Le vendredi 24 septembre 2010
47°52'26.01"N 3°54'45.43"W
Concarneau
Comment ? Oui j’ai bien dit échouer... Mais non, pas de cette façon-là, après on aurait eut des ennuis avec l’assurance, et tout et tout... Non, je veux parler d’un échouage dans les règles de l’art, comme j’en avais vu dans les livres avec le bateau posé dans le fond du port, le mât attaché au quai avec une cravate. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est une vieille image que je trainais au fond de ma tête depuis pas mal de temps, et j’avais envie de la voir se matérialiser...
Et c’est donc ce que nous avons fait ce vendredi matin, histoire de finir en beauté le stage. La première chose à savoir pour bien échouer son bateau, c’est d’abord l’heure à laquelle... Il va s’échouer ! J’entends par là l’horaire exact de la marée descendante, la vitesse à laquelle elle descend et la hauteur d’eau disponible sous la quille. Et pour faire ça, il n’y a pas trente-six moyens pour le savoir, il faut faire un joli graphique qui ressemble un peu à ça.
Pas de bol pour les marmottes, si nous voulions positionner Sereine de façon à ce qu’elle ait 50 cm de flotte sous la quille, et bien il fallait se mettre contre le quai sur les coups de six heures du matin. Donc levage dès potron-minet, et c’est nuitamment que nous avons posé la bête. Ensuite, nous avons essayé de faire contre poids pour la faire pencher un peu... Du côté du quai bien sûr. Et donc, voilà toute l’équipe qui commence à sortir tout ce qui est lourd et à le poser à tribord. Les ancres et leurs chaines, les voiles, la survie... Bref au bout d’un moment le pont ressemble à un bordel sans nom.
La mer descend, descend, descend encore et soudain alors que nous sommes là, aux aguets, le bateau de bouge plus... C’est là que le moment délicat commence, car il ne faut surtout pas qu’il dérape et se vautre de tout son poids contre le quai !
Pauline, pour qui c’est également une première, a le sourire mais elle n’en mène pas large pour autant. C’est que mine de rien ça ferait plutôt tâche sur son cv de bousiller le fleuron de la flotte des Glénans !
Mais c’est bon. On est un poil trop penché, mais la quille ne dérape pas. Le jour s’installe, l’eau peu à peu se retire, et apparait alors la partie immergée de la coque qui, surprise, est rouge. Je décide alors de descendre dans le port et de prendre quelques photos.
Et là, comment vous dire, je suis resté complètement en admiration devant le spectacle. Je trouvais déjà la silhouette de Sereine à mon goût, mais franchement de la voir toute entière, ça m’a coupé le souffle. Putain qu’elle était belle !
Non mais regardez-moi un peu cette ligne ! Vous ne trouvez pas qu’elle est sexy ? Il y a dans sa forme quelque chose de... féminin. Des courbes sensuelles, une harmonie dans l’ensemble, la quille longue étant le parfait prolongement du reste... Un peu comme une jolie fille au minois sympathique et au buste généreux qui, soulevant ses jupes, nous dévoile alors des jambes de folie.
Bref, Sereine est une vraie pinup.
Je suis resté un moment à la regarder sous toutes les coutures, et en l’observant je crois même avoir compris quelques petites choses sur son comportement à la mer... Je ne prétends pas être devenu du jour au lendemain un expert en mécanique des fluides, mais en regardant la forme de sa coque, je crois qu’une partie de mon cerveau, peut-être celle située dans mes fesses, a fait d’elle-même le rapprochement avec sa façon de glisser sur les vagues, d’appréhender la houle... Bref, je crois que j’ai compris pourquoi j’avais eu tellement confiance en ce bateau. Avec une ligne pareille, on ne va peut-être pas vite, mais on va loin et en sécurité.
Autre chose qui m’a paru évident, c’est que la belle a bien besoin d’un ravalement de façade ! Z’avez vu un peu l’élevage de moule qu’elle trimbale sur son arbre d’hélice ? Une vraie pouponnière !
Ce qui me rappelle qu’il faudra que je pense à faire prendre l’air à la Boiteuse au moins une fois par an, pour bien lui gratter les dessous...
Pendant que Sereine repose sur son lit de sable, il est temps pour nous de commencer à ranger nos affaires et d’entamer la corvée de nettoyage. Bon, je vous ferais grâce de la description de ces moments chiants à souhait. C’est tellement chiant que même à le raconter, c’est encore chiant, donc on passe à la suite.
Et bien la suite, c’est tout simplement la fin du stage. Pierre est rentré chez lui, puis Jean-Louis a rejoint son hôtel à Rosporden. On a dit au revoir à Pauline et nous nous sommes retrouvés à trois pour le reste de l’après-midi et la soirée.
Je me suis accordé une petite balade en solo dans la ville close où j’ai essayé de tenter le noir et blanc... Et le soir, Pascal, Danielle et moi nous sommes retrouvés pour un dernier resto. Nous avons dormi sur le bateau puis, le lendemain Danielle m’a accompagné jusqu’à l’aéroport de Lorient et quelques heures plus tard je regagnais mes pénates fatigué et heureux.
Bon, maintenant que je vous ai fait le récit de cette quinzaine, quels sont les enseignements que j’en retire ?
Et bien je voulais naviguer en Atlantique pour me familiariser avec le phénomène de la marée, et le moins que l’on puisse dire c’est que j’ai été servi. Ça monte, ca descend, et le tout réglé comme du papier à musique. Donc à partir de là, et pour peu que l’on ne soit pas allergique aux maths, il ne s’agit plus que de s’appliquer et être méticuleux dans ses calculs. Je pense avoir bien assimilé le truc, et je peux donc me présenter la tête pas trop basse pour l’examen du permis hauturier.
Ensuite, je voulais rencontrer des conditions un peu plus viriles que celles de la Méditerranée, et manque de bol j’ai eu beau temps pendant tout le voyage. Donc il me faudra sans doute affronter une vraie tempête avant que de m’estimer servi de ce côté-là... Mais quelque chose me dit que je n’ai pas besoin d’aller à l’autre bout du pays pour m’aguerrir, et que mes navigations de cet hiver avec la Boiteuse me suffiront amplement.
Ah oui, il y a un truc que j’ai découvert avec intérêt également c’est la houle... Je parle de la vraie houle, celle qui fait 5 m de haut et qui s’étale sur des centaines de mètres. Et bien j’aime bien. Ouais, je trouve ça marrant en fait. C’est même confortable quelque part quand on connaît celle qu’offre l’océan méditerranéen.
Et puis je crois que pendant ce stage j’ai pris un peu plus confiance en moi... Je veux dire par là que si demain, non pardon, lorsque demain je ramènerais la Boiteuse à son port d’attache, je me sens de le faire seul. Avant, il n’y à pas si longtemps, je n’aurais pas pu l’imaginer alors que maintenant je me vois très bien le faire et je n’en ressens aucune appréhension.
Voilà chers lecteurs, je crois que j’ai fini. J’espère que cela vous a plu, et il me reste à remercier tout l’équipage, en commençant par Pauline pour sa patience et son sourire. Danielle pour son tempérament, Jean-Louis pour sa gentillesse, Pascale pour ses conseils, et enfin Pierre pour sa bonne humeur. A tous, que les vents vous soient favorables !
13 commentaires:
Oui, oui ! Cela m'a plu !
Belles photos ! Belles descriptions ! Bonnes explications de la manœuvre ! Un régal !
J'ai dit Belles Photos, ah non ! Très Belles Photos !
;^)
@Gildan : Merci Beaucoup Gildan !
Pas mieux !!...
Bon, maintenant passons aux choses sérieuses, capt'ain Gwen, il est temps d'embarquer sur La Boîteuse pour nous faire vivre de nouvelles aventures...
@Cazo : Ouais, y’a plus qu’à comme dis l’autre. Visite technique le 19 octobre, signature dans la foulée. Trois semaines pour faire les papiers... Avec un peu de bol je pourrais aller à mon stage à Marseille en bateau et loger au port...
Tiens le cap, matelot !!
Chouette, vraiment, le récit !
j'aurais quand même souhaiter un gros grain en collectif histoire de ne pas le découvrir tout seul !
Mais enfin, puisque tu sais échouer..y a pas à s'inquiéter !
@Cazo : Sir Yes Sir !
@Monique : Ah lala... T’arrêtes un peu de jouer les Mamans Momo hein ? Il est grand ton petit maintenant tu sais ?
On remarquera les couleurs bleu-blanc-rouge de Sereine, autrement plus esthétiques que le vert-allemand !
Et après le permis hauturier, y aura encore une étape, ou ce sera le début de la vraie aventure ?
Le chat fait la sieste, et j'ai raccroché le hachoir à l'aimant de la cuisine, j'ai donc pu prendre ton blog à bras le corps pour lire la fin de tes aventures sur l'océan atlantique...
Très prometteur.
J'ai hâte de te revoir prendre la mer.
PFFFFFFFFFFFFFFFFFF !
@Bourreau : Bah, tu as ta réponse maintenant je pense...
@Tsuki : Il était temps !
@Tsuki : Ah, et puis arrête de postillonner sur mon pont, tu seras mignonne...
D'abord je ne postillonne pas sur ton pont, mais dans ta voile... Et sois gentil, parce que sinon, je t'allume un cierge ET une vôtive...
Vu ?!
(ou entendu. Comme tu préfères toi, hahaha)
@Tsuki : Argh ! Non ! Pas ça ! Pas les bougies !
(C'est qu'elle me mettrait le feu au bateau celle-là !)
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