jeudi 10 mars 2011

Des injections et des émotions...

Paré !
Bon, là il est dix-huit heures, et je suis naze. Naze de chez naze.
La raison de cette nazitude est due à une journée bien remplie, riche en progrès et en émotions.
Je vous raconte.

Ce matin j’avais rendez-vous chez mon médecin, et j’ai eu droit à mon injection du triplé Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite. Sitôt fait il m’a fait une ordonnance pour tous les produits que vous avez pu voir dans l’article précédent. Bon d’accord, il s’est une peu fait tirer l’oreille pour le Tramadol et le Clamoxyle (opiacé ultra costaud et antibiotique), mais dans l’ensemble j’ai réussi à avoir tout ce que je voulais. Je ne vous raconte pas la taille de l’ordonnance ! Il ne me reste plus qu’à passer à la pharmacie, et après je verrais bien comment je vais pouvoir ranger tout ça, mais j’imagine déjà assez bien comment je vais procéder. Il y aura deux pharmacies : Une avec « Petits Bobos » marqué dessus, qui comportera les trucs de base. Et l’autre pour les « Gros Bobos » qui fermera à clef. Et sur chaque couvercle je collerais le nom des médocs, leurs utilités et la posologie usuelle.
Comme ça, moins de risque de se tromper.

Sinon, pour répondre aux questionnements d’Edou, j’ai décidé d’opter pour l’eau de javel comme désinfectant. Tout simplement parce que les pastilles ça coûte la peau des fesses et qu’il en faut énormément pour purifier un réservoir de 80 L. Avec la Javel, une à deux goutes par litre et le tour et joué. Bien sûr, je n’oublierais pas tout ce qui est prévention... Crèmes solaires, anti-moustiques, etc...

Tien, puisqu’on parle d’anti-moustique, saviez-vous qu’il n’existe plus de traitement préventif contre le paludisme ? Ben moi non. Je me souviens de mon voyage au Brésil en 88 et de la Nivaquine qu’il fallait que je m’avale tous les jours... C’était amer ce truc-là ! De nos jours, plus de prévention. Tu choppes le palu, et tu te fais soigner... vite !

Bon, où en étais-je ? Ah oui, je sors donc de chez le toubib et je me dirige alors vers l’aéroport. Là-bas, re-piqures, une dans chaque épaule pour la Fièvre Jaune et la Typhoïde. Pour les Hépatites A et B, je vais devoir attendre quinze jours histoire de ne pas trop malmener mon petit organisme déjà probablement tourneboulé par tous ces virus qui nagent à l’intérieur. Dans la foulée, j’ai récupéré un carnet de vaccination tout jaune qui est un visa presqu’aussi indispensable qu’un passeport.

La sécurité avant tout !
Puis j’ai enfin pris la direction du port pour rejoindre La Boiteuse. Il était midi passé, je me suis donc accordé une pause sandwich tranquillement installé au soleil. Puis, une petite sieste histoire de digérer. Pas longue la sieste, moins d’une heure.
Après le petit café qui va bien j’ai attaqué le collage des nouvelles lettres... Et là j’ai pas mal galéré.
Rappelez-vous, pour arriver à faire ça je devais être dans une position plutôt inconfortable. Allongé à plat ventre sur la passerelle, sans aucune possibilité de prendre un quelconque recul. J’ai bien essayé de faire des marques au crayon, mais une fois qu’on commence à collé le machin, impossible de revenir en arrière.
Le résultat est un peu bancal malheureusement. Surtout en ce qui concerne le NICE !
Mais bon, comme vous l’allez voir, c’est pas si grave...

Attend que je t'attache toi !
Ensuite, je suis allé récupérer mon nouveau radeau de survie, sans oublié de rapporter l’ancien. Là, re-galère, car c’est à la fois lourd ET encombrant ces trucs-là ! J’ai récupéré également mes deux extincteurs que j’avais envoyé à réviser, ainsi que l’étrier pour la bouée de secoure.
J’ai ramené tout ça au bateau et j’ai tout installé comme il fallait. Du beau boulot là encore, et ce n’est pas forfanterie que de le dire.

Puis, le soleil commençant à baisser, la température a fait de même, et je me suis alors dit qu’il était temps pour moi de rentrer. Mais avant ça, j’ai pris mon appareil photo pour immortaliser la poupe de mon navire avec son nouveau nom. J’ai retiré la passerelle, j’ai sauté sur le ponton et je me suis assis par terre pour trouvé un bon angle...

Ça penche un peu hein ?
C’est alors qu’il s’est passé quelque chose d’assez troublant. Tellement troublant qu’à l’heure actuelle je ne suis pas sûr de pouvoir arriver à vous l’expliquer...
J’étais là, l’œil dans mon viseur à photographier l’arrière du bateau, quand à un moment j’ai posé mon appareil et j’ai vraiment regardé ce que je voyais. J’ai vu marqué La Boiteuse à l’arrière d’un bateau qui était à moi... J’ai vu ces lettres bancales et je me suis dit que cela collait bien avec moi et ma patte folle. Avec mon projet tordu et mes angoisses. Ce nom, là devant mes yeux, me correspondait en tous points.
Et là, une vague d’émotions diverses m’a traversé le corps et l’esprit. Un mélange de plusieures sensations parmi lesquelles j’ai reconnu de la fierté, du soulagement, de la certitude aussi... J’avais du mal à respirer. C’était chaud dans mes poumons, et c’est remonté jusqu’à ma tête pour finir par sortir sous la forme de deux perles au coin de mes yeux.

Wahou...
Je suis resté scotché, assis par terre sur ce ponton pendant un bon moment. Je me disais, mais qu’est-ce qui t’arrive le Gwen ? C’est quoi cette sensation ? Et puis je crois que j’ai compris... J’ai compris que, peut-être pour la première fois de cette histoire, je réalisais vraiment ce que j’allais faire. Je le réalisais, et en même temps l’évidence de la chose m’apparaissait dans toute sa... Je ne sais pas quoi. C’était énorme. C’était comme une révélation. Une acquisition soudaine, pleine et entière, de la réalité.

Dans un mois, peut-être moins, je pars faire le tour du monde à bord de mon bateau. A bord de la Boiteuse. Et vous voulez que je vous dise ? J’ai hâte.

Puis, au bout d’un moment je me suis dit qu’il fallait peut-être que je me lève... Des gens marchaient autour de moi et semblaient me regarder d’un drôle d’air. Je me suis donc levé, et j’ai terminé de ranger le bord, j’ai fermé et je suis rentré chez moi.
A un moment j’ai bien pensé m’arrêter à la pharmacie pour commander mes médicaments, mais je me suis dit que cela pouvais bien attendre demain. J’étais naze.

Pendant le trajet en bus je me suis repassé plusieures fois ce moment magique que j’avais éprouvé assis sur ce ponton, et je me demandais si j’allais pouvoir vous en parler. Et surtout comment j’allais pouvoir vous en parler.

J’espère sincèrement y être arrivé.

4 commentaires:

Monique a dit…

Tu en parles très bien de cette émotion qui fait à la fois chaud partout et humide dans les yeux, Gwen.
Je crois que tu as franchi ton premier cap de Bonne Espérance.

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Et encore, je ne suis toujours pas sûr de ce que j’ai ressenti. Il y avait de la fierté comme je l’ai dit, celle d’avoir réussi à accomplir quelque chose de grand (pour moi) et de compliqué. Mais aussi la prise de conscience que s’en était fini de mes atermoiements et de mes doutes. Je vais le faire, j’en suis sûr et certain. En tous cas je vais essayer et advienne que pourra !

Bourreau fais ton office a dit…

En fait c'était la fièvre dû aux injections, qui t'as provoqué cette sensation ...

Mé non, j'rigole ; tu as bien expliqué ce qui t'es arrivé, et c'est tout à fait compréhensible ! tu l'as enfin eu, le déclic qui te signale que tu es près à partir !

Gwendal Denis a dit…

@Bourreau : Je ne sais pas si c’est ce fameux « déclic » tant attendu, c’est l’avenir qui le dira. Mais le fait est que je n’ai plus de doute quant à mon avenir proche... Je sais que je vais partir, ça c’est sûr. Par contre je ne sais absolument pas combien de temps ça va durer, ni même si ça va durer. Et le plus jouissif, c’est que je m’en fout !