jeudi 29 mars 2012

De Las Palmas à San Sebastián

28°05.360N 17°06.543W
San Sebastián de la Gomera

13H00, je décolle du ponton gasoil après avoir fait le plein de mes réservoirs. Le port est payé, je suis passé à la petite superette pour acheter du pain du beurre et des bananes, et puis surtout je me suis appliqué à dire au revoir à un maximum de personnes.
Je vais avoir un peu de mal à citer tout le monde, les omis m’excuseront, mais mon séjour à Las Palmas a été émaillé de plein de rencontres toutes aussi passionnantes et agréables les unes que les autres. Il a bien sûr mon voisin Simon et sa femme Jeannine... Que c’est agréable d’avoir des voisins pareil ! D’abord ils sont devenus dingues de Touline, qui le leur a bien rendu, mais aussi grâce à Simon j’ai appris plein de choses ! Et la principale étant de ne plus avoir peur de mon moteur... Car oui, étant donné mon incompétence en matière de mécanique, je vous avoue que jusqu’à présent dès qu’un truc clochait dans le moulin j’étais complètement perdu. Maintenant que je sais à peu près comment ça fonctionne, je suis un peu plus serein. (Oui, j’ai bien écris « à peu près », car je reste un néophyte). Je crois que la prochaine fois que Mercedes me jouera des tours, je lui rappellerais ce que m’a dit plusieurs fois Simon, à savoir que j’avais probablement le meilleur moteur de tout Las Palmas... Espérons que ça satisfera la belle allemande !

Hasta luego Las Palmas !
Ensuite il y a eut cette famille complètement incroyable pour qui veut rester dans les sentiers battus ; Maud et Bruno avec leurs deux enfants Oscar et Arthur. Leur histoire est une véritable épopée. Pour la faire courte sachez que parmi les candidats à la transat qui sont venus me voir pour embarquer avec moi il y avait cette famille... Mais vous imaginez bien que je ne pouvais pas prendre quatre passagers dont deux enfants de deux ans et demi et cinq ans, c’eut été pour moi beaucoup trop de responsabilité, sans compter que la Boiteuse est bien trop petite pour cinq.
D’ailleurs c’était sans doute le cas également pour la plupart des bateaux puisque la petite famille se trouvait « coincé » à Las Palmas depuis plus de six mois, entassé dans un vieux combi. S’ils voulaient traverser un jour, il ne leur restait plus qu’à acheter un bateau et à le faire eux-mêmes. Et bien c’est ce qu’ils ont fait ! La semaine dernière ils ont fait l’acquisition d’un First 30 appelé Nonobstant qui deviendra pour des années, enfin je le souhaite, leur nouvelle demeure et leur fière monture.

La famille pirate !

Je ne voudrais pas oublier Patrick et Insa que j’avais connu à Gran Tarajal en juillet, et puis aussi Philippe que je n’ai pas connu aussi longtemps que j’aurais voulu étant donné qu’on va dans le même coin... La Patagonie ! Bref, j’ai fais mon petit tour et ce n’est qu’à 13H00 que j’ai pu enfin larguer les amarres.

Dès la sortie on attaque dans le vif du sujet avec deux heures de moteur, vent et houle dans le nez pour pouvoir contourner l’ile de Gran Canaria pas le Nord... Entrée en matière plutôt désagréable pour moi comme pour Touline après six semaines à terre. La Boiteuse attaque la vague comme une brave, mais ce n’est pas sans en prendre plein la carène. A l’intérieur ça secoue pas mal et le tangage a tendance à me rendre malade (plus que le roulis d’ailleurs).

C'est lui qui barre maintenant
15H00, la pointe de la Isleta est passée, on peut maintenant piquer vers l’Ouest sous voile... et il est temps pour moi d’essayer mon nouveau régulateur d’allure Navik. Les débuts furent assez rigolos je peux vous le dire. Notamment lorsque j’ai cru que tout était enfin en ordre et que la Boiteuse a commencé à faire demi-tour ! Normal, la pale aérienne était dans le mauvais sens !

Mais bon, après quelques tâtonnements, quelques réglages, la Boiteuse commença à suivre une route impeccable... Pourtant nous n’avancions qu’à 3 nœuds par le travers, mais j’ai été franchement épaté par les qualités de cet engin. Quel confort ! Quelle réactivité ! Ce pauvre Monsieur Pilote qui depuis un an m’a rendu tellement de service, se retrouve relégué au rang d’auxiliaire pataud et énergivore !
Bon, le seul souci avec un régulateur c’est qu’il faut veiller en permanence à ce que le vent ne change pas de direction, sinon vous changez vous aussi de direction... Par exemple pendant la nuit celui-ci a viré à l’Est à la faveur d’un petit roupillon, et je me suis retrouvé à m’écarter de ma route d’une jolie manière.  Bon, heureusement je m’en suis aperçu assez vite et je n’ai perdu que quelques milles.

Oups ! le vent à viré à l'Est !
Une autre de mes nouvelles acquisitions qui m’a bien facilité la vie fut l’AIS. Avec cet appareil je pouvais voir sur mon écran d’ordinateur tous les ferrys qui se baladaient dans le détroit entre les iles. Qui plus est, celui-ci sonnait toutes les demi-heures, ponctuant le temps et m’empêchant de dormir trop longtemps. Pendant ce temps-là les batteries fonctionnaient apparemment bien, alimentant toute l’électronique et le frigo. Pour info (surtout pour Jean-Michel !) je ne suis jamais descendu en dessous de 12,6 V et les panneaux solaires m’ont fait remonter à 13,1 V avant même le soleil de midi. Le top.

C’est bien simple, cette navigation pour aussi courte qu’elle fut m’aura permis de valider tous mes choix en matériel. J’ai pu essayer le régulateur sous toutes les allures et toutes les forces de vent. Aussi bien au portant qu’au près serré, et de la pétole molle au F5 Beaufort.
La consommation en électricité a été très fortement réduite et c’est compensé d’elle-même en quelques heures... Bref, comme je vous le disais, le top.

La gîte n'est pas un problème, il suffit de se caler !
La dernière partie de la traversée, celle qui m’amena de la pointe sud de l’ile de Tenerife à San Sebastián fut même relativement sportive puisque pendant trois heures nous avons filé à 5 nœuds au près ultraserré (à 25° du vent, oui Msieurs-Dames !). Les chandeliers dans la flottes et 35° de gîte ! Pas vraiment le pied, mais assez cool quand même. Surtout quand vous voyez un autre voilier obliger de tirer des bords alors qu’il suit la même route que vous.

En fin d’après midi l’ile de la Gomera apparait dans toute sa splendeur. Enfin, moi je l’ai trouvé jolie avec sa forme de gros rocher rond planté dans l’eau. De hautes falaises, des vallées profondes... Franchement La Gomera vu de la mer, ça a de la gueule.

San Sebastián est en vue
Alors que je m’amarrais au ponton gasoil pour taper la discute avec le marinero de garde (il était presque 19H00), j’ai eu la surprise de voir débarquer deux flics de la Guardia Civil. D’emblé ils m’accostent en me faisant le reproche de ne pas avoir emprunté le canal d’accès à la marina. Ah bon, il y a un canal d’accès ? Demande-je naïvement.
Ben oui y’en a un. Une espèce de signalisation bâtarde, mal fichue et peu réglementaire qui est sensée faire contourner l’accès des ferrys. Mouais... J’ai bien vu qu’il ne servait à rien de contester ou du justifier mon tout droit, alors j’ai fait le canard. Ils ont été sympas, je m’en suis tiré avec un avertissement.
Moralité, si des navigateurs me lisent et veulent rejoindre San Sebastián, faites gaffe à l’arrivé, il y a un piège.

Sinon, à 15 euros la nuit le port de San Sebastián est cher mais on en a pour son argent. La ville me semble pour l’instant coquette et tranquille, et l’atmosphère est comment dirais-je... Tranquille, je ne vois pas d’autre adjectif !
J’ai fais quelques pas ce matin pour prendre mes marques, et ce que j’ai vu m’a séduit. J’ai même repéré deux musées gratos que je vais me faire un plaisir de visiter. Je vous raconterais bien sûr !
De même j’ai entendu parler du parc naturel de Garajonay qui vaut apparemment le détour avec ses forêts d’altitudes... M’enfin, on verra. Pour l’instant je prévois de rester jusqu’à lundi prochain, mais je me garde la possibilité de modifier mes plans au gré de mes envies et de mes rencontres.

La suite en images qui bougent pas !

Regarder le soleil se lever avec Comme un légo de Bashung dans les oreilles. Le pied !
Pour Touline aussi les premiers rayons du soleil sont les bienvenus
Version avion de chasse !
San Sebastián au petit matin
La torre del Conde


5 commentaires:

Thrse a dit…

Très belles tes photos! JE vois que tu progresse, c'est bien!

Je te souhaite tout plein de bonnes choses et t'embrasse très fort!

Bonne soirée mon cher Gwendal!

Gwendal Denis a dit…

@Thérèse : Merci ma Chérie ! Bises à ton homme et aux enfants !

la Lésion d'Honneur a dit…

J'ai hâte d'en savoir plus sur l'ile et tes impressions... Bonne continuation et @+

lucifer ! a dit…

Ainsi, où que l'on aille, on risque d'avoir la police comme interlocuteur premier!
sympa!de quoi te remettre les pieds dans tes baskets ...
Si Bashun savait !
"ah... petit! tu veux échapper aux contingences citoyennes ! mais nous, on est toujours là "
Des photos superbes ...Que chacun de tes jours soit au même tempo!

Gwendal Denis a dit…

@La Lésion : Pour une fois je compte bien me donner le temps de visiter un peu...

@Lucifer : Ils m'ont fait penser au flics Marocains qui se planquent pour piéger les touristes avec des fautes imaginaires.