vendredi 1 avril 2011

Des nouvelles !

Réveil à 02h30 du mat ce mercredi 30 mars 2011… et pour une fois le chat n’y est pour rien. Je croise sur Facebook les noctambules pas encore couchés… On se passe le relais, et moi j’entame ma journée. Ma dernière journée de terrien.

Il y a un truc qui me tarabuste vraiment… Nous l’avons déjà abordé dans les commentaires, notamment avec Bourreau, mais je suis vraiment étonné de ne pas stresser plus que ça…
Normalement, enfin d’habitude je veux dire, lorsque j’ai à vivre un événement pas banal, je suis du genre à angoisser un max. A passer mon temps à vérifier, contre vérifier les choses. Je me prends la tête de peur d’oublier des trucs, et je me trimballe une boule à l’estomac grosse comme un melon…
Mais là, rien.

Limite, je m’en inquièterais…

Comme je l’ai dis, j’ai tellement intégré ce départ, que cela me semble normal. Comme il me semble normal de partir faire le tour de la planète seul sur mon bateau. C’est aussi simple et clair que ça.

En tous cas pour moi, car lorsque j’annonce mes projets à quelqu’un, j’ai généralement droit à des yeux écarquillés et à des réactions parfois déroutantes..

En fait il y a plusieurs sortes de réactions. Il y a ceux qui n’y connaissent rien et qui s’ébaubissent : « Oh putain, quelle chance tu as ! ». Il y a ceux qui n’en connaissent guère plus mais qui s’étonnent que je parte en solo : « C‘est chouette, mais tu le fais…seul ? ». Il y a ceux qui me regardent avec des yeux de merlans frits, et qui n’osent pas dire le fond de leur pensée. A savoir qu’ils ne comprennent absolument pas l’intérêt de faire ça, et à fortiori seul.
Et enfin il y a les pros qui me regardent avec une espèce d’indulgence dans les yeux, genre : « Mon pauvre garçon, tu vas en prendre plein la gueule. Mais si c’est-ce que tu veux… ».

Beaucoup me disent que je suis courageux, mais a contrario personne ne me dis que je suis fou ou inconscient. Peut-être qu’ils n’osent pas, je n’en sais rien. Mais le fait est que je n’ai pas l’impression d’être particulièrement courageux, donc peut-être suis-je inconscient… Pour vous dire la vérité, je ne sais même pas si je suis capable de faire ce tour du monde. Je n’en sais strictement rien. Mais si je n’essaye pas, je ne risque pas de la savoir, hein ?

Bon, 05H35, je vais aller prendre mon dernier bain dans une baignoire avant longtemps. Puis je vais boucler mes derniers sacs. Faire un énième tour de la maison. Couper l’eau, le gaz et l’électricité. Et je vais m’en aller, sans même jeter un regard en arrière.

Le même jour à 19H45.
La journée touche à sa fin, et je sens dans mes vieux os que je ne vais pas faire long feu ce soir. D’abord parce que j’ai bien bossé, et puis ensuite parce que je manque un peu de sommeil ces temps-ci. J’imagine, j’espère en tous cas, que mon petit corps se rappellera combien il aime à dormir sur un bateau et qu’il prendra son compte de repos.

Ce matin j’étais à l’ouverture de la boutique du graveur en centre ville. Retour chez moi dans la foulée, pour récupérer mes affaires et fermer la maison. Je me suis fendu d’un taxi pour aller au port… Oui je sais c’est dispendieux… mais franchement je ne regrette pas. Car avec une valise, fut-elle à roulette, un sac marin, un sac à dos et une mallette, mon autre sac et ma canne, j’aurais galéré comme un malade pour rejoindre le bord. Là, en quinze minutes le tour était joué.
Arrivée tranquille donc, et après un bon café je me suis attelé au rangement. Rangement, rangement et encore rangement. J’essaye de trouver une place pour chaque chose. Je change d’avis. Je recommence… Bref, je m’installe.
En début d’après midi Arnaud est venu me rejoindre. J’ai préparé une boite de paella que nous avons mangé ensemble, papoté une dernière fois, et puis nous nous sommes salué. Lui me souhaitant bon vent et bonne mer, et moi de prendre soin de lui.

Ensuite, une fois qu’il est parti, je me suis fendu d’une bonne sieste de deux heures… Mmmmmm ça fait du bien ! Et à mon réveil j’ai eu la surprise de voir débarquer Frédérique, l’équipier de Raphael mon voisin de ponton suisse, qui venait me saluer lui aussi avant mon départ. Sympa de sa part.
Re-papotage, mais beaucoup plus technique celui-ci, pendant un couple d’heure… Et pendant ce temps là, bien sûr, le travail n’avançait pas.
Pas grave, j’ai presque fini maintenant. Plus que quelques bricoles à caser, notamment mon gros ordi qui me pose problème, et demain je pense que la Boiteuse sera prête à prendre la mer.

J’imagine que demain je décollerais vers dix ou onze heure du matin… Histoire d’avoir un poil de vent pour rallier les Îles de Lérins. Franchement, ça me ferais chier de commencer ce périple par du moteur. Ouais, ça me ferais chier.


Le jeudi 31 mars 2011

Réveil à 05H20, j’ai la tête dans le cul après plus de sept heures de sommeil d’affilé… Je savais bien que j’allais dormir comme une souche !

Bon ben… C’est le grand jour les enfants… Là, franchement, je commence à m’inquiéter de ma sérénité qui, si je ne me connaissais pas, pourrait passer pour un manque d’enthousiasme. Je pars faire le tour du monde merde ! Et pour l’heure je n’ai aucun des symptômes qui précèdent chez moi l’approche des grands événements. Peut-être plus tard…

Bon, je vais terminer de préparer la Boiteuse pour la navigation. Faire la plein d’eau, la vaisselle aussi. Un petit tour à la Capitainerie pour récupérer la météo et aux sanitaires pour profiter des gogues… Ensuite je vais passer au supermarché pour faire un peu de frais, et puis on va y aller. Tranquillou.

Le 31/03/11 au matin...

Plus tard…
43° 30.900N 07°02.903E
Sainte Marguerite

On se casse...
Et bien on y est… La première journée du périple se termine. Une journée sans vent, ou presque, qui m’a vu parcourir 13,4 Milles en… 5H30 ! Lamentable… Mais bon, je suis désormais en mode « marin itinérant », et ce n’est plus moi qui commande. Le Patron, c’est Neptune ! Et Neptune il a dit qu’aujourd’hui la Boiteuse irait mollo.

J’ai largué les amarres à exactement 10H45. Un voisin qui était là m’a proposé son aide pour la manœuvre, mais j’ai décliné poliment. C’était mon affaire. D’ailleurs le moment était important mine rien… Ce n’est pas tous les jours que l’on part faire le tour du Monde, hein ? C’est d’ailleurs au moment de larguer que j’ai eu enfin une émotion particulière. Quelques battements de cœurs intempestifs, qui n’avaient rien à voir avec le stress de la manœuvre je vous prie de le croire. Alors que je remontais les quais, les bateaux de chaque côté me faisaient comme une haie d’honneur. J’ai levé les bras au ciel en serrant les poings… YES !

J'suis là où ya marqué 3,4 !
A la sortie du port un petit zèph sympa m’a accueilli… Pour très vite aller voir ailleurs si j’y étais. La journée c’est donc passée tranquillement. Une douce brise du travers, donc une allure confortable, pas de houle. Bref des conditions idéales pour commencer ce voyage. Tranquille… Limite chiante ai-je envie d’ajouter, mais ce serait mentir. Le temps passe différemment quand on est sur l’eau, et s’il y a bien deux choses qu’il va me falloir apprivoiser, ce sont la patience et l’ennui.

J’ai fais du rase-cailloux tout en longeant la côte, et vers 16H00 j’ai mouillé la pioche. Bon, j’ai dû m’y reprendre à deux fois car c’était une première ce mouillage en solo, mais au final ça a l’air de tenir. Normal me direz-vous, puisque j’ai carrément mis la totalité de la chaîne ! 30 m ! Heureusement que j’ai un guindeau électrique, parce que 30 m de chaîne mis à l’eau, c’est autant qu’il faut remonter.

Un avant goût ?

L’endroit, je le connais, il est magnifique. Mais le fait d’y être ce jour, et dans les conditions du solo… Comment vous dire. C’est différent. Je me dis que ce que je suis en train de vivre, il faut que j’en goûte tous les instants. Car des premières fois, comme leurs nom l’indique, il n’y en a qu’une à chaque fois.

Le 31/03/11 le soir...

Ce soir au menu, je vais me faire des pâtes. Des pâtes à quoi, je ne sais pas encore, mais je gage que cela sera roboratif, et somnifère. Il le faut, car j’ai faim et j’ai sommeil.
Mais avant ça, pour bien faire, il faudrait que je fasse un truc… Mais j’ai pas envie. J’avais plus ou moins prévu de mettre l’annexe à l’eau et de faire quelques ronds dans l’eau autour de la Boiteuse. C’était juste histoire de tester la manœuvre (simple cela-dit), et de faire quelques photos de ma monture au mouillage… Mais bon, comme je vous l’ai dit, j’ai pas envie. J’ai sommeil et j’ai faim.

Donc les photos de la Boiteuse à l’ancre, et bien ce sera pour la prochaine fois.

Putain, qu’est-ce que j’ai sommeil moi… Et faim aussi !

Le 1er avril 2011

43°25.359N 06°45.848E
Saint Raphaël

Alors que les pâtes cuisaient, j’ai eu droit à un coucher de soleil flamboyant de rose et d’orange. C’était superbe. Puis la nuit est arrivée, et avec elle cette espèce d’angoisse de l’inconnu et de l’impondérable…
J’ai allumé le feu de mât, comme il est écrit dans le règlement maritime… Mais celui-ci n’a pas l’air de fonctionner. En tous cas je ne le vois du pont, et ça franchement c‘est plutôt chiant… Parce que si c’est l’ampoule qui est grillée, ça veut dire qu’il va me falloir monter dans le mât. Et tout seul c’est quasiment mission impossible sans équipement adéquat. Qu’est-ce que je ne donnerais pas pour avoir des barreaux soudés tout au long de la mâture comme sur le Joshua de Moitessier !

La nuit, je fonctionne uniquement sur batterie, ce qui fait que je suis obligé de fonctionné à l’économie. Pas plus d’une ampoule allumée à la fois, et la lampe frontale vissée sur la tête. Ce n’est pas tout à fait du camping, mais presque. Un jour, pour bien faire (mais peut-on tout bien faire ?), il faudrait que je pousse mes batteries à fond pour voir ce que j’ai comme réserve. Un peu lorsque l’on pousse une voiture à la panne d’essence pour voir ce que la réserve peut donner. Mais bon, pas ce soir…

Je me suis couché à 21H30... Comme je m’en doutais j’ai eu un peu de mal à m’endormir tant je restais malgré moi attentif aux moindres bruits suspects. Une heure plus tard, une envie de pisser m’a fait me lever, et j’ai eu la surprise de constater que le vent avait complètement tourné. Imaginez un peu, vous avez la tête embrumée, et lorsque vous ouvrez la fenêtre le paysage que vous vous attendiez à voir n’est plus du tout le même ! C’est déstabilisant quelque part… Bon, finalement je me suis endormi tout de suite après mon pissou et j’ai roupillé jusqu’à quatre heures du mat.

St Honorat
Au réveil, petit moque de café et clope sont de rigueur. Dehors il fait doux… Quelques étoiles, quelques nuages. Pas de lune. La mer est plate comme la main, et je n’entends que le bruit du ressac et celui des grillons qui s’ébattent sur l’île. Je vais attendre le jour pour partir… Je ne suis pas pressé hein ?
Au fait, dans l’enregistrement d’hier je vous disais que j’avais 30 milles à faire aujourd’hui. Et bien non, j’ai préparé ma route sur la carte et en fait je n’en n’ai que quinze… (Je ne sais pas d’où m’est sortie cette idée !) Donc, la journée de ce 1er avril devrait ressemblée à celle d’hier : Tranquille !

Plus tard…

Ca-y-est, je viens de m’amarré au port de Saint Raphaël. Pas à la même place que le dernière fois, mais pas loin. Je suis ravi car ils vont pouvoir me garder pour le weekend !
En effet, j’ai préféré revenir au vieux port plutôt qu’à la marina hyper-class qui se trouve à un kilomètre. Tout simplement parce que c’est moins cher, d’une, et de deux c’est plus proche du centre, des commerces, et de la gare (Vous verrez pourquoi c’est important plus tard).

Avalon ?
J’ai quitté le mouillage de Sainte Marguerite à 07H20 exactement. Le soleil était levé depuis peu, le vent était quasiment absent, il faisait frais… Bref, la même journée qu’hier, comme je m’en doutais. Au passage de l’île de Saint Honorat, j’ai eu droit à la vision féérique du château dans la brume matinale… Magique !
J’ai navigué au Grand Largue à une moyenne fabuleuse de 2,5 nœuds, et ce pendant des heures… Jusqu’au cap du Dramont. Là, je crois que je me suis endormi… Oui ! J’ai piqué un petit roupillon des familles tout en écoutant Stéphane Bern sur Inter. Ce qui, entre parenthèse, vous démontre l’intérêt qu’a ce monsieur pour moi. Lorsque j’ai émergé, j’étais dans la baie de Saint Raphaël. J’ai dû tirer deux bords pour rejoindre le port et je suis finalement arrivé à 14H10. Soit, si je ne m’abuse 06H50 pour faire 15 milles…. Deux nœuds de moyenne ! Yes !
Cela dit, la lenteur a son charme. J’ai remarqué qu’en navigation, pourvu qu’elle soit confortable, l’ennui devient créateur d’action. J’entends par là que pour meubler ce temps qui nous est offert, on s’occupe en faisant les choses maintes fois reportées ou tout simplement oubliées… Comme par exemple se plonger dans la notice des WC chimiques et de les inaugurer avec une belle crotte !

Saint Raphaël !

Sitôt à quai, et après avoir rangé le bateau bien sûr, je me suis attelé à la finition de cet article pour pouvoir vous le poster assez rapidement. C’est que je me doute que vous devez être comme des fous à attendre derrière votre écran ! Non ? Ah bon…

Blague à part, comme il n’y a pas de wifi ici, il va falloir que j’aille au McDo. Mais avant ça, je crois bien qu’une douche serait la bienvenue… Oui, on va faire ça. Douche, Internet, et puis après j’appellerais mon père.
Car si je me suis arrêté à Saint Raphaël plutôt qu’ailleurs, c’est pour voir la Thérèse Family bien sûr, mais aussi pour, peut être, essayer de voir mon père avant de partir. Donc pour ça il va falloir que je l’appelle.

Allez, je vous laisse. Je pense que je reprendrais la plume d’ici la fin du weekend pour vous faire part du programme de la semaine à venir.


Héhé !! Même pas peur d'abord !

6 commentaires:

cacahuette83 a dit…

Et bien dis-donc! Tu ne nous as pas épargnés à ce que je vois! Tu as raison, il faudrait que tu racourcisse tes messages vocaux... C'est trop long... Mais heureuse de t'entendre tout de même!

Bon et bien de toute façon on se parle dans cinq minutes...

Gros bisous !
A de suite!

lucifer! a dit…

je sens que la géographie sera de la partie .Quel beau voyage on va faire ... moi qui ai tout à apprendre !

poussinette a dit…

contente de s'avoir que tout va bien ... malgré tout nos conversations me manquent ...
(je suis légèrement égoiste lorque je dis ça ^^)

je t' embrasse

Gwendal Denis a dit…

@Cacahuette : J’ai bien noté qu’il fallait que je fasse plus court la prochaine fois… Et surtout que j’ai au moins quelque chose à dire !
A demain !

@Lucifer : C’est clair que tu as intérêt à réviser ta géo si tu veux pouvoir me suivre. Cela dit, je le répète pour les nouveaux, quand vous voyez des coordonnées GPS, vous n’avez qu’à les copier/coller dans Google Earth ou Google Map. Et hop ! Vous y êtes !

@Poussinette : Avec moi tu as tous les droits. Même celui d’être égoïste.

Monique a dit…

Je sens qu'on va régaler encore plus à te lire..à t'entendre..à te voir, car ce sera, comme ici, plus rare et encore plus documenté !!
je t'embrasse, capitaine !

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Je l'espère bien... Car je suis en train de réaliser que partir sans avoir à raconter quelque chose n'aurait pas de sens pour moi. Le bonheur ne vaut que s'il est partagé disait je ne sais plus qui, et il avait raison !