doute parce que nous vivons les mêmes choses avec le même état d’esprit… Il lui est même arrivé quasiment les mêmes pannes qu’à moi !
Nous avons partagé pendant un moment nos expériences (enfin, j’ai surtout écouté en ce qui me concerne), et nous nous sommes séparés. Lui partant vers l’Est et moi vers l’Ouest. Ce fut une belle et fugitive rencontre.
A 11H30 je quittais San José, pour me retrouver en pleine baston. Bon d’accord, une petite rixe amicale dirons-nous. Un F4 bon poids, avec quelques rafales décoiffantes, rien de bien méchant. La mer est décorée avec plein de petites virgules blanches sur le sommet des vagues… Non, pas des virgules, des tildes espagnols plutôt. Comme des petits sourires tout blancs.
Dès la sortie du port je hisse la GV entière et je déroule la moitié du foc. La Boiteuse bondit de joie et caracole comme une folle. En moins d’une heure j’avais enroulé le cap au grand largue et je filais droit vers l’Ouest à une vitesse incroyable. Jamais moins de 5,5 nœuds, et avec des pointes à 9,6 nœuds ! Record de vitesse pulvérisé ! Bravo ma belle !
Derrière le cap c’est un peu plus calme. Juste un peu. Je déroule un poil de foc, pas beaucoup, à peine 30 cm… Voilà, c’est bien. Parfait.
Depuis un moment j’observe un bateau qui doit faire deux mètres de plus que le mien, et qui marche au moteur avec sa voile d’avant en appuis. Ce sont les allemands que j’ai vu partir une heure avant moi. Je les gratte inexorablement, pour le doubler à fond les ballons… Et ça, ça me rend fier de moi et de ma Boiteuse.
C’est futile je sais, mais la vie serait bien triste sans un peu de futilité de temps en temps.
Comme hier, je ne tarde pas à entrer dans un état un peu second. Je n’ai pas besoin de me regarder dans un miroir pour savoir que j’affiche un large sourire. Je suis bien.
Hier au soir avant de m’endormir, j’ai relu un passage de La longue route de Moitessier. Il s’agit du moment où il décide après avoir passé le Horn de ne pas rentrer en Europe et de continuer vers Bonne Espérance. L’année dernière, à peu près à la même époque, lorsque je l’avais lu, je n’avais pas trop compris ce qui lui était passé par la tête… Maintenant je comprends mieux. Enfin, je crois comprendre mieux. Il y a des moments, comme hier, comme aujourd’hui, où on se retrouve dans une telle intimité avec son bateau, on est tellement en osmose, qu’on voudrait que cela ne s’arrête jamais. Finalement c’est peut-être vrai ce qu’on dit ; Qu’on peut aimer son bateau comme on aime une femme. En tous cas, ce qui se passe entre la Boiteuse et moi, ça y ressemble beaucoup…
Il a neigé ? |
Après avoir traversé le golfe d’Alméria, je longe une avancée de terre proprement incroyable. Imaginez un peu une bosse de 30 Km de long sur 15 Km de large qui s’avance dans la mer avec en arrière plan des montagnes… Et cette surface énorme est entièrement recouverte de serres ! Des serres partout ! Le panorama est stupéfiant mais aussi un peu inquiétant… Stupéfiant car le spectacle est magnifique. De loin, avec le reflet que donnent les nuages ont a l’impression que ce ne sont que des champs de neige à perte de vue. Inquiétant parce que j’imagine les quantités phénoménales d’engrais en tout genre qui doivent polluer les sols et se déverser dans la mer…
J’ai sous les yeux le jardin potager de l’Europe. C’est d’ici que viennent la plupart des fruits et légumes que nous consommons vous et moi… Concombres compris, bien sûr !
450 Km² de serres... |
15H00, là pour le coup on est bien dans du F5. Les vagues déferlent tout autour de nous et la Boiteuse ne descend plus en dessous de 7 nœuds. J’enroule un peu de Foc par prudence. Il ne s’agirait pas de gâcher cette magnifique journée avec de la casse. Je me dis que j’ai du bol d’être au portant, parce que sinon j’aurais dû réduire un peu ma GV…
17H00, ça se corse encore un peu plus et je dois prendre la barre pour soulager le pilote automatique qui ne réagit pas assez vite pour gérer la conduite. Le vent a baissé très légèrement mais la houle s’est renforcée. De grosses séries de vagues déboulent par l’arrière en formant des creux impressionnants. L’air est remplie du rugissement des déferlantes. J’essaye de prendre quelques photos, mais comme je tiens la barre en même temps ce n’est pas facile. Dès que je me déconcentre une seconde pour viser avec mon appareil, la Boiteuse en profite pour se mettre un poil (quelques degrés à peine !) en travers de la houle et part en dérapage incontrôlé. Elle se dandine alors comme un bouchon de liège au milieu de ces grosses vagues. A l’intérieur tout ce qui n’a pas été soigneusement calé, valdingue dans tous les sens dans un bruit d’enfer.
17H45, c’est bon. Je me suis rapproché de la terre et ça se calme un peu. Je regarde avec admiration un couple d’oiseaux de mer effectuer des figures incroyables au ras des vagues. Des trucs que nous sommes, nous les humains, bien incapables de réaliser avec toute notre technologie… Et alors que je rêvais en regardant ces oiseaux, un autre oiseau à traversé mon champ de vision à moins de dix mètres du bord, de l’avant vers l’arrière. Je vous fais la version longue, car cela n’aura duré que quelques secondes :
-Tien, un oiseau… Il bat des ailes vachement vite dis-donc… Et pourquoi il est bleu d’abord ?… Mais… Mais c’est pas vrai !! Bordel de dieu un poisson volant !
Magique ! |
Je n’en croyais pas mes yeux, et pourtant c’était bien un poisson volant. Il faisait au moins quarante centimètres de long, bleu gris avec de longues ailes argentées. J’ai hurlé ma joie et mon cri s’est perdu dans le vent. Putain ! Un poisson volant vous vous rendez compte ? Le symbole des navigations sous les Alizés ! Ici ! Je rigolais tout seul assis sur mon banc, heureux comme quelqu’un qui voit se réaliser un des ses rêves les plus chers. Si vous saviez combien de fois j’avais imaginé ce moment… Et je le vivais enfin. C’était magique !
Et puis ça veut dire aussi une chose, ça veut dire que je me rapproche de l’Atlantique… Et ça mes amis, c’est encore un autre rêve qui se réalise.
Je suis resté à l’affut, espérant en voir d’autres, mais hélas cela n’a pas été le cas. Un égaré sans doute, parce que d’habitude ce genre de poisson se déplace en banc. (Bien sûr, la photo n'est pas de moi... Je n'ai pas eu le temps !)
Une heure plus tard j’arrivais au port d’Almerimar. L’accueil a été super sympa, et le prix est autrement plus raisonnable que mes deux précédentes escales. Après avoir amarré mon bateau convenablement, j’ai été pris d’un coup de barre. La fatigue accumulée de ces trois derniers jours, riches en navigation plutôt musclée, m’est tombée dessus comme ça, d’un coup. J’ai regardé les prévisions météo pour les prochains jours et je me suis rendu compte que la grosse perturbation d’Ouest qui était attendue pour lundi avait pris un peu de retard. Celle-là, je ne veux absolument pas m’y frotter car c’est du costaud. Des vents d’Ouest (dans le nez donc) à plus de 30 nœuds… Du F7 pendant 48 heures, se renforçant aux abords de Gibraltar en F8. Pas question de prendre le risque de me retrouver au milieu d’un truc pareil.
Almerimar |
Mon dilemme est que, comme je vous l’ai dis, j’ai rendez-vous à Benalmádena (à côté de Málaga) pour y retrouver mon ami Arnaud qui vient me rendre visite. Il devrait arriver le 11 et passer quatre jours avec moi. Il me faut deux jours pour faire les 83 milles qui me séparent de Benalmádena, et il faut absolument que je les fasse avant que la tempête ne me cloue sur place…
J’ai longuement réfléchis, et j’ai décidé tout de même de m’accorder une journée de repos, ici à Almerimar. Certes, je prends un risque en ne m’accordant qu’une marge de 24 heures avant le coup de tabac, mais à mon sens je prends un risque encore plus grand en navigant pas Force 5 en étant aussi fatigué. Hier au soir j’ai vu ma tronche dans la glace, et franchement je me suis inquiété moi-même.
Alors aujourd’hui, repos. Je vais prendre le temps d’une bonne douche, me raser, faire quelques courses et me préparer un vrai bon repas. Et puis dormir la plus grande partie de l’après-midi aussi… Comme ça demain je serais en forme pour continuer ma route vers l’Ouest.
Vers l’ouest, toujours vers l’Ouest, jusqu’à l’Atlantique où il y a plein de poissons volants !
8 commentaires:
Magie-fique !!!
mon GWEN !
Oui, la Boiteuse et toi c'est une histoire de sensualité...et l'orgasme du poisson volant !!!
Faut toujours que t'arrives à te synchroniser avec l'actu (les serres) ! :)
Autre synchro : pendant que je te lisais nous raconter la houle, le vent s'est levé sur terre, le frémissement des feuilles faisant office d'illustration sonore à ton récit (même si je me doute qu'il n'y ai pas beaucoup de feuillages en mer) ; de l'orage est prévu pour ce soir après des semaines de soleil d'huile.
Cette nuit quand Jupiter pètera ds les nuages, je penserai à toi. Et en guise de poissons volants j'aurai les mouches.
@Monique : En fait je me suis aperçu que ce qui se passait de plus en plus entre mon bateau et moi, ressemblait à ce que j’éprouvais lorsque j’étais tout prêt de celle que j’ai aimé. C’est du même ordre en tous cas… Et je comprends que des femmes soient parfois jalouses du bateau de leur mari..
@Bourreau : J’affirme haut et fort que le concombre espagnol est innocent Monsieur le juge ! La preuve, ici jamais on ne mettrait de la merde à son pied pour le faire pousser, mais seulement une bonne dose de NPK !
Sur mer, le vent est une composante essentielle. En fait, la mer sans lui ne serait que de l’eau salée. Une bassine de larmes, plate et triste comme une Jane Birkin.
Voilà mon Gwen qui se poétise ! Très jolie l'image finale !
Vent, orage, pluie ...ici aussi manque que la mer !!!
Les terriens, nous avons les grains, et tu as du bonheur, c'est bien. Je te souhaite en plus d'en avoir fini pour un bon moment avec les ports rapaces !
@Monique : Plaignez-vous, ça va vous faire de l’eau pour les cultures !
@Le Coucou : Les ports rapaces en effet… Un véritable racket pour les voiliers de passage. Cela-dit, Almerimar est peut-être le port le moins cher de la côte pour hiverner son bateau. 6,50 €/jour pour un 11 m !
ta comparaison avec JB me fait bien rire , et je la trouve juste .
Hélas, c'est vrai , je suis méchante et n'apprécie pas cette fausse ingénue .
Le ciel m'a privée d'internet tous ces jours , c'est pourquoi j'arrive un peu tard ; mais n'en apprécie pas moins le déroulé de ton voyage .
Je pense que la Boîteuse t'aime aussi, infiniment .
@Lucifer : Une semaine sans me lire… Que ça doit être éprouvant !
C’est vrai qu’on s’aime; Je pense qu’on se mariera quand on sera grand.
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