lundi 30 mai 2011

Impressions de Cartagena

37°35.786N 00°58.814W
Cartagena

J’entends l’hymne espagnole qui résonne à travers les hautparleurs, il est huit heures et c’est l’heure de la montée des couleurs sur le Galicia. La garde montante croise la garde descendante, passage des consignes, ballet impeccable, saluts, il n’y a pas de doute nous sommes bien dans le port de Cartagena, siège de l’Armada pour la zone méditerranéenne.

Cartagena est d’abord et avant tout un port militaire. D’ailleurs de mémoire d’homme, ça a toujours été un port militaire… Déjà les romains se servaient de cette baie naturelle profonde et protégée comme base navale pour leurs galères. Puis ça a été les byzantins, les maures, les navires de sa majesté… Bref, Cartagena de part son implantation exceptionnelle a toujours attiré et attire encore les navires du monde entier.

Le Galicia
Depuis plusieurs jours j’ai comme voisin le porte hélicoptère Galicia, mais aussi le navire français de l’IFREMER le Pourquoi pas ? Sans parler des petites unités comme des patrouilleurs de haute mer, des dragueurs de mines, etc.… Pas étonnant qu’en parcourant les rues de la vieille ville, je ne puisse faire un pas sans croiser un uniforme. Il y a même un navire russe qui fait escale en ce moment et les marins sont très reconnaissables avec leur casquette comme des plats à tarte. J’ai même vu des spetnatz…

Si l’on consulte les dépliants touristiques, Cartagena c’est LA perle de l’antiquité… C’est vrai. Mais c’est malheureusement une perle présentée dans un écrin un peu pourri, je suis désolé de le dire.
Certes le théâtre antique a été fort bien restauré, un musée retrace la vie quotidienne d’une domus romaine, mais c’est à peu près tout. Tout le reste est à l’abandon.

Théâtre antique
Car Cartagena est une ville pauvre. J’entends par là que l’argent public pour mettre en valeur tous ces sites historiques semble avoir fait défaut depuis un bout de temps, et plus encore maintenant que la crise est là.

Cartagena c’est un paradoxe. Lorsque vous marchez dans les rues de la vieille ville, vous ne pouvez ne pas voir ces façades classées du XIX ème siècle, elles sont magnifiques, mais la plupart du temps elles ne sont que cela, des façades. Car derrière il n’y a rien.
D’après ce que j’ai pu comprendre, lorsqu’un immeuble devient insalubre on le détruit mais la loi oblige de conserver la façade. Bien. Le souci c’est qu’une autre loi donne priorité à la recherche archéologique avant que de reconstruire un immeuble… Et ici à Cartagena vous ne pouvez faire un trou dans le sol sans tomber fatalement sur un vestige du passé. Résultat, en plein centre ville, tous les vingt mètres vous avez des façades soutenues par des échafaudages, et derrière des terrains vagues. Un beau paradoxe administratif qui a lieu de refroidir toutes personnes ou entreprises qui désireraient entreprendre la construction ou la restauration d’un bâtiment.

Décor ?
Pourtant, cela n’a pas l’air de rebuter les touristes qui sont nombreux en cette période. Beaucoup d’anglais, des allemands et quelques hollandais, Cartagena attire essentiellement une population venue du Nord. Tout ce beau monde se retrouve le soir sur les terrasses des cafés du port devant des pintes de bières. Colonie compacte bien identifiée qui surtout, oh sacrilège, ne se mélangera jamais à la population locale.
En parlant de colonie, Cartagena en possède une autre qui aurait pu m’être bien utile si, là encore, elle daignait vouloir s’ouvrir aux autres.
Le port de plaisance regorge presque exclusivement de voiliers de grand voyage. Américains, Africains du sud, Anglais, Hollandais, tous font étape ici sur la route qui mène de l’Atlantique à la Méditerranée.

Fin XIX ème
Hélas, même si j’ai droit à quelques « Hye ! » au passage, personne ne m’a jusqu’alors adressé la parole… Pas grave, j’ai eu largement de quoi m’occuper depuis que je suis arrivé. Hier au soir j’étais encore sur la place occupée par les indignados et je ne regrette vraiment pas ces quelques jours passés en leur compagnie.
Aux dernières nouvelles, la acampada devrait durer encore quelques jours mais on sent bien que la motivation s’étiole ici à Cartagena. C’est, à mon sens, logique… Réfléchir c’est bien, constater c’est bien aussi, mais lorsqu’il s’agit d’agir les volontaires se font soudainement moins nombreux. Surtout lorsqu’on se retrouve empêtré dans un pacifisme qui pour le coup est bien utile au pouvoir en place.

Ça y-est le Galicia vient de larguer les amarres et le Pourquoi pas ? a fait de même pendant que j’écrivais ces mots. Il est temps de partir… Demain, je vais moi aussi larguer les amarres et reprendre la route. Prochaine grande escale, Malaga. Je devrais pouvoir rallier la capitale de l’Andalousie d’ici une semaine.

Aujourd’hui je vais préparer ma Boiteuse, régler mon séjour, et organiser ma navigation. Un avitaillement s’impose également. Et puis je pense que j’irais faire un dernier tour sur la Plaça del Ayuntamiento en fin de journée…

Pourquoi pas ?
Trompe l’œil

Archéologie

Le Peral, premier sous-marin au monde, 1888
 

12 commentaires:

cazo a dit…

Une petite info a titillé ma curiosité... L'appareillage du Galicia puis celle du Pourquoi Pas dans la foulée...

Coïncidence... ou opération conjointe dans ces temps troubles de guéguerre ?

Quelques recherches plus tard : Bingo !!

Campagne du Pourquoi Pas du mardi 24 mai (Toulon) au 14 juin :
Campagne Bold Monarch
Chef de mission : groupe océanographique de l'atlantique, SHOM, Marine Nationale
Thème :
Exercice OTAN de sauvetage de sous-marins en Méditerranée !!

Etonnant, non ?

Comme quoi, on peut faire du journalisme depuis n'importe où, suffit d'être curieux !

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Bien vu Cazo ! Effectivement c’est bien possible qu’ils bossent ensemble sur ce coup-là. J’ai parcouru moi-aussi le programme du pourquoi Pas ? Et ai été surpris d’y trouver une foule d’information sur ce qu’il fait, où il est…

Unknown a dit…

Je ne comprends la stratégie dont vous parlez...vous pensez qu'il y a des sous marins en méditerranée prêts à intervenir en cas de guerre civile ?

Monique a dit…

Sorry pour le message précédent...c'est moi ..oublié de me déconnecter de l'autre blog...

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Mais non… Que vas-tu imaginer ! Ce sont des exercices internationaux prévus de longue date auxquels participe le Pourquoi pas et la d’autres navires.
Rien à voir avec les acampadas espagnoles !
Quoique… :)

cazo a dit…

Mais peut-être un peu à voir avec La Lybie...

cazo a dit…

Libye!!

Bourreau fais ton office a dit…

... ou pour couler les boat-people tunisien ...

Surprenant, ces façades d'immeubles, de vrais-faux décors. Si les lois sur les fouilles archéologiques pouvaient être aussi bien appliquées en France ...

Lucifer ! a dit…

incroyable ces vrais faux-vrais décors ...

cazo a dit…

Euh, pour ce qui est des façades préservées et derrière on fait du neuf, ça se fait un peu partout dans le cadre de la réhabilitation des vieux quartiers de centre-ville qui malgré tout présentent un certain cachet et une authenticité pittoresque, et seraient tout à fait indiqués pour une certaine notabilité, s'ils n'étaient colonisés par des gueux du fait de leur vétusté...

J'ai vu ça à Marseille, à Toulouse... En fait, ça participe toujours du même souci : une répartition géographique selon les statuts économiques : au centre, les riches, les monuments, les beaux édifices, les salles de spectacles, etc. et plus on va vers la périphérie plus l'habitat, l'équipement public, les infrastructures socio-culturelles, comme les statuts socio-économiques des individus, se dégradent, touchent le fond de la misère.

La vraie discrimination, aujourd'hui, n'en déplaise à beaucoup, et celle du fric... pas celle de la supposée "race" ou de la nationalité. Elle surpasse la discrimination raciale, elle en amplifie les effets.

Agiter le spectre de la misère fait davantage peur que celui du prétendu immigré... car au-delà de son "étrangeté", ce qu'on instille, c'est la peur qu'il puisse prendre le job et pour moins cher... qu'il se nourrisse des allocs des "vrais" français... bref, que par se présence, il nous enfonce dans la misère.

Mais dites-moi... est-ce que ce sont les usines chinoises qui envahissent notre marché ou nos industriels qui délocalisent qui sont les plus responsables ??

Des façades... des façades... encore des façades !

;-) !

RPH a dit…

Bonjour,
Il me semble que le premier sous-marin au monde a été utilisé lors de la guerre de sécession aux États-Unis.
Ton blog est très plaisant à lire. Comme quoi il y a du bonheur partout....

Gwendal Denis a dit…

@Bourreau : En fait ce sont les promoteurs qui au final en profitent… Ils attendent que la situation pourisse pour récupérer le terrain. Pour info, j’ai appris que la photo du chantier que j’ai faite est celui d’un ancien temple du dieu Baal…

@Thérèse : C’est bien ma chérie…

@Lucifer : Je trouve ça très dommage, parce que sinon la ville serait magnifique.

@Cazo : Je suis d’accord. T’es en forme toi !

@RPH : Alors là, je ne sais quoi dire, Wikipédia dit bien en effet que le premier sous-marin serait le Gymnote, qui forca un blocus ni vu ni connu. Mais ici ils disent que c’est le premier sous-marin torpilleur… Et ça se joue à une année près.