07°02.535S
34°51.352W
Marina
Jacaré, Brésil
Moi aussi j'ai pas envie de partir ! |
Tout
d’abord, il faut arrêter avec le cliché occidental qui décrit le Brésil comme
un vivier sans fond de jolies nanas dénudées. Les brésiliennes ne sont pas
toutes des bombasses, loin s’en faut. Je dirais, pour faire simple, que tout
dépend du niveau économique de l’endroit où vous vous trouvez, et que la beauté
est proportionnelle au statut social. En l’occurrence, dans le petit village de
pêcheurs où je vis, je croise plutôt des petits pots à tabac, alors que lorsque
je vais à Joao Pessoa, près du cartier de Tambau, je croise plutôt des canons
de la mort qui tue.
Ma copine et moi, on tient le bar ! |
On
est loin, je trouve, de l’image de la brésilienne hyper sportive et folle de
son corps. Ce genre de maladie mentale ne semble atteindre en fait qu’une très
faible partie de la population. En l’occurrence celle qui est pétée de thune.
Au
début, j’ai été choqué par le nombre de panneaux signalant que tel ou tel lieu
était sous la « protection » d’entreprises de surveillance armée,
ainsi que par la propension à foutre des barrières et des barbelés un peu
partout. Limite on pourrait croire à une espèce de paranoïa ambiante tellement
certains quartiers ressemblent à des camps retranchés. Ici ils appellent ça des
condominiums. Ce sont des résidences pour super-riches avec tous les services
possibles leur permettant de vivre en quasi autarcie, complètement déconnectés
de la réalité.
Certes,
il y a beaucoup moins de flics dans les rues que ce que j’ai pu voir dans les
années quatre-vingts, mais j’ai l’impression que ceux qui en avaient les moyens
ont tout simplement décidé que les pauvres n’étaient décidément pas des gens
fréquentables... Et ont fait en sorte de s’en protéger par eux-mêmes. C’est
très déstabilisant.
Sinon,
essayez de ne pas vous trouver près d’une boutique lorsque les convoyeurs de
fonds viennent récupérer la recette, je vous jure que vous allez flipper !
On les croirait sortis tout droit d’un film de guerre, et le coup de se faire
écarter sans ménagement du chemin avec le canon d’un fusil à pompe a de quoi
vous glacer le sang, croyez-moi.
Sinon,
comparé à ça, le contrôleur de train qui porte un gilet pare-balle et un
holster à la cuisse dans lequel est glissé son carnet de contravention, ça fait
plutôt rigoler.
D’un
point de vue politique, je vous avoue que le Brésil me déçoit quelque peu...
Bon ok, je n’ai pas encore fini de tout comprendre, loin de là, mais il est un
exemple que je voulais vous citer, et qui me semble assez symptomatique de ce
qui se passe ici. En ce moment a lieu la campagne électorale pour l’élection
des conseillers municipaux (vereadors). Sur la Ville de Cabedelo (50 000
habitants), neuf postes sont à pourvoir et il y a... 196 candidats !
La sono à fond, comme toujours... |
Sinon,
dans un registre plus léger, il faut que je vous parle un peu de la bouffe...
Et plus particulièrement de ce qu’est une churascaria. La churascaria, qu’on
retrouve aussi en Argentine, est un restaurant où l’on sert principalement
de la viande, mais pas que. Pour un prix d’entrée unique (25 R$, mais on peut
trouver moins cher), vous avez aussi pour les moins carnivores d’entre vous, la
possibilité de puiser à volonté dans un buffet très bien garni. Mais le top du
top, reste les grillades... Bordel que c’est bon ! C’est bien simple,
sitôt avalé mes premières bouchées, j’ai réclamé à corps et à cris qu’un jour
on m’enterre sous le carrelage du restaurant !
Miam ! |
Sur
la table vous avez un petit signal qui lorsqu’il reste au vert proclame à tout
le monde que vous désirez être approvisionné. Et quand vous êtes sur le point d’éclater,
ou que vous voulez faire une pause, il suffit juste de tourner la mollette et d’afficher :
Não Obrigado !
Pour
ma part, je me suis pété le ventre... Et je garde un souvenir ému de cette
soirée qui fut certes conviviale, mais surtout pantagruélique !
Nota
bene pour les végétariens : Les fruits et les légumes feront sans doute l’objet
d’un article dédié (c’est comme ça qu’on dit lorsqu’on a du métier !)
Bon
voilà, je crois que ça suffit pour aujourd’hui... L’avitaillement de la
Boiteuse est fait et nous devrions partir mardi matin. Je dis nous, car pour
avoir enfin le courage de bouger mes fesses et de larguer les amarres, je me
suis accroché à la remorque d’un autre bateau ; Loïck pour ne pas le
nommer. Nous descendons donc vers le sud et devrions atteindre la ville de
Parati d’ici une quinzaine de jours. Sans doute moins, mais les anxieux seront
tout de même priés d’attendre au moins trois semaines sans nouvelles avant de déclencher
le plan ORSEC. Merci bien.