16°53.203N
24°59.470W
Mindelo,
ile de São Vicente, Cap Vert
Les ferrys d'ici me rappellent ceux de Tintin... |
« Passer
à autre chose », ne veut pas dire qu’on oublie, cela serait bien trop
facile. Il y a des images que l’on n’oublie pas. Jamais. « Tourner la
page », franchement c’est une chose que je ne sais pas faire. La seule
chose que je suis en mesure de faire c’est d’avancer. Avancer avec une pierre
de plus dans mon sac. Je crois bien qu’on en est tous là finalement...
La
mort de José a particulièrement secoué la population de Mindelo. Je ne compte
plus les paroles de réconfort que j’ai pu récolter ici ou là, venant tout aussi
bien de la communauté française que des capverdiens. Les gens sont choqués, et
les mots que j’entends le plus souvent sont : Ce n’est pas ça le Cap Vert.
Ils
n’ont pas tort. Même si, comme dans tous les pays, la violence n’est pas
absente des rues capverdiennes, de mémoire de Consul de France, en quinze ans,
personne n’avait jamais vu ça. Ces dernières années, suite aux pressions
multiples de la diplomatie européenne, la criminalité envers les touristes avait
même spectaculairement baissée... Mais bon, il suffit d’un cas, un seul, pour
que les vieux démons ressortent et que j’entende le pire dans la bouche des
expatriés du coin. Du genre vieux poncifs xénophobes et néocolonialistes, si
vous voyez ce que je veux dire... Dégueulasse.
Et
moi, vous demandez vous ? Et bien je vais sans doute vous surprendre mais
j’ai une pêche d’enfer. Non, sans blague, c’est vrai. Ce drame que j’ai vécu
aurait pu légitimement me scier les ailes. Tempérer, voire carrément mettre un
coup d’arrêt à mes envies de liberté et d’aventure... Et bien c’est exactement
le contraire qui s’est produit. Depuis la mort de José j’ai une de ces soif de
vivre et de réaliser mes rêves !
Je
me dis que j’ai même une motivation supplémentaire pour continuer... Il m’est
souvent arrivé de penser que je voyageais pour tous ceux qui ne le pouvaient pas.
Et bien maintenant je voyage aussi pour ceux qui ne le peuvent plus.
Alors
je voudrais répondre collectivement à tous ceux qui s’inquiètent pour mon moral :
Je vais bien !
Je
vais bien donc, et je vais continuer ma route. Après la mort de José, je m’étais
en quelque sorte promis deux choses. Attendre que son corps soit rapatrié vers
la France, et être assuré que le Magoër soit entre de bonnes mains. Le corps de
José partira par avion ce dimanche, et j’ai, ce matin en présence du Consul,
officiellement confié les clefs du bateau à un skipper professionnel qui se
chargera des réparations et du convoyage.
J’ai
tenu mes promesses, je peux donc quitter le Cap Vert en pouvant me regarder
dans une glace.
Parce
que je pense que vous le comprendrez, j’en ai un peu soupé du Cap Vert...
Ça se mange ce truc ? |
Le diamètre et l'épaisseur ont été doublés |
Il
faut aussi que je plonge pour nettoyer la coque et la quille... En un mois, la
ligne de flottaison bâbord a été entièrement colonisée par la verdure, à un
point tel que je pourrais presque ouvrir un commerce de salade !
Je
pense logiquement mettre les voiles dans le courant de la semaine prochaine.
Mais avant ça vous aurez droit à un petit reportage sur le premier tour des
élections législatives à Mindelo !
Je
souris déjà en imaginant la tête que doivent faire certains d’entre vous qui
doivent se dire : « Oh non, encore de la politique ! Il peut pas
se contenter de regarder les couchers de soleil celui-là ! ».
12 commentaires:
Ta force de caractère et ton courage force mon admiration depuis ta décision de mettre les voiles. Tu as raison, la vie ne tient parfois qu'au fil d'une circonstance c'est pour cela qu'il faut se donner les moyens de vivre ses rêves pour vivre intensément...Merci de partager ton chemin
muitas saudades....
um abraço
Domi
Au travers de tes récits, chacun aura pu apprécier l'humain que tu es... un de ceux qui redonnent quelques lettres de noblesse à notre espèce.
Il te reste bien des pages de ton histoire à écrire... et tes lecteurs assidus n'oublieront rien des précédents chapitres.
Une légende dit que chaque marin qui meurt devient une mouette... Sûr que José en sera... et te rendra visite en bien des endroits de ton périple.
Il est temps pour toi de continuer... car, je me demande si en fait de salades, il ne s'agirait pas de racines !!
Bons préparatifs, marin, un plat de feijoada sur un air de samba t'attend de l'autre côté !!
@OSEM : Des compliments que je ne suis pas bien sûr de mériter, mais merci... La route continue et me réservera d’autres moments tristes je le sais. Mais qu’importe.
@Dominique : Muito obrigado ! Eu necessidade de ais de um tradutor. Você disponibla são?
@Cazo : Je vais reprendre à mon compte la phrase de Prévert cité par Trintignan au soir du festival de Cannes : Et si on essayait d’être heureux, ne serait-ce que pour donner l’exemple ?
Très heureuse que tu avances! Je vois que Touline suit de près ton avancement!
J'espère de tout coeur que tu va vite avancer maintenant...
Je t'embrasse fort et te souhaite tout plein de bonnes choses..
Gros bisououous!
ébin ! moi, j'aime beaucoup la salade, mais pas celle là !
s'il est vrai que les marins trépassés deviennent des mouettes, je crois que les pierres, au fond d'un sac à dos, finissent par fleurir !à preuve: les roses du désert .Si, après cette épreuve , le tonus est intact , plus vif peut-être, c'est que tu as traversé cette tempête avec justesse.
Peut-être pourrais-tu penser à naviguer pour toi aussi!
Surtout pour toi !
@Thérèse : Touline est toujours prête à fourrer son nom partout... Une vraie gonzesse !
@Lucifer : J'y travaille ma Lucifer, j'y travaille...
Je comprends bien ta réaction: je suis aussi de ceux/celles à qui les chocs de la vie donnent envie de vivre encore plus intensément.
Et je savais déjà..pour les mouettes !
J'aurais bien envie d'un petit skype avant la grande traversée...
Ce week - end je suis dispo....
Costaud le garçon mais on le savait déjà ! Bonne préparation, et bravo encore pour ne pas t'arrêter aux seuls couchers de soleil !
@Monique : L'important est de rebondir...
@La Lésion : C'est très surfait un coucher de soleil finalement... Y'en a tous les jours !
Je te souhaite bon vent pour cette traversée..prends grand soin de la boiteuse et ménage toi...Nous on t'attendra sagement..et dés que tu peux, rassure-nous.
Amitiés sincères..
as minhas desponibilidades vao ser muitas desde o mes de julho...... cuando quizer é so dizer...... um abraço grande
Domi
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