mardi 6 septembre 2011

La vie de ponton

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Je reconnais aisément que je mène une vie de privilégié, et ce quels que soient les critères avec lesquels vous examinez les choses. Que ce soit en Europe ou sur les rives de l’Afrique, ma vie n’est qu’une succession de jolis moments que j’entremaille parfois de galères sans nom, mais l’un dans l’autre on peut dire que l’ensemble est agréable. Vachement agréable

Jugez-en, cette semaine je n’ai pas bougé d’un poil du ponton. C’est-à-dire que j’ai passé mes journées à profiter du temps qui passe, à me distraire en voyant des super-films (Foncez voir Le monde de Barney ou encore les Winners, deux films avec Paul Giamatti. Deux merveilles !), à bricoler sur la Boiteuse à discuter avec mes voisins… Bref, que des choses agréables. J’ai même croisé un rayon de soleil…

En fait, maintenant que j’ai entrepris de vous raconter ce que j’ai fait, je m’aperçois que j’ai du mal à me rappeler quel fut mon emploi du temps… Et comme les pages de mon agenda sont vierges, ça va être coton de se rappeler de tout. D’ailleurs cela est-il vraiment nécessaire ? C’est vrai quoi, je ne suis pas obligé de vous faire un compte rendu circonstancié à chaque fois que je vous écrits. Pas vrai ?

Jean-Pierre & Jean-Pierre
Je me rappelle avoir passé au moins trois jours à tenter de réparer une fuite sur Miss B… Enfin, quand je dis trois jours, c’est pas plus de deux heures par jours, parce que après on n’a plus rien à faire le lendemain. Mais bon, j’ai passé quand même pas mal de temps pour réparer cette fuite sur le boudin bâbord. Une de ces fuites bien compliquée à colmater puisque située sous une couture… J’ai tout essayé. Plusieures rustines y sont passées, différentes colles, et au final, j’ai laissé tomber parce que ça m’a pris la tête. Non mais, on va pas se pourrir le paradis à cause d’une fuite tout de même ! Je n’aurais qu’à remettre un coup de gonfleur à chaque fois que je me servirais de Miss B, et puis c’est tout !

Vendredi, à la boutique de Maroc Télécom j’ai croisé une jeune femme tout à fait charmante, Latifa. Ah Latifa… Intelligente, jolie comme un cœur, cultivée, mais hélas trop prise pour me consacrer du temps lorsque j’ai eut enfin le courage de l’inviter à boire un café… A cette heure elle a dû reprendre son boulot à Casablanca, et je doute de la revoir un jour. Mais bon, j’en garde un très agréable souvenir car cela faisait bien longtemps que mon cœur ne s’était pas emballé de la sorte. Ce qui prouve qu’il est encore capable de battre, et ça c’est plutôt une bonne chose.

Après l'effort... Le réconfort !
Dimanche à été la journée solidarité. Jean-Pierre (celui de droite), un mien voisin, venait enfin de recevoir son nouveau mât (l’ancien ayant coulé corps et âme au fond de l’océan) après presque dix mois d’attente, et il était temps de procéder à sa mise en place. Nous nous y sommes tous attelé pour lui donner un coup de main, ce qui nous a permis de nous retrouvez le soir venu devant un sympathique apéro. J’ai fais mieux connaissance avec les autres voyageurs, et notamment j’ai pas mal discuté avec Louise, Ecossaise ou Galloise je ne sais plus, ce qui m’a permis de pratiquer mon anglais. Mon anglais qui s’améliore déjà pas mal puisque j’ai quasiment tous les soirs de bien belles discussions avec Taka, le premier navigateur japonais qu’il m’ait été donné de rencontrer. La premier Japonais tout court d’ailleurs. Moi qui suis depuis mes jeunes années fasciné par tout ce qui se rapporte au Japon, Taka a donc affaire à un interlocuteur attentif et curieux. Il m’apprend plein de choses et je lui en enseigne d’autres… Et chaque soir je me dis que j’ai bien de la chance d’en apprendre autant.

Philippe Jeantot himself !
Cerise sur le gâteau, ou griotte sur le clafoutis comme vous voulez, j’ai eu la chance de croiser à cet apéro un personnage célèbre, une figure de la voile, le créateur du Vendée-Globe ni plus ni moins, Philippe Jeantot. Hélas, je n’ai pas osé l’aborder et comme celui-ci repartait pour le Panama le lendemain très tôt, je n’ai eu qu’une photo à me mettre sous la dent… Tant pis !

Sinon quoi vous dire ? Ce matin je suis allé faire mes courses pour la semaine. En fait, étant donné que les commerces et le souk sont à perpette les olivettes, il s’agit pour moi d’une véritable expédition. Trois quart-heure de marche à pied en longeant la promenade sur deux kilomètres, puis en bifurquant vers l’intérieur de la ville en passant par la vallée des oiseaux. La vallée des oiseaux est un mini-parc zoologique où sont enfermées quelques exemplaires de la faune locale, ainsi que quelques animaux « exotiques » comme des wallabys. Il y fait plus frais qu’ailleurs et il est bien agréable de la traverser.

La vallée des oiseaux
Une fois qu’on a passé la vallée, on débouche sur l’avenue Hassan II et sur le marché central. Rien à voir avec les mercados que je fréquentais en Espagne. Il y a seulement quelques échoppes et le choix n’est pas ce qui frappe en premier lieux. Mais l’essentiel est là : Un boucher, un poissonnier, un primeur, une boulangerie-pâtisserie… Il y a même un charcutier qui vend du halouf !
Pour le reste, l’épicerie, il faut se rendre à l’Uniprix qui est au coin de la rue. « Uniprix »… Ce vestige du passé est un véritable Bazard, un attrape touriste si vous préférez, mais dans le fond on arrive à trouver quelques boites de conserve, des laitages et de l’alcool. Moi j’y ai acheté ce matin du beurre, de la soupe Harira (hyper-nutritif comme truc !), du lait concentré sucré et des boites de sardines à la sauce piquante. Étant donné l’état de mes finances, je me contente des marques locales bien évidemment, mais si l’on veut, on peut trouver pas mal de nourriture typiquement française. Total de la facture : 80 Dirhams

Nostalgie coloniale ?
Retour au marché central. Là j’y ai acheté deux cuisses de poulets et un demi-kilo de merguez, le tout pour 65 Dirhams.
Les haricots verts frais sont délicieux, et les pêches également, un kilo de chaque pour 20 Dirhams… Sans compter le pain qui est quasiment donnée je m’en suis donc sorti pour 165 Dirhams… et avec à ça je devrais pouvoir tenir toute la semaine.

C’est drôle tout de même… Je m’aperçois que je voulais vous parler de la vie tranquille que je mène sur les pontons d’Agadir, et je me retrouve à vous raconter ma liste de courses… 

Parmi les choses que j’ai faite, j’ai profité que Miss B était de sortie pour y écrire le nom de sa maman, à savoir la Boiteuse. C’est obligatoire, il faut que l’on puisse identifier à quel navire appartient une annexe si jamais on en trouve une qui se ballade toute seule… Et pendant un moment j’ai été tenté de faire comme font certains propriétaires ici, c’est-à-dire d’inscrire le nom du bateau-mère dans les deux langues, en arabe et en français. Finalement je ne l’ai pas fait, mais j’aurais appris que la Boiteuse se dit A Araj, et que lorsqu’on veut l’écrire ça ressemble à ça…

Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que sur le papier, l’arabe est une langue magnifiquement esthétique.

A bientôt !

Quelques photos supplémentaires :




5 commentaires:

cazo a dit…

Toujours un plaisir de lire de tes nouvelles.. même si tu aurais pu intituler ton texte "Une vie de pontonchon" tant l'on sent le temps s'écouler tranquille, tranquille...

Quand on en arrive à faire un compte rendu de ses courses pour remplir son carnet de voyage c'est que... bon... la vie est douce, et que pour l'instant ça te convient !! Et je le comprends...

Pourquoi faudrait-il qu'il se passe des choses trépidantes, originales, pittoresques, de l'aventure, du suspense ??? Pour tes lecteurs ??? Ah bon, et pourquoi d'abord ??? T'as signé avec un éditeur ???

Ben non, t'as fait un choix de vie, et dans la vie, y a des moments où il est bon que rien ne soit extraordinaire... où une belle rencontre éphémère suffit à embellir tous les jours de la semaine.

Comme je l'ai écrit tantôt, tu ne fais pas du tourisme, tu déplaces ta maison de quartier en quartier et fais connaissance avec tes voisins, et c'est bien ça que tu nous racontes.

Rien de trépidant, rien de palpitant, juste une douceur de vie qui flotte... Ben, moi, ça me suffit de sentir ça... ça me repose aussi !!!

;-) !!

Monique a dit…

Dommage pour le rayon de soleil qui passait sur ton chemin...
Así es la vida!

Et vive la vie de ponton !
Bien paisible et douce...

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Il est vrai que pour un peu je m’excuserais de la vie que je mène… Ce qui serait un comble, conviens-en.

@Monique : Un rayon de soleil, même s’il ne fait que passer, reste un rayon de soleil. Et celui-ci a illuminé mon weekend !
Bon Ok, j’eusse aimé qu’il m’éclairât plus longtemps, mais bon…

Thrse a dit…

Bien heureuse que tu passes du bon temps... Je n'ai pas eu le temps de tout lire, je te l'avoue, mais je reviendrai plus tard lorsque j'aurais plus de temps... Je voulais te laisser un petit mot pour te dire que déjà je pense à toi, et d'autre part, tes photos me font envie!

Gros bisous mon chéri, et à bientôt!

Gwendal Denis a dit…

@Thérèse : Étant donné que tu as retrouvé du boulot, j'imagine que tu es maintenant très occupée !
Aussi je te pardonne de ne pas avoir le temps !