37°35.786N 00°58.814W
Cartagena
Quel jour sommes-nous aujourd’hui ? Mercredi, le 25... Cela fait donc cinq jours, non quatre, que j’ai quitté Valencia et je suis arrivé hier au soir à Cartagena. Quatre jours pour faire 161 milles… Un petit train de sénateur, comme il convient à une handicapée, mais c’est pas mal quand même. Je suis plutôt content, de moi et de mon bateau.
Le samedi soir j’ai fait escale à Javéa, un petit port niché juste derrière le Cabo de San Antonio. Une falaise de je ne sais pas combien de centaines de mètres tombant à pic dans les flots. Magnifique.
D’ailleurs puisqu’on parle de « Cabos », si je me suis arrêté à Javéa c’est pour pouvoir enquiller dans la journée du lendemain toute une tripotée d’autres Cabos qui marquent la pointe orientale du Valenciana… Un cap, et a fortiori plusieurs, c’est toujours un endroit délicat à passer car on ne sait jamais ce qui peut vous attendre derrière. Un vent violent soufflant en rafales, des courants contraires… Bref, il faut s’attendre à tout, être attentif et se tenir prêt à improviser si jamais les choses venaient à dégénérer.
Cela-dit, le spectacle est assez réjouissant pour l’œil (Pour une fois aurais-je envie d’ajouter), et la navigation est facilitée par tout un tas d’amers, tous plus remarquables les uns que les autres.
Bétonnage |
Bon, bien sûr les espagnols n’ont pas pu s’empêcher de pourrir les plus beaux sites, parfois de façons carrément improbables, avec des monstruosités immobilières de toutes sortes. Ça va du lotissement immonde accroché sur un bout de pente abrupte et désertique, à la concentration, façon Hong-Kong sur mer, d’affreuses tours résidentielles. Tout cela étant bien entendu vide de tous occupants comme nous en avons déjà parlé…
Moi qui jusqu’alors pensais la Côte d’Azur comme étant l’exemple type du bétonnage anarchique, je m’aperçois qu’en fait nous sommes des petits bras par rapport aux ibères. Quand on pense qu’il y a vingt ans, une ville comme Benidorm n’était qu’une simple petite bourgade… Un vrai massacre, voilà ce que je pense.
Benidorm |
Le dimanche soir, escale à Villajoyosa. J’ai choisi cet endroit parce que j’aimais bien son nom, et effectivement la ville est plutôt jolie avec ses façades de toutes les couleurs… Du rose, du bleu, du vert, de l’ocre… On aurait dit une peinture d’art naïf.
Mais comme la veille, je n’ai pas pris le temps de me balader dans les rues. Après dix heures de mer, le Gwen n’aspire qu’à une chose, manger et dormir. Surtout que le lendemain il faut repartir de bonne heure… Alors le tourisme ce sera pour plus tard.
Le lundi, j’ai enfin eut des conditions de vent à peu-prêt correctes. Un doux zéph de force trois, bien régulier, qui m’a permis de tenir un bord de près en plein dans le cap qui me convenait… La Boiteuse bien calée sur son tribord, fendant les vagues à quatre nœuds de moyenne pendant près de quatre heures, et cela sans même que moi ou Monsieur Pilote n’ayons besoin de tenir la barre ! Un pur plaisir.
D’ailleurs, j’ai eu envie de vous en offrir un petit bout…
Le soir, escale à Torrevieja. Là je suis tombé sur une marina du genre guindée avec marineros en pantalons à pince et polos siglés. La capitainerie (pardon, le club !) était digne d’un hôtel cinq étoiles, avec escalier en marbres et boiseries vernies. Les pratiques portuaires étaient bien sûr à l’image du club… D’un élitisme achevé.
Élitisme |
Bref, sous couvert de rendre les choses plus équitables ils entubent bien profond le petit voilier de passage, comme les gros connards de capitalistes (d’escrocs) qu’ils sont.
Evidemment le prix est plutôt élevé pour la basse saison (26,44 €), mais le wifi est généreusement offert par la direction. Sauf qu’il ne marche pas ! J’imagine que d’ici peu ils arriveront à le faire fonctionner avec l’aide d’un opérateur privé qui se fera un plaisir de facturer chaque connexion en échange de son efficience…
Ombre |
Je hais littéralement ce genre de pratiques, elles sont la honte de l’humanité et qui plus est fort éloignées de la tradition maritime d’hospitalité et d’entraide. En tous cas de l’idée que moi je me fais de cette tradition… Peut-être que je ne suis qu’un vieux dinosaure aux idées moisies et utopistes, mais je n’en démordrais pas.
C’est donc pas mécontent du tout que je suis parti de là pour rejoindre Cartagena, une petite quarantaine de milles plus à l’Est.
A l'attaque ! |
Je ne sais pas ce qui les attirait ainsi… Un reflet dans la GV sans doute.
J’ai essayé de les chopper au passage avec l’APN, mais ils volaient si vite que j’ai eu un peu de mal.
El Capitan |
Je suis tout seul sur l’eau, et un avion passe et me dit bonjour… Après l’épisode des oiseaux, voilà un de ces petits moments qui égayent mes longues heures de navigation. Je regarde autour de moi, et je m’amuse d’un rien.
Depuis Valencia et ce putain d’anticyclone, il fait chaud. Très chaud. Aussi j’ai pu enfin entreprendre de peaufiner mon bronzage qui jusqu’alors aurait pu passer pour celui d’un travailleur agricole. Les parties visibles d’un joli brun qui me rappelle le caramel au beurre salé, et les parties cachées aussi blanches que de la farine.
En trois jours je suis passé de la polaire au teeshirt, du teeshirt au débardeur, et du débardeur à rien. Et quand je dis rien, c’est rien. Enfin si, juste mon chapeau et mes chaussures.
J’ai toujours rêvé de pouvoir faire ça, je veux dire être nu sur mon bateau… C’est un peu compliqué à expliquer, mais à mon sens cela participe de la vie que j’ai envie de mener en mer. Je ne suis pourtant pas un adepte du nudisme, et cela n’a rien à voir avec de l’exhibitionnisme puisque personne ne me voit, mais j’avais envie de le faire… Alors je l’ai fait.
Bon ok, pas longtemps car j’ai très vite senti que mes blanches parties cachées commençaient à cramer, et puis je ne sais pas si vous le savez, mes lorsqu’on est nu, il faut faire un peu attention où l’on pose ses fesses… Car sous ce soleil le banc du cockpit frise les 45°C !
Vers 16H00, j’aperçois enfin les montagnes qui délimitent l’entrée du port de Cartagena. Je ne suis pas fâché d’arriver car depuis quelques heures je surveille avec appréhension la jauge de mon réservoir… Je suis short en gasoil, n’ayant pas fait le plein depuis Javéa. Mais ça c’est bien passé, l’aiguille était dans le rouge que je suis arrivé une heure plus tard, mais je ne suis pas tombé en panne. Ça m’aurait pas vraiment fait plaisir…
Los indignados |
Alors que je faisais en toute fin d’après-midi une première et brève incursion dans la cité pour m’acheter de quoi manger, je suis tombé sur un de ces rassemblements citoyens qui fleurissent en Espagne depuis le 15 Mai… Los indignados occupent une place comme d’autres le font à Madrid et réclament la Démocratie Réelle « Ya ! », c’est-à-dire maintenant. Je pense que j’irais y faire un tour aujourd’hui ou demain pour y glaner quelques informations sur ce qu’il s’y passe exactement.
8 commentaires:
Alors là , mon Gwen...surveille un peu tes transitions car...tu nous racontes que tu es nu sur ton bateau ..OK...suit une vidéo où l'on ne voit que le haut nu..et là..quand tu dis : "faut que je vous montre quelque chose..."
On frémit !!!!!
Merci pour la vidéo de la Boiteuse fendant la mer toute seule...ce son du vent et sa fière allure...là, oui j'entends bien le plaisir de la voile !
Essaie de te connecter ce soir : y a du courrier !
@Monique : J’étais effectivement nu lorsque j’ai tourné ces images… Mais ce blog est un blog tout public, aussi je n’ai pas voulu choquer les jeunes esprits qui me lisent.
Je note cependant que plutôt que de retenir mes mots sur le bétonnage des côtes ou sur les pratiques capitalistes du nautisme, vous n’êtes intéressés que par ma nudité… Bel esprit !
Ok, on se joint ce soir.
Naviguer au près:
Près. n.m. Désigne l'allure dans laquelle le voilier, toutes voiles bordées, remonte au vent, fait route dans une direction proche de celle d'où vient le vent. Son cap fait un angle assez faible (environ 40 à 70°) avec le lit du vent. On distingue le près serré, dans lequel cet angle est aussi faible que possible, du près bon plein, allure un peu plus arrivée, dans laquelle on serre moins le lit du vent.
Je le note...
;-) !!
Merci pour les video... mais c'est marrant, autant se dégage une impression dynamique et pleine de fraîcheur de la première, autant de la seconde on ressent un calme pesant propice à la sieste!
Etonnant non ??...
Les définitions, c'est bien, les démonstrations, c'est mieux !!
Au plaisir de lire la suite de ton carnet de voyage nautique, mais si j'ai comme l'impression que ce "Ce que je voulais vous dire" va pas tarder à venir squatter les pages de la Boîteuse...
;-) !!
Et merci d'avoir eu la délicatesse de ne pas nous exposer ton corps chocolat-vanille dans toute sa splendeur !!
Attends d'être en mesure de nous offrir ce beau spectacle lors d'une baignade dans un lagon aux eaux d'un bleu transparent, au milieu des poissons et des coraux aux mille couleur...
Là, oui, ça le fera !!
;-) !
@Cazo : En effet, la politique ne va pas tarder à pointer le bout de son nez… Avec moi elle n’est pourtant jamais loin, mais là je me vois offrir l’occasion d’approfondir un peu la chose.
J’ai l’impression que ça risque d’être plus intéressant que de vous montrer mes fesses.
Pour la différence entre les deux vidéos, on pourrait supposer que c’est la mobilité qui génère le dynamisme de l’auteur…
déjà que j'aime pas marcher pieds nus,
alors s'asseoir n'importe où , cul nu , Bhouououhhhh !
Salut Gwen, je ne veux pas te faire flipper mais je crois que le sous-commandant Marcos s'est infiltré sur La Boiteuse (photo n°8).
A moins qu'il s'agisse du sosie d'OBL et de DSK, dont parle Bourreau ailleurs, qui s'essayerais à une nouvelle identité.
Sinon tu loupes en France 3 mois de sécheresse et de politique insipide. On se fait chier en attendant les hollandais, quoi.
@Lucifer : N’importe où ? Eh-ho, c’est pas n’importe où, c’est sur les bancs de la Boiteuse ! Et rien que ça, ça fait une sacrée différence…
@Aslan : Je n’ai pas l’impression de rater grand-chose tu sais… En navigation j’arrive à capter France Inter sur les grandes ondes (162 kHz) et les gesticulations des uns et des autres me font doucement sourire.
Sinon, pour la tronche de révolutionnaire, j’assume.
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