dimanche 1 mai 2011

De Barcelone à Tarragone

Le samedi 30 avril 2011
41°06.503N 01°15.132E
Tarragone

05H39 : La Boiteuse est presque prête à prendre la mer. Presque. Aussi je crois que je peux prendre un peu de temps pour vous raconter ma soirée d’hier.

Convivialité...
Je vous disais que sur le ponton du Port Vell de Barcelone il y avait de la vie. Des gens y habitent et forment une petite communauté qui pour l’instant n’avait fait que m’observer du coin de l’œil. Des holàs, comme ça en se croisant en allant aux chiottes, mais rien qui ne sorte de la politesse convenue. Jusqu’à ce que je rencontre Maité.

Un salut de la tête pour commencer, puis une rencontre au bar du Fastnet où elle me demande d’où je viens et où je vais… Et puis hier Maité m’a invité à boire un verre sur son bateau, le Mistral III.
Et là j’ai fais la connaissance d’une femme extraordinaire. Catalane pur jus, avec des idées et un caractère bien trempé, Maité force le respect. Elle vit seule sur son bateau et connait tout le monde. Du coup elle m’a présenté à tout le monde… Maya, ma charmante voisine qui ne m’avait pas adressé un mot depuis mon arrivé, Luiz qui vit avec son fils sur le ponton d’à côté, Juan, et John un hollandais qui vit lui aussi sur la marina.
Nous nous somme retrouvé sur le Mistral III devant un apéro et des tranches de Chorizo et nous avons parlé. Nous avons parlé de tout et de rien, de mon voyage, des voyages des autres, de la vie à Port Vell… Une discussion qui s’est poursuivit tard dans la nuit alors que j’avais mon bateau à mettre en ordre de marche. Mais bon, c’est pas grave, j’ai tellement apprécié ces moments de convivialité que j’ai accepté volontiers de devoir mettre les bouchées doubles le lendemain matin.

Moralité : J’ai déjà dis plusieurs fois que la vie pouvait être bizarre, mais elle peut être également très injuste. Pourquoi a-t-il fallut que je rencontre ces gens formidables la veille de mon départ ? Allez savoir… Moi-même, après avoir passé pas mal de temps à me creuser les méninges, j’ai renoncé désormais à me poser la question. C’est comme ça, un point c’est tout. Et il faut faire avec.
Pourtant, pendant un moment j’ai bien pensé à… Mais non. J’avais pris une décision et je devais m’y tenir. J’avais prévu de partir ce samedi de Barcelone, alors c’est-ce que j’ai fait.

Le Royal Clipper
07H50 exactement, je quitte Barcelone. Je salue au passage le plus grand voilier du monde, le Royal Clipper et ses cinq mats. Cette réplique construite sur le modèle des clippers du début du siècle dernier est une véritable splendeur (voir ICI)…

Puis à la sortie du port je me fais cueillir par une houle du Nord-est pas mal formée qui ira en s’accentuant au fur et à mesure que je m’éloigne de la côte pour éviter les cargos au mouillage. Cap au 240° et la Boiteuse se retrouve au Grand largue, avec la houle dans le cul… Je vous l’ai déjà dit, elle n’aime pas beaucoup ça et moi aussi. On se dandine comme un bouchon dans des creux qui iront jusqu’à deux mètres et ce qui devait arriver arriva : J’ai été malade.

Burpl !
Ça a été mon premier et vrai mal de mer depuis mon départ. Une horreur. L’estomac au bord des lèvres, plus de force dans tout le corps, des sueurs et des frissons partout… j’étais mal.
Avec le recul je me dis que c’est un peu normal vu que la veille au soir je m’étais couché tard et n’avais pratiquement rien avalé (et à midi également si mes souvenirs sont bons). Et comme je ne déjeune pas le matin… Bref, c’est ma faute. Mais en attendant j’étais assez mal barré. Le moindre effort physique me donnait envie de gerber. La moindre pensée d’un effort quelconque me donnait envie de gerber. J’ai bien essayé d’avaler une banane pour avoir justement quelque chose à gerber, mais elle n‘a pas voulue…

Ça va mieux...
Heureusement Eole m’a fait une fleur. Une bonne petite brise bien portante et régulière m’a permis de mettre La boiteuse comme sur des rails. Pilote branché, rien devant, je me suis allongé et j’ai fermé les yeux. Sans vraiment dormir mais en me laissant bercer (genre balançoire pour les grands tout de même !) ce fichu mal de mer a réussi à s’atténuer. Vers 10H00 j’ai pu enfin avaler ma banane, et à midi c’était pratiquement terminé. Seul un léger mal de tête ne me quittera pas de la journée, mais j’ai pu bien déjeuner et être en forme pour le reste de la journée.

Cette satanée houle venue de France (Grrr !!!) ne m’a pas lâchée jusqu’à mon arrivée, mais elle a permis à la Boiteuse d’effectuer une honnête moyenne. 55 milles en 10H40, c’est pas mal. Avec des petits surfs bien sympas sur la crête de vague, à plus de huit nœuds !
C’est bien ma fille.

Brave fille !
Bon sinon je n’ai pas grand-chose à vous raconter sur la côte. C’est moche. De Barcelone à Tarragone ce ne sont que plages de sable et bétonnage. S’il y a quelque chose de doré sur la Costa Dorada, comme elle s’appelle, ça doit surtout être le portefeuille des promoteurs immobiliers. Mais comme ils sont pratiquement tous ruinés maintenant, je me dis que c’est bien fait pour leur gueule. Z’avaient pas qu’à faire des trucs moches.
Il n’y a qu’à l’approche de Tarragone où le paysage s’améliore avec quelques beaux reliefs rocheux, des petites villes où dominent d’anciennes abbayes. Un très beau château dont j’ai complètement oublié le nom… Par deux fois j’ai croisé des flottes d’optimistes et de dériveurs barrés par des enfants qui s’amusaient comme des fous dans la houle (sont cons ces gosses !), mais ce fut presque tout.

Je suis arrivé au Port Deportivo de Tarragona à 18H20. Le gardien du port m’a attribué une place, j’ai demandé les codes pour les toilettes, les douches et le wifi, et je me suis installé. J’étais crevé. La connexion étant assez chaotique j’ai renoncé assez vite à répondre à vos commentaires, et je me suis fait quelques pâtes accompagnées d’une fricassé de tentacules de poulpes… Miam !
Et à 21H00 au pieu !

Cache-cache
Ce matin, quatre heure du mat’, je me suis réveillé en m’apercevant qu’à l’extérieur la fête battait son plein. En effet trois boites de nuit sont installées sur le port et l’insonorisation semble n’être qu’un vœu pieux chez elles !

Programme léger aujourd’hui puisque l’étape du jour devrait me mener à l’Ametlla de Mar (25 milles à peine), petit port juste avant le delta de l’Ebre. Car ce delta assez large, qui marquera également la frontière entre la Catalogne et la Valenciana, est un endroit un peu délicat à négocier avec pas mal de courants et de bancs de sables… Je préfère donc me le réserver pour lundi et le passer en une journée.

Voilà ce qu’il y avait à dire sur cette journée du 30 avril. Aujourd’hui nous sommes le 1er mai et c’est la fête des travailleurs. J’ai bien dis les travailleurs et non pas la fête du travail comme j’ai pu le lire sur mon agenda… D’ailleurs ici on dit el dia de los trabajadores. Alors bonne fête à tous les trabajadores du monde !

3 commentaires:

Monique a dit…

Juste pour lancer le fil des commentaires pendant que je te parle sur skype...
Et oh ! les copains...Gwen aime bien qu'on lui écrive !

Thrse a dit…

J'ai pas eu le temps de visiter hier... Je me rattrape aujourd'hui! Je vois que tu commence à faire des touches de port! Tant mieux! Toutes ces connaissances vont t'enrichir! Je suis bien heureuse pour toi!
Par contre, je ne t'envie pas ton mal de mer! Brrrrr!!!!!!

Je te fais de gros bisous mon cher Gwen et te souhaite une bonne journée!

Gwendal Denis a dit…

@Monique : Cafteuse !

@Thérèse : Moi aussi je t’embrasse !