16°53.203N
24°59.470W
Mindelo,
ile de São Vicente
Une
semaine et demie après mon arrivée au Cap Vert, je dois bien reconnaitre que
les choses n’avancent pas vraiment. Enfin quand je dis les choses, je parle des
trucs obligatoires que je devrais m’échiner à faire. Comme m’occuper de mon
bateau par exemple... Mais bon, ça n’avance pas. Ou plutôt je n’avance pas.
Résumons-nous
voulez-vous ? Lorsque je suis arrivé, j’avais quelques avaries à réparer
dont la plus importante était la rupture de mes deux tubes soutenant le
régulateur d’allure. Ça c’est fait, grâce aux compétences d’Alexandre un
voisin, qui disposait de tout le matos nécessaire pour me fabriquer deux
nouveaux tubes au diamètre plus conséquent. En deux jours c’était bâché, pour
une somme raisonnable.
Ensuite
il y avait la pompe de cale à changer... Là encore j’ai eu du bol de trouver
une pompe neuve au mini-ship de la marina, et là encore pour un prix inférieur
aux tarifs européens. Reste à l’installer, et c’est là que ça se corse... Je
vais devoir « inventer » un système pour adapter cette nouvelle pompe
à la tuyauterie existante. J’ai beau faire tourner mes méninges à plein tube,
pour l’instant je sèche.
Puis,
il faut que je fasse réviser mon démarreur... J’ai bien essayé de m’en occuper
moi-même, mais à peine avais-je démonté les premiers boulons je me rendais
compte que cela allait être au-dessus de mes compétences. Il va falloir que je
me dégote un mécanicien...
Reste
les accrocs aux voiles et le support du panneau solaire à changer, et je n’ai
pour l’instant pas eu, ni le temps ni l’envie de m’en occuper.
Sunset |
Ce
vent à décorner les bœufs qui souffle en permanence depuis mon arrivée rendant
cette marina dangereuse et inconfortable. Dangereuse pour le bateau je veux
dire. Je passe mon temps, de jour comme de nuit, à vérifier mon amarrage. A
m’inquiéter que ma pendille, que j’ai pourtant doublée, cède. Que mon bateau
percute le ponton... L’eau de la baie est en permanence comme en ébullition et
La Boiteuse se dandine comme si nous naviguions par force 3. Bref, ça me prend
la tête et je dors mal.
Ça me fait penser au mois de mars en Provence. Mars, le mois des fous. Le mois du
vent qui rend fou. Ceux de mes lecteurs qui vivent dans la vallée du Rhône
doivent comprendre ce que je veux dire. On a les tempes prises en permanence,
les nerfs à fleur de peau... bref, on est mal. Là, au moment où je vous parle
le bateau vient de prendre 15° de gîte sous une rafale à plus de 25 nœuds...
Fait chier.
La bière plutôt que le rhum |
Et
la première chose qui saute aux yeux du visiteur, en tous cas aux miens, c’est
qu’ici les gens sont beaux de ce métissage. Oui, beaux. Les femmes comme les
hommes ont une finesse de trait, une stature en même temps qu’une couleur de
peau que je trouve magnifique.
Vous
savez, chaque matin quand je prends mon café, je rajoute une dose de lait
concentré. Et à chaque fois mon poignet se fait plus ou moins lourd selon ma
fatigue ce qui fait que mon café a à chaque fois un goût différent... Et une
couleur différente. Mais ça reste mon café du matin.
C’est
comme ça que je vois le Cap vert. Une belle tasse de café au lait, avec plein
de couleurs qui vont du noir d’ébène au
lait légèrement teinté de café...C’est chaud, sucré, excitant aussi... Bref, c’est
beau et c’est bon le Cap Vert.
la monnaie du Cap Vert : L'Escudo |
Tout
ça pour dire que je pense rester quelques semaines de plus que prévu au Cap
Vert... Je m’en voudrais de partir d’ici sans avoir répondu à quelques
questions qui me taraudent et dévoilé quelques mystères...
Mais
pour l’instant, le vent me cloue sur place et m’immobilise aussi bien
physiquement que mentalement. J’ai un peu peur de laisser La Boiteuse livrée à elle-même,
aussi je me contente de rester dans le périmètre de la marina. Cela dit le
spectacle n’y est pas inintéressant. Entre les rares bateaux de voyage qui
restent encore dans le coin, la flottille de pêche au gros qui part tous les
jours écumer les parages, je n’ai pas de quoi m’ennuyer. J’observe avec un
certain détachement ce spectacle où se côtoient toutes sortes d’acteurs. De la
famille avec enfants en bas âge à l’anglo-saxon complètement bourré en
rentrant de la pêche... J’ai de quoi enrichir mon regard sur le genre humain,
croyez-moi.
Bon,
il faut que j’aille relever ma nasse pour récupérer quelques poissons perroquet
à donner à manger à Touline. Elle vous salue bien d’ailleurs, et moi aussi par
la même occasion.
11 commentaires:
Tes photos me rappellent de bons souvenirs...
Nous avions trouvé qu'être au mouillage était plus confortable que la marina, avec mon sens de l'équilibre je tanguais sur les pontons :), et ce n'était pas le punch!
Une idée en passant pour ton article : as tu essayé d'aller dans un collège/lycée/université (il doit y avoir à Mindello) et de demander à des profs si ils souhaiteraient parler de leur pays avec toi?
Bises et bon séjour
Et bien, que de choses à faire!
Tes photos me font voyager avec toi! Quelle chance que tu as!
Prend le temps que tu veux, tu es parti pour ça! Rappelle toi, pas de contrainte! tu fais ce que tu veux comme tu le sens!
Nous pensons tous ici fort à toi!
Je t'embrasse et toute la famille se joint à moi!
Gros gros bisous mon petit marin préféré!
@Alexandra et Xavier : Je ne veux pas aller au mouillage car je m'y sentirais beaucoup trop seul...
J'ai envoyé une bouteille à la mer via l'émission d'Allo la Planète pour trouver des contacts, j'attends que cela porte ces fruits. mais dans l'idéal, c'est vrai qu'une classe de collège ou de lycée, j'adorerais !
@Thérès : Tu as raison, je n'ai que peu de contraintes et je dois en profiter. Si seulement ce vent pouvais cesser...
Quel contraste avec le video... contraste aussi entre les flots et le vent et la sérénité nonchalante des tropiques qui transpire des photos et de ton carnet de bord de la semaine écoulée...
"Ces blancs!!... ils ont tous une montre, mais ils n'ont jamais le temps !!"
C'est le moment de prendre le temps de vivre l'instant...
:-) !
Bonjour la Boiteuse
Cette nonchalance ce ne serai t’il pas le début d’une zenitude toute Créole vivre avec le temps qui passe et ne pas vivre pour le temps .
Le peu de bateau de voyage qu’il doit y avoir sur Mindelo c’est plutôt normal ont évite cette région et ces latitudes de mai à fin septembre voire énormément de bateau en novembre en attende d’une fenêtre météo pour la traversée, prend du bon temps au Cap vert chaque iles est différentes
Benoit
@Cazo : Oui, il faut oublier la montre et la notion de temps... Pas facile, mais je m'exerce !
@Benoit : La marina est au 3/4 vide et le mouillage est plein de résidents ou de bateaux à l'hivernage, voir à l'abandon... On est complètement hors saison en effet.
A t'ecouter parler de la creolité, des paysages, des couleurs et des femmes je me dis que tu es pret pour Cuba...
Amitiés
@... : Hélas Cuba ce ne sera pas avant trèèèèèèès longtemps. Mais j'y ai prévu de m'arrêter. C'est obligatoire !
J'aime ton regard sur le café au lait..demain le monde entier sera entièrement métissé..et peut-être les mentalités évolueront..
Prends le rythme tropical et n'hésite pas t'approcher de si belles filles !!!
Merci pour ces fresques non pas kitsh mais naïves (nuance), ça me rappelle celles du Portugal post-révolution des oeillets. Je préfère nettement cette forme de propagande populaire à celle des Séguéla et autres pubars à Rolex.
@Monique : Ce sont deux vœux pieux que tu fais là ma Momo !
@Bourreau : Naïves oui, tu as raison. Tien, tu viens de me donner une idée pour une série de photos... Je vais vous faire des clichés des pub 4 par 3 qu’on trouve ici.
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