mercredi 11 mai 2011

Premières impressions de Valencia

39°25.893N 00°19.917W
Valencia

J’avais dans l’idée de vous pondre quelque chose de similaire à ce que je vous avais écris sur Barcelone, mais je m’aperçois que cela m’est impossible…
Cela m’est impossible car pour ressentir une ville ou un quartier il faut vivre en son cœur, et le moins que l’on puisse dire c’est que la Boiteuse et moi-même nous nous trouvons plus près du petit doigt de pied que du cœur. L’ongle du petit doigt de pied pour être tout à fait précis.

La marina du Real Club Nautico de Valencia (RCNV) est située à l’embouchure du canal de dérivation de la Turia, la rivière qui traversait autrefois la capitale du Valenciana. Entre ici et la ville proprement dite, ou trouve le port de commerce et ses immenses docks où s’empilent des containeurs venus des quatre coins du monde, une zone industrielle moribonde mitée par la spéculation immobilière et des quartiers agricoles jadis pittoresques transformés en no man’s lands par la même spéculation.

Usine
En clair le RCNV est une enclave pour nantis construite en 1903 au milieu de nulle part pour quelques privilégiés et qui un siècle plus tard se retrouve toujours au milieu de nulle part sans avoir évoluée. La seule chose qui a changée, c’est la manne financière des deux dernières coupes de l’America organisées ici. Celle-ci a permis l’établissement de nombreuses PME dédiées à l’entretien des bateaux. Aires de carénages, boutiques d’accastillage, voilerie, brokers... Imaginez un peu une aire de carénage où trente bateaux se font gratter la couenne en même temps !

Mais pour l’humain, rien. Un seul exemple, 1200 bateaux et… deux douches. Et encore le marin sale doit se les disputer avec les utilisateurs de la piscine du club.

Wahou...
Il faut trente minutes de bus pour rejoindre le premier centre commercial (un Carrefour) qui permettrait au marin de passage de se ravitailler en vivres et trois quart d’heure pour rejoindre le centre historique de Valencia. Le bus parlons-en, une seule ligne dessert la marina et il n’y a qu’un bus toutes les 90 minutes...
Du bruit en permanence à cause du port de commerce et de l’aéroport tout proche, des mouches chiantes comme la mort, une odeur d’égout... Bref, comme je vous l’ai dit, ici on trouve tout ce qu’il faut pour acheter, affréter et réparer un bateau, mais rien n’est prévu pour qu’on puisse vivre sur le port.
Un dernier exemple, j’ai compté qu’il me fallait faire 698 pas aller-retour pour aller chier… On est loin des toilettes au fond du couloir à droite.

Ligne pure
Donc, vous l’avez compris, des centaines de personnes travaillent dans cette marina, mais personne n’y vit. A part moi.
Tout au long de la semaine je croise des grouillots de base affairés à gratter des coques, monter des gréements sur des unités de plusieurs centaines de milliers d’euros, astiquer des ponts déjà rutilants... Et le weekend venu c’est alors un défilé de voitures hors de prix chargés de bonshommes déguisés en marin d’opérette, shorts et polos griffés sur le dos et docksides aux pieds.

On est dans un autre monde, et ce n’est pas le mien. Si ce n’était ma chère Boiteuse et ses petits problèmes de moteur, il y a longtemps que je me serais cassé d’ici.

Du coup, comme aller en ville tient plus de l’expédition que de la promenade, je n’ai eu pour l’instant que deux fois l’occasion (et l’envie) de le faire. La première c’était dimanche dernier, et la seconde c’était hier. Mais comme celle d’hier ce n’était que pour remplir mon frigo, je vais donc vous parler de celle de dimanche...

Dimanche, le 8 donc, je me décide à sortir de cette marina de merde et de partir à la découverte de Valencia.
Comme je venais d’arriver et que je n’avais pas encore mes marques, j’ai un peu loupé mon timing, et bien sûr j’ai raté le bus de 09H20...
Pas de souci me dis-je, en ce premier jour je peux bien me fendre d’un taxi. S’ils sont aussi peu chers qu’à Barcelone ça ne sera pas une grosse dépense. Et puis comme ça je pourrais demander quelques renseignements sur les endroits intéressants à visiter !
Qu’à cela ne tienne, je demande donc au gardien de m’appeler un taxi depuis le poste de sécurité (Ah oui, il y a un poste de sécurité bien sûr...).
Celui-ci arrive et nous voilà parti vers le centre-ville. J’entame la conversation avec le chauffeur et je lui demande de me laisser plutôt près du centre historique, parce que j’aime bien l’histoire… Ok, direction la Plaça de la Reina. Et treize euros plus tard nous y étions. Oui, ça m’a coûté autant que le temps en minute pour y aller. Comme ça vous avez un repère, et moi aussi.

C'est où que ça se passe ?
Dès en arrivant le chauffeur me précise que ce dimanche est un jour particulier puisque c’est la fête de Vierge. Diable ! La fête de la Vierge, vous m’en direz tant... Et pas n’importe laquelle, la Virgen de los desamparados patronne de la ville !

Je n’ai absolument aucune idée de ce que ça peut être comme fiesta, mais je me dis que pour prendre la température d’une ville autant commencer par la fête de ladite ville. D’ailleurs ça a l’air d’avoir déjà commencé. Je vois des caméras de télévisions, une foule compacte qui s’agglutine à l’entrée de la cathédrale... Apparemment je dois être à l’arrivée d’une espèce de parcours, et comme je suis curieux je décide de remonter le courant et d’aller voir où cela peut bien commencer. Peine perdue, impossible de passer. Les gens sont collés les uns aux autres comme des harengs dans une boite.
Comme je suis rusé comme le renard, à défaut d’être agile comme l’anguille, j’emprunte des petites ruelles parallèles pour arriver finalement à une grande place, la plaça de la Virgen, qui semble être le point de départ de... Je ne sais toujours pas de quoi.

Le maire salue ses péons
La place est pleine à craquer, des estrades sont montées et une immense tapisserie en fleur décore le fronton d’une église (l’église de la Virgen bien sûr). Et tout le monde regarde dans la même direction, la porte de l’église. Alors je fais pareil mais de là où je suis, je ne vois rien. J’arrive quand même à me rapprocher et en tendant l’oreille j’arrive à comprendre que logiquement une procession devrait sortir par la porte en trimballant une statue... de la Virgen bien sûr.
Soudain la foule applaudit, mais regarde alors dans une autre direction. Du haut d’un balcon décoré avec des morceaux de tissus rouges, une bourgeoise salut la populace. Celle-là je la reconnais, j’ai vu sa photo sur les bus, c’est Rita Barberá Nolla le maire de Valencia. Une grosse libérale du PP qui tient la ville à sa botte depuis vingt ans.

Faudra m'expliquer le chiroptère...
La foule s’agite, je vois apparaitre des étendards avec une couronne et une chauve-souris (???), suivit de prêt par des prêtres en soutanes. La rumeur enfle, des gens mieux placés que moi commencent à hurler, ils applaudissent... Et apparait alors une espèce de chose toute rabougrie, la Virgen de los desamparados que les habitants de Valencia surnomment la Geperudeta, la petite bossue. Parce qu’elle est... Bon, vous avez compris.

Aussitôt, c’est la bousculade. Des crieurs se hissent à tout de rôle sur les épaules de leurs camarades et scandent des incantations que la foule conclue d’une seule voix (j’ai rien compris), des costauds en teeshirt oranges marqués eixidors semblent vouloir protéger la statue et en même temps permettent à certains de s’en approcher pour la toucher. Car c’est ça le but du jeu ! Tout le monde veut toucher la statue ! Et plus particulièrement les enfants et les jeunes filles. 

Bousculade...
Pour ces dernières pas de problème, elles grimpent carrément sur la tête des gens et rampent. On dirait un concert de rock. Pour les enfants, les eixidors se les passent de mains en mains comme des sacs de pomme de terre... J’ai vu un bébé en larme, complètement paniqué, se balader comme ça sur dix mètres, se faire plaquer brièvement contre la Vierge et repartir dans l’autre sens.
Des gens pleurent, d’autres s’embrassent…

Je me suis dit : C’est des malades... De vrais et grands malades.

Derrière, une procession de dignitaires religieux se forme, évêque en tête. Des secouristes ferment la marche… L’hystérie est à son comble et la statue avance à grand peine. En fait, j’apprendrais plus tard en me documentant qu’il lui faut deux heures pour faire deux cents mètres.

Enfants traumatisés...
Au bout d’un moment le spectacle de cette ferveur religieuse m’a un peu gonflé… Dieu sait que la religion et moi ça fait deux (Arf !), et passé le moment de la découverte, de la surprise, je me suis vite lassé de ces dévots se piétinant les uns les autres pour un bout de rêve magique. Je suis parti clopin-clopant explorer les rues et les ruelles de la vieille ville à la recherche d’un office du tourisme ouvert pour me procurer un plan de la ville. Car, j’avais alors un vrai problème, je ne savais même pas où j’étais !

Le temps de trouver mon bonheur et de me rendre compte où je me trouvais, ma cheville qui jusque là c’était plutôt tenue tranquille, a commencé à faire des siennes. Genre, c’est quand qu’on rentre dis ?

Tout ça pour elle !
Alors je l’ai écouté… J’ai rejoins la ligne 15 qui dessert le club nautique, au passage je suis passé devant les arènes, et j’ai attendu patiemment que le bus arrive. Deux heures plus tard j’étais au bateau, crevé.

Bon, je ne sais pas si commencer l’approche d’une ville par une cérémonie religieuse était la meilleure façon de le faire… Mais toujours est-il que j’ai quand même repéré deux trois choses qui me donnent envie d’y retourner. Comme le marché couvert par exemple, ou encore la cité des sciences.

Mais ces endroits, et d’autres également, feront l’objet d’un autre article !

Ah oui, j’allais oublier. Je n’ai pas fais de film de cette fête de la vierge, mais j’ai trouvé ça sur le net. Ça date de 2009, et c’est exactement ce à quoi j’ai assisté.




Quelques photos supplémentaires.

"Je l'ai appelée Kate, comme la princesse !"
El mercado


La tapisserie...

Détail

Les arènes
Y'a du monde au balcon...
Des nonnettes !

15 commentaires:

cazo a dit…

Lorsque tantôt j'évoquais tes conditions de séjour, je ne pensais pas que la réalité dépasserait la fiction... Enfin, du moment que ça permet à La Boîteuse de se refaire une santé...

Ceci dit, visiblement il y a des jeunes filles(dernière photo), voilà qui ne devrait pas te déplaire... Bon, va falloir faire un effort et y croire !! ;-) !!

Sinon, tu as ça : http://www.cac.es/oceanografic/conoce/#arquitectura

Thrse a dit…

Et bien dis donc, je crois pas que ça m'aurait plus non plus! Peut-être au début j'aurais trouvé ça rigolo puis comme toi, très vite lassant! Je n'aime pas les grandes foules! Donc forcément, je ne peux pas rester dans ces conditions là! Je pense que je t'aurais rejoins sur ton banc de bus!

Et sinon, quand auras-tu la pièce manquante pour que tu puisse partir de là?

Gros bisous et bonne fin de journée mon Gwen!

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Effectivement les conditions d’hébergement ne sont pas jouasses, je m’en plaindrai d’ailleurs au directeur !
Et pour les jeunes filles dont tu parles, tu sais que ça ne me déplairais pas de détourner de dieu une de ces donzelles ? Un défit à la Valmont digne d’être célébré dans tous les pubs anars de la planète !

@Thérèse : Alors là ma pauvre Thérèse… C’est bien là une question à laquelle je suis, pour l’instant, incapable de répondre. Je n’ai aucune confirmation de date de livraison, la seule chose que je sais c’est que c’est DHL qui s’en occupe.
Mais je vous tiens au courant, promis !

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Sinon pour le lien, tu vas encore plus vite que la musique ! Grrrr ! Ca fera l’objet d’un autre article dédié spécialement à l’art moderne !
(En fait j’y suis déjà allé hier, mais comme il faisait gris et que les photos sont moches j’ai décidé d’y retourner pour améliorer mon illustration) (Et puis aussi pour trouver quoi en dire passeque l’architecture moderne c’est comme l’art moderne : j’y comprends rien !)

Patrick Guéguen a dit…

Toujours fidèle lecteur de vos marines aventures, les nonnettes n'ont pas l'air d'avoir envie de faire des folies en ce jour de fête!

Bourreau fais ton office a dit…

Si j'ai bien compris, cette cérémonie est un bon prétexte pour tripoter de la vierge !

Je crois que ds ton tour du monde, tu sera plus souvent confronté à la religiosité qu'aux pubs anars ...

Gwendal Denis a dit…

@Cothraige : C’est que c’est un peu long au dégivrage ces créatures là !

@Bourreau : J’en ai bien peur mon cher Bourreau. J’en ai bien peur…
Mais ça ne m’empêchera pas de faire de mon mieux pour tripoter les vierges !

cazo a dit…

Pour ce qui est des représentantes de la gente féminine que tu aimerais bien remettre dans ton droit chemin, déjà, si tu arrives à les dérider... non, pas les rajeunir, too easy man!!... non, juste leur décrocher un sourire... ;-) !!

Pour le lien... euh, je recommencerai plus... ben, que veux-tu, sachant que tu es planté à porto-no man's island, j'essaie en tant que co-équipier terrestre d'apporter une nano-contribution à au bien-être de l'équipage de La Boîteuse... et puis depuis que ça existe, je rêve de passer dans le tunnel de verre !!

Bourreau, en probabilité, les tarés de dieu plus facile à rencontrer que les anars, oui... mais je suis sûr que par bateau tu dois pouvoir atteindre des ilets d'irréductibles, loin de tout... des ports où y a pas de poulagas, de politics, où la solidarité est loi... ça doit le faire !!

Monique a dit…

Je me disais que quand on se prend à compter 698 pas en allant au chiottes, c'est pas bon signe !!!

Quant à la virgin des desemparados...c'est comme les corridas, en Espagne, il fallait bien que ça t'arrive !
On a déjà eu la discussion en direct sur l'hystérie collective....
Bon, ça , c'est fait! T'es pas obligé d'y retourner !

A très vite !!!

Gwendal Denis a dit…

@Cazo : Décrocher un sourire à une petite fiancée du Bon Dieu, voir même provoquer un rosicement de son minois, voilà une action qui rendrait ma vie utile !
Sinon, je me tâte pour savoir si je vais me rendre à la cité des arts et des sciences aujourd’hui… On va voir.

@Monique : J’ai compté seulement au retour et j’ai multiplié par deux. Faut pas abuser tout de même…
Quant aux corridas vous n’allez pas y couper, je compte bien y assister et vous en faire le récit avec force détails ! Les âmes sensibles n’auront qu’à zapper ce jour-là.

Lucifer ! a dit…

mécréant !
mais quel mécréant !
mais j'peux pas le croire !

Gwendal Denis a dit…

Salut à tous !

Bon, Blogger a bugué… Une erreur humaine a fait que tout ce qui a été publié (article et commentaires) entre le mercredi 11 vers 19H00 et aujourd’hui risque d’être perdu…
J’attends de voir s’ils arrivent à récupérer tout le bordel, et si ce n’est pas le cas je recopierais tout vos commentaires que j’ai heureusement conservé sous forme de mail.

Le maitre des lieux et la plateforme qui l’héberge vous présente toute leurs excuses.

Gwendal

Monique a dit…

Je me disais aussi...il nous censure ????!!!!!!!
bises, mon Gwen !

Lucifer ! a dit…

normal! La virgo n'est pas contente !

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Ce ne sont pas nos petites bluettes qui vont mettre en danger l’ordre mondial va !

@Lucifer : Arf ! Ben voyons… Et le tremblement de terre ça va être ma faute bientôt ?