jeudi 9 juin 2011

Impressions de Benalmádena

36°35.746N 04°30.803W
Benalmádena

Il est cinq heures et demie et il fait encore nuit. Je savoure à la fois la quiétude du moment et l’arôme de mon café matinal.
Depuis que je suis arrivé à Benalmádena, la première chose que je regarde sitôt levé, c’est le niveau de la marée. Bon d’accord, elle n’est que de, attendez je vérifie, 37 cm, mais 37 cm c’est quand même 37 cm… Et c’est important surtout lorsqu’on est amarré à un quai en béton et que ça bouge pas mal. Ben oui, suivant la façon dont vous avez tendu (ou pas) vos haussières, votre bateau est plus ou moins attiré vers le quai. Et c’est toujours bien de surveiller ces choses là.

Ensuite, suivant l’heure je peux aussi bien attendre que les perroquets qui logent sur les palmiers se réveillent, ou bien j’essaye de trouver des trucs à faire. Des trucs importants, cela va de soi. En même temps il est peut-être un peu tôt pour s’atteler à des choses importantes, aussi je vais attendre que les perroquets se réveillent en écrivant quelques mots sur mon clavier.

Délires ?
Benalmádena… Comment vous dire… Benalmádena c’est un phantasme. Un rêve comme seuls les promoteurs immobiliers peuvent en faire après avoir passé une soirée à bien picoler. A la fin de la soirée, il y en a un qui dit pour faire marrer les autres : « Et si on s’inspirait du dessin animé Aladin ? ». Et de continuer son délire devant la mine intéressée des autres : « Ben oui, on pourrait mettre plein de coupoles et de pointes comme dans la ville de Bagdad. Ça ferait comme si on était dans les milles et une nuit ! ».

Bien sûr, il y en a toujours un qui a un peu moins bu que les autres pour ramener sa fraise et rétorquer : « On avait pas parlé de Venise au départ ? ».
- Oui, et alors ?
Le problème c’est que le lendemain, même avec la gueule de bois, ils l’ont fait, et ça a donné la marina de Benalmádena. Une espèce d’architecture improbable, une Venise à la sauce harissa avec ses arcades boutiquières, son petit aquarium de 500 m² baptisé pompeusement Sea Life, ses piscines sur les toits et ses magasins spécialement dédiés à une clientèle saxonne. Tout est traduit en anglais, les restos font l’effort de servir à partir de dix-huit heures, et dans un petit market on trouve même des denrées que seuls les saxons sont capables d’avaler.

Et ça marche.

Le pont des soupires ?
C’est bien ça le plus étonnant à mes yeux. Le port de 1100 places est plein à craquer, des bus déversent inlassablement leur cargaison de touristes qui viennent admirer (?) les lieux et faire du shopping…
Lorsque je marche le long des plages de sable brun ou sur les promenades, je croise l’anglaise à la cuisse blanche et à la poitrine rougie par le soleil, l’allemand en short et chaussettes dans les sandales, la blonde suédoise (ou bien norvégienne ?) aux longues jambes bronzées…
Je sais, ce ne sont que des clichés… Mais je n’y peux rien, car à Benalmádena tout n’est qu’une longue suite de clichés.

Alors vous allez me demander : Mais elle est où la belle andalouse ? Où est celle qui enchantait mon imaginaire d’adolescent ?

Et bien elle est là, sous mes yeux, avec ses cheveux teints et son sourire commercial, planquée derrière sa caisse de supermarché ou son comptoir d’office du tourisme…

Quelque part, je suis dégouté…

Vous avez dit clichés ?
Du coup, et bien je retourne à mon bord et je m’occupe de moi et de mon bateau.
Pour ce qui est de moi, je veille à me mijoter de bons petits plats et en ce qui concerne la Boiteuse, je veille à ce qu’elle ne manque de rien. Son Génois est chez le tailleur pour être reprisé, et j’essaye de voir comment je peux faire pour réparer son sondeur qui déconne.
Pour se faire, j’ai dû prendre mon premier bain d’eau de mer. Et oui, mon premier bain depuis mon départ. J’ai mis mon masque et j’ai plongé sous la coque pour vérifier si les algues n’en prenaient pas trop à leur aise. On va dire que ça va, mais un coup d’éponge douce ne serait pas un luxe. J’en ai profité pour jeter un œil à mon hélice et là deux surprises m’attendaient.
La première c’est qu’effectivement le type qui était sensé l’avoir gratté à Sète avait bien fait son boulot. Et la seconde c’est qu’un amas de plastique et de bouts de ficelle s’étaient enroulé autour et faisait comme un gros bordel.

La récolte du jour...
Je me disais aussi que mon bourrin ramait un peu… Et bêtement j’avais mis ça sur le compte des courants contraires. En quelques minutes j’avais enlevé tout ce qui gênait et je suis remonté vite fait pour aller prendre une douche car l’eau d’un port n’est jamais très saine… J’en sais quelque chose puisque je pisse dedans tous les jours.

En prenant ma douche je me disais que j’étais content de moi… Rien de mieux en effet pour se mettre en valeur par rapport à soi-même que d’effectuer une tâche importante longtemps reportée. Ça vous donne l’impression que vous êtes plus fort que vous-même… Mais malheureusement ça ne vous aide pas à prendre les grandes décisions. Comme celle de savoir quel va être mon itinéraire à partir de la semaine prochaine par exemple… Non, pour ça il va me falloir réfléchir encore un peu. A moins qu’un des ces signes qui m’accompagnent depuis mon départ ne vienne m’indiquer la route ? Allez savoir…

D'autres photos :


11 commentaires:

lucifer ! a dit…

Mmmm ! le café du matin dans la paix de mon océan jardinal ,avec l'éveil des oiseaux !
On partage ?

Giorgio a dit…

Coucou Gwen, je crois que dès que tu sera au Maroc, tes impressions vont changer radicalement, quitte au plus vite cette vieille Europe pleine de tous ces clichés nauséabonds, comme Lucifer, je suis tes aventures depuis mon havre Aveyronnais, avec un oeil sur mes tomayes/basilic... y'a que la mozarella qui ne pousse pas dans mon jardin... Bonne continuation, on t'embrasse tous!

Monique a dit…

Tu as bien fait d'aller faire un tour sous la Boiteuse !!
Faudra y penser de temps en temps !!!

Etrange,en effet cette architecture
tarte à la crème..on dirait un décor de Disneyland, pour rappeler aux touristes l'Andalousie médiévale mauresque ?

Et Malaga ? tu y vas quand et comment ?

Gwendal Denis a dit…

@Lucifer : Ah non, désolé, ce moment-là j’aime à le vivre seul. Je peux être extrêmement sympathique et partageux toute la journée, mais la première heure du jour elle n’appartient qu’à moi. Sinon, je mord !

@Giorgio : Dès que je serais au Maroc dis-tu ? Pour toi cela semble acquis donc… J’ai encore quelques jours pour décider si j’y vais ou pas. Ce qui m’ennuie un peu c’est que les côtes marocaines ne sont pas très hospitalières pour un marin. Aucune possibilité de mouillages, très peu de ports, et des hauts fonds à gogo…

@Monique : Malaga est à une quinzaine de kilomètre… On peut y aller en train ou en bus (je me suis renseigné) et je pense que nous irons y passer une journée avec Arnaud. Mais quand ? Je ne sais pas encore. On verra !

cazo a dit…

Hum... cornélien en effet, comment fuir la zone euro et ses ports touristiques trompe-couillons sans aller au Maroc ??? Algérie alors, ou Mauritanie, Sénégal, sans escale ???

Si ça peut t'aider à prendre un cap, en fouinant j'ai trouvé ça :
http://www.sea-seek.com/pilot_guide/?geo=1430

@ Giorgio : Allons, allons, mon Ami, ne me faites pas croire que, faute de posséder vous-même quelques chèvres débroussailleuses pour en tirer de quoi confectionner vous même un petit chèvre frais, il n'y pas à deux pas un marché dans lequel vous trouveriez de quoi remplacer votre mozzarella estrangère et au bilan carbone contestable par une petit chèvre frais (ou un brebis)issue d'une agriculture paysanne respectueuse de l'environnement et du consommateur !!

Ne me faites pas croire ça, pas en Aveyron !!

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Je ne connaissais pas ce site ! Merci Cazo !
Hélas ça ne résout pas mon problème pour autant…

Trinita a dit…

Quitte à balancer je l'fais jusqu'au bout ou pas ? Je le dis que, sauf problème technique, lundi vers 19h sur Le Mouv..? Non, j'dis rien, hein ?

Gwendal Denis a dit…

@Trinita : Grrr... Cafteur !
Bon, je vous ferais un petit speech demain pour officialiser le truc.

Trinita a dit…

Gwendal, tu peux virer mon commentaire si tu veux. (Ou plutôt mes commentaires, et le tien :) ) Ca ne serait pas de la censure, et je ferais comme si je n'avais rien dit. Salut !

Monique a dit…

Vous allez arrêter, avec vos cachoteries, tous les deux ?

Gwendal Denis a dit…

@Trinita : Mais non, t’inquiète ! Ca y est j’ai lancé la bouteille, maintenant tout le monde est au courant.

@Monique : Héhéhé…