samedi 23 octobre 2010

Je fais des listes

Voilà quatre jours que j’ai franchi le pas. Bon d’accord, techniquement cela fait un peu moins de quatre jours... Mais vous n’allez pas commencer à me brouter de bon matin en chipotant sur les heures parce que sinon...
Bon, où en étais-je ?
Ah oui, à peu près quatre jours donc... Et je vous avouerais que depuis cette fameuse journée qui me vit acheter la Boiteuse, j’ai subi une espèce de contrecoup, tant au moral qu’au physique.

Je ne saurais trop vous dire ce qu’il s’est passé, mais j’ai été pris d’une torpeur morale... Ouais, torpeur morale, on va appeler ça comme ça. Une envie de rien. Surtout pas de réfléchir. Une atonie générale qui m’a vu annuler tous mes rendez-vous, et reporter tout ce que j’avais à faire...

Sans doute fallait-il que je digère un peu tout ça... Que je réalise pleinement les choses.
Et pour le coup, je les ai réalisées, les choses, et je les ai même prises en pleine poire, façon direct du gauche.

Mais bon, aujourd’hui cela va mieux. Mon cerveau c’est remis à fonctionner normalement et j’ai recommencé à tirer des plans, à m’organiser, à essayer d’envisager le maximum de choses, tout en sachant pertinemment qu’elles ne se déroulent jamais comme je le prévois. Bref, il fallait que j’encaisse, et maintenant que c’est fait je peux remonter sur le ring pour le round suivant.

Et le round suivant se sera donc la semaine prochaine. Souvenez-vous, j’avais prévu de prendre livraison de mon bateau le 28 ou le 29 prochain... Le souci c’est que je me suis rendu compte que le 29 se sera peut-être un peu juste pour faire vraiment connaissance avec la bête... Seulement deux jours pour inventorier l’ensemble du navire, faire le tri, avitailler, prendre en main tout ça, je trouve que c’est un peu court. Pire, cela ne serait pas très prudent de prendre la mer pour deux jours de nave après une si courte période d’adaptation.
Et le 28, rebelote, énième mouvement social, donc cela veut dire pas de train...
Donc, je vais devoir un peu précipiter les choses et me rendre à bord le 27. Et le 27 c’est mercredi prochain ! Dans quatre jours ! Autant dire demain.

Alors j’ai commencé à faire une liste de tout ce que je vais devoir emporter... Fringues, couchage, matos de nave, ordi portable, bouquins, etc.
J’adore faire des listes. Pour moi cela veut dire que je me projette de nouveau dans le futur, et ça c’est bon signe. Enfin, je crois...
Les listes c’est comme... arriver à ordonner les choses de façon à les rendre compréhensibles, harmonieuses, moins effrayantes. Voilà, c’est ça. Faire des listes ça me rassure.
Ben oui j’ai la trouille. Je n’y peux rien c’est comme ça. Mais bon, ce n’est pas une trouille paralysante, tout au plus ralentissante. Quelque chose d’indéfinissable qui m’accompagne, qui reste là, sans vraiment me faire chier la vie. Mais bon, suffisante tout de même pour que je me mette à faire des listes !
Mais je me dis aussi que ce n’est pas plus mal d’avoir un peu la pétoche. Cela va m’empêcher de faire des conneries. Je me connais, lorsque je me sens trop à l’aise j’ai tendance à foncer sans trop regarder où je mets les pieds. Ainsi, cette appréhension aura-t-elle au moins le mérite de me faire réfléchir un peu avant de me lancer dans quelque chose d’hasardeux.
 
Bon, vous l’avez compris, je n’avais pas grand-chose de neuf à vous raconter, si ce n’est peut-être l’envie de coucher sur le papier mes angoisses personnelles. Cela fait, je me sens mieux, et c’est bien ça qui compte.

Allez, bon weekend à tous, et on se retrouve dans quatre jours. Je vous raconterais ce que ça fait d’emménager dans SON bateau et d’y dormir pour la première fois...

14 commentaires:

'Tsuki a dit…

Chacun digère à sa façon les chocs... C'est vrai que ce bateau, ce sont tous tes projets qui prennent brusquement vie, qui se concrétisent : avant cet achat, tu aurais pu encore reculer, et maintenant, maintenant... Tu n'as plus le choix... Rien de plus normal a se sentir sonné après un tel investissement, d'autant plus que c'est du lourd : un bateau, ce n'est pas une voiture, et d'autant plus que ça va devenir ta maison dans les mois à venir...

J'ai hâte de savoir ce que tu auras ressenti après ta première nuit à bord, en tous les cas...

(Pour les grèves, c'est un peu comme si ton passé de blogger à opinion politique te rattrapait : à chaque fois que tu veux faire un mouvement, PAF ! Les grèves s'en mêlent... Te rappelant ce que tu abandonnes derrière toi).

J'aime bien avoir de tes nouvelles par ce nouveau blog, en tous les cas, fut-ce quelques sensations sans lien direct avec ton projet... C'est important aussi à mes yeux, ce qu'on ressent, lorsqu'on entreprend pareil périple...

Gwendal Denis a dit…

@’Tsuki : C’est exactement ça, tu as tout compris. Enfin, à ceci près que techniquement je peux toujours faire marche arrière si je le désir. Je suis maintenant persuadé que dans la vie on n’est obligé de rien, si ce n’est de ce que l’on s’impose à soi-même.

Dans toute cette histoire, je crois que le plus important c’est que pour une fois dans ma vie, je vais faire quelque chose que j’ai décidé MOI. Quelque chose qui ne m’a pas été imposé par un autre ou par la nécessité. Quelque chose que j’ai entrepris dans ma tête, et que j’ai mis en place seul. Et donc, par conséquent s’il doit y avoir un terme à cette histoire, il n’y a que moi qui puisse le faire. Pour une fois dans ma vie, je suis à la barre.

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.

lucifer! a dit…

eh ! Capitaine de ton âme et de ton bateau !après ce gros temps
vont venir les brises légères et plein de bonnes heures !
je sais que tu le sais !

Gwendal Denis a dit…

@Lucifer : Oui, je le sais. Au fond de moi je le sais. Mais des fois, certains matins, le doute me saisi. C’est que je m’aperçois que finalement je n’ai pas trop l’habitude de gérer vraiment ma vie. C’est con à dire mais à 43 ans, je crois que c’est une première.

cazo a dit…

Eh, à présent c'est le temps de l'action, mon Ami... Pour ce qui est des prises de tête philosophique... t'inquiète, t'auras largement le temps de te prendre la tête lorsque que tu seras sur ne mer d'huile, sans un pet de zef... Alors, là, oui, ce sera le moment ;-) !!
Où suis-je ?
Sur le Boîteuse !
Où vais-je ?
Attends, je regarde la carte...

lucifer! a dit…

" j'ai constaté depuis longtemps que les hommes et les femmes qui réussissent le mieux ce qu'ils entreprennent sont ceux qui ont su reconnaître leur peur . Ils savent en parler ouvertement,avouer leurs doutes et leurs hésitations face aux défis de l'existence ... "
Robert Maurer:la voie du Kaisen.

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Tu as raison. Allez ! Haut les cœurs et replongeons-nous dans mes petites listes... Heu... La météo dit pas beau alors je vais prendre deux pulls... Sans oublier Et puis aussi quelques bouquins.

@Lucifer : Alors je n’ai plus de soucis à me faire... Chouette !

Monique a dit…

Normal, l'appréhension, plutôt que la trouille d'ailleurs, quand on prend un grand virage !

C'est comme dit Cazo, le passage de la cérébralisation à l'acte. Du rêve à la réalité.
Seul, c'est plus difficile qu'en collectif.
Mais tu es fort et ça va le faire.

N'oublie pas d'emporter un cahier car il y aura d'autres listes.
Je te bise très fort.

Monique a dit…

Tiens, je relis Pessoa en ce moment :

"De même que nous lavons notre corps, nous devrions laver notre destin, changer de vie comme nous changeons de linge - non point pour nous maintenir en vie, comme lorsque nous mangeons et dormons, mais en vertu de ce respect détaché de nous-mêmes sur ce que l'on appelle précisément propreté.

Il y a bien des gens chez qui le manque de propreté n'est pas un trait de volonté, mais comme un haussement d'épaules de l'intelligence ; et il en est beaucoup chez qui une vie égale et effacée n'est pas due à une décision délibérée, ni à une résignation naturelle devant une vie qu'ils n'ont pas voulue, mais à un affaiblissement de leur compréhension d'eux-mêmes, à une ironie automatique de la connaissance.
Il y a des porcs à qui répugne leur propre saleté, mais qui ne s'en écartent pas, retenus par le même sentiment, poussé à l'extrême, qui fait que l'homme épouvanté ne fuit pas le danger.

Il y a des porcs du destin, comme moi, qui ne s'écartent pas de la banalité de leur vie quotidienne en raison même de l'attrait exercé par leur propre impuissance. Ce sont des oiseaux fascinés par l'absence du serpent ; des mouches qui restent collées à un tronc d'arbre sans rien voir, jusqu'au moment où elles arrivent à la portée visqueuse de la langue du caméléon."

Chronique de la vie qui passe de Fernando Pessoa

Gildan a dit…

Tiens, dans un autre genre, ça me rappelle ma première raquette de tennis achetée avec mes sous.
La "Max200G" de Mc Enroe !
4 ou 5 jours avant d'aller l'essayer! J'ai très mal dormir pendant cette attente !
;^)

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Moi je viens de terminer La longue route de Moitessier. Il faudra que je vous en parle un jour... Car ce livre m’a laissé une drôle d’impression. De la peur mêlée de respect, avec un pointe de fascination...

@Gildan : Voui c’est un peu ça ! Sauf que sur ce coup-là, l’est un peu grosse ma raquette...

Anonyme a dit…

Salut Gwendal ! Et courage, camarade. Je crois qu'effectivement, c'est de l'appréhension, c'est pas bien grave, même si c'est chiant quand ça prend. Et du courage, j'ai pas l'impression que tu en manque.
"Camarade", c'est parce que je ne savais pas si je devais dire "matelot" ou "capitaine". Les deux sont peut-être justes, surtout pour un navigateur solitaire. Bon, faut pas m'en vouloir si je dis des conneries, j'y connais que dalle, mais je sens que vais apprendre, ici. (En plus de tous les conseils littéraires...)
Trinita

La Lésion d'Honneur a dit…

Respect capitaine ! Et désolé pour le mouvement social mais je sais que tu n'es pas contre !!!
courage et amitié

Gwendal Denis a dit…

@Trinita : Salut toi ! Content de te lire ! Ecoute, camarade ça me va bien… D’ailleurs je me tâte pour arborer un drapeau rouge en tête de mât…

@La lésion : Ce n’était vraiment rien en fait. Le tout étant de s’y préparer.