vendredi 4 novembre 2011

Branle-bas de combat

30°25.322N 09°37.025W
Agadir

Une fois n’est pas coutume, c’est installé en tailleur dans le carré de la Boiteuse, bien au chaud, que je rédige ces quelques lignes.
Je dis, bien au chaud, car sans pour autant que ce ne soit pas l’hiver au sens où j’ai l’habitude de l’entendre, les températures ont sérieusement dégringolées ces derniers jours. La faute à cette série de dépressions qui balaie l’Atlantique et dont mes lecteurs européens ont certainement eu à subir les conséquences.
Ici, à Agadir, cela s’est traduit par un branle-bas de combat général. Certains bateaux au fort tonnage ont été ramenés sur le ponton principal, et tout le monde a dû revoir son amarrage en prévision d’une houle de quatre mètres cinquante attendue dans la soirée d’hier. Et celle-ci est arrivée… Mais pas toute seule. Pour la première fois depuis des mois il a plu.
Et pas de la petite bruine de merde je vous prie de le croire. Le ciel nous est carrément tombé sur la tête pendant une bonne partie de la nuit et la houle est entrée dans le port faisant valser la Boiteuse comme si elle était en pleine mer.

Tout est à refaire...
Deux conséquences à tout ça. D’abord j’ai eu la malencontreuse idée de continuer à peindre hier matin, attaquant la partie délicate du cockpit. Et pour ce faire j’ai démonté la capote et le pare-brise en plexiglas… Et j’avais à peine nettoyé mon pinceau que la pluie arrivait, faisant comme une réaction chimique sur la peinture fraiche. Des bulles sont apparues et tout mon travail de la matinée a été ruiné. Je suis bon pour tout poncer et recommencer !
Ensuite, faute de la protection que m‘offrait la capote, j’ai été obligé de me calfeutrer à l’intérieur, fermant tout, hublots et capot de descente. J’ai passé la nuit à écouter la pluie tambouriner sur le pont. Attentif aux mouvements du bateau. Au moindre bruit suspect.
Vers deux heures du matin, n’arrivant toujours pas à trouver le sommeil, je me suis levé pour vérifier une énième fois que les haussières étaient intactes. Et vérifier également celles des bateaux voisins dont les propriétaires n’étaient pas là. Puis j’ai enfin réussi à m’endormir… Jusqu’à ce que cette chipie de Touline me réveille à cinq heures trente du mat, comme d’habitude.
Une courte nuit, donc.

Mais le travail est déjà bien avancé !
Aujourd’hui fut comme la nuit précédente, stressante. Chacun a fait le guet, et les conversations tournaient toutes autour du même thème. La sécurité de nos maisons flottantes. Pour ma part, la Boiteuse étant plutôt légère, moins de six tonnes, je ne risque pas grand-chose en fait. Elle se dandine comme si elle était en pleine mer, et j’avoue que c’est même agréable quelque part de retrouver cette sensation de déséquilibre permanent. Non, le risque vient plutôt des pontons qui ne sont pas de première jeunesse et pas mal abimés. Si ceux-ci venaient à se disloquer, toute la flottille serait alors drossée sur les quais en béton et ce serait la catastrophe… Donc vigilance de tous les instants, et on se tient prêt à décarrer au plus vite si jamais ça venait à dégénérer.

Sinon, je peux vous annoncer que le compromis de vente de la maison a été signé aujourd’hui. Ce qui veut dire que j’ai encore à attendre au moins deux mois avant que de pouvoir m’en aller d’Agadir. Cela fera donc en tout quatre mois et demi d’escale.
Le mouchkila, le problème en dialecte marocain, c’est que je n’ai qu’un visa de tourisme valable trois moi… Je vais donc être obliger de quitter le pays, pour pouvoir de nouveau y entrer et bénéficier d’un autre visa de trois mois. Ca va, vous suivez ?

Mon copain le héron se rapproche...
L’idéal serait de prendre la mer pendant quarante-huit heures et de revenir me percher ici. Mais bon, cela ne me tente guère car ce serait courir des risques inutiles. Non, ce que j’envisage de faire, c’est de me rendre par le bus et le train jusqu’à Tanger, puis rejoindre Ceuta, l’enclave espagnole située en face du rocher de Gibraltar… En gros quinze heures de voyage à travers le Maroc.
Je me dis qu’utiliser les transports en commun pour traverser tout le pays, ce peut être un bon moyen de le découvrir justement… Et puis j’ai toujours adoré les trains de toute façon.
Reste à savoir ce que je vais faire de Touline, mais je gage que je trouverais facilement quelqu’un pour la nourrir pendant deux jours.

Voilà, j’en ai fini pour aujourd’hui. Dehors le vent souffle et fait claquer la bâche qui me sert de taud. La houle semble s’être calmée un peu… Je pense que je vais arriver à trouver le sommeil.

6 commentaires:

Thrse a dit…

Ben chez nous, c'est l'horreur... La pluie ne cesse de tomber. Orages sans fin et pluie sans fin! Il fait nuit toute la journée tellement le ciel est gonflé de nuage noirs... Notre rivière a débordé... J'ai laissé des vidéos sur google + en partage si tu veux...

Gros bisous et bonne fin de journée

Gwendal Denis a dit…

@Thérèse : Chacun sa merde ! Ici, malgré la pluie d’hier et le vent aujourd’hui, il a quand même réussi à faire 28° C !
Non, je rigole… Je sais comme il peut tomber le ciel par chez nous. Bon courage !

Thrse a dit…

Ben elle a toujours pas fini de tomber... Grrrrr!!!
Bisous mon chéri!

Gwendal Denis a dit…

@Thérèse : Tu veux que je te prête mes palmes ?

Twerp a dit…

Salut Gwendal, dommage pour les mauvaises temps. We are stuck in the canaries waiting for boat parts that have been seized by the spannish douanes, 23 days and counting. I love your blog and I love to follow your adventures with Touline. If you take the bus to Ceuta what will you do with La Touline? Bisous à vous deux, elizabeth, francois, et lole de la San Miguel

Gwendal Denis a dit…

@Twerp: Thank you Elizabeth for these compliments on my blog! I am red with pleasure!
23 days blocked on a parking lot! Hard!
When I would leave for Ceuta, I will ask to neighbors to feed Touline. During 48 hours, it should be well...