14°27.965N 60°51.925W
Marina du Marin, Martinique
Salut à vous amis lecteurs !
Après un mois sans nouvelles, je suis sûr que vous vous dites que
ça-y-est, maintenant que je suis au ponton je n'ai plus une minute à
moi pour prendre le temps de coucher quelques mots sur le clavier, ou
de prendre quelques photos, et de vous tenir au courant de mes
tribulations. Ou alors que je suis en train de déprimer comme ce
n'est pas permis. Ou bien que je me suis enfin plongé à corps perdu
dans l'écriture et que je suis sur le point de vous pondre le roman
du siècle.
Bon, on va dire que c'est un peu un
mélange de tout ça. Sauf pour le roman du siècle qui reste pour
l'instant au point mort.
C'est ma rue ! |
Depuis un mois je me laisse un peu
vivre il faut le dire. J'émaille ici ou là ma glandouille de
quelques activités productives mais qui sont plutôt des fulgurances
dues à quelques coups de bol aussi inattendus que bienvenus. En
quelques mots clairs, j'ai enfin changé l’embase de mon hors-bord
qui me faisait des misères depuis presque deux ans. Oui je sais, il
était temps. Ensuite j'ai fait l’acquisition d'une paire de
winches de la mort qui tue. Là encore il s'agit d'un coup de bol
inouï puisque je suis tombé sur deux Lewmar 46 ST que j'ai pu
acquérir pour une bouchée de pain (Merci Calypso et Adrien !). Bon
d'accord, je vais en avoir plus cher à les installer que le prix
qu'ils m'ont coûté, mais l'un d'en l'autre je m'en sors très bien.
Quoi d'autre ? Ah oui ! Mon dinghy a son nom dessus
conformément à la réglementation en vigueur !
Du coup, pour l'incognito c'est raté... |
Sinon ? Et bien sinon... rien.
J'ai adopté une routine qui sied à l’attentisme qui est le mien
depuis mon arrivée en Martinique. Sans pour autant croire en la
Divine Providence, lorsque je me trouve face à un problème, pas un
gros problème qui demande de réagir dans l'urgence, mais plutôt un
truc existentiel, j'ai tendance à faire l'ours. J'entre en
hibernation et j'attends que ça passe. Et avec un peu de bol, la
solution de mes problèmes m’apparaîtra en rêve ! Ou bien,
et ça c'est plus sûr, au hasard d'une discussion avec un visage
ami, je démêle la pelote de laine que j'ai à la place du cerveau,
et ma route devient alors plus claire. Jusqu'à présent, ça a
toujours fonctionné, alors ne désespérons pas.
Cela dit, il faut quand même que je
vous avoue avoir eu, et avoir encore, quelques moments compliqués.
Des souvenirs qui remontent à la surface au moment où je m'y attend
le moins. Des bouffées d'angoisses qui me saisissent les poumons à
des moments incongrus. Des envies furieuses de dormir. De pleurer
aussi... Oui, je connais les symptômes, alors il n'est pas
nécessaire de me dire que je suis en train de déprimer ! Je le
sais ! Merde à la fin ! (Ah oui, j'oubliais les poussées
de colère, j'en ai aussi).
Mais bon... Généralement cela ne dure
qu'un instant et se répare avec un bon repas bien lourd et une
sieste toute aussi lourde.
Je sais, il est mal posé... Mais c'est pour la Photo ! |
Je me dis que c'est le printemps qui
veut ça. Cette année, la période mars/avril, le combo maléfique
des anniversaires (Zoë/moi/le voyage)... j'ai eu un peu plus de mal à
l'encaisser que d'habitude. Et puis je me suis rendu compte que
« trouver un emploi » s’avérera sans doute bien plus
compliqué que je ne le pensais. Au départ, j'avoue que je me
figurais qu'avec ce que j'ai vécu ces dernières années, mon
expérience, tout ça, je disposais de compétences multiples
facilement « monnayables » ou du moins intéressantes.
Ben voyons ! Doux rêveur que j'étais ! C'était sans
prendre en compte le fait que le Marin grouille littéralement de
gens qui ont eu la même idée que moi ! Et ces gens sont eux
aussi polyglottes, connaissent les bateaux, ont parcouru le monde
pendant des années... et ont moins de trente ans. Les filles ont les
jambes fines et des tatouages et les mecs portent la barbe. (Sérieux,
le look hypster ça commence à me sortir par les yeux mais d'une
force !)
Bref, la concurrence est là. Ces
jeunes savent tout faire et contrairement à moi ils sont prêts à
le faire dans des conditions qui à moi me semblent inacceptables.
Cela-dit, après dix ans sans travailler, je me demande si la notion
même de travail ne me paraît pas inacceptable... Du coup,
forcément, les dés sont un peu pipés en ce qui me concerne.
Quand je pense qu'il y en a qui sont au mouillage... |
Bon voilà, vous savez tout. Ou
presque. Il ne s'agirait pas que je vous plombe votre weekend avec
les errances psychologiques d'un quinqua sous les tropiques, hein ?
La plupart d'entre vous ne viennent pas pour ça, je le sais, et
d'ailleurs je culpabilise un peu de ne pas vous envoyer plus de
rayons de soleil. Mais bon, que voulez-vous, c'est comme ça. Ah oui,
une dernière chose : Pour ce qui est de la saison cyclonique,
sachez que ma destination se précise de plus en plus, et ce sera sans doute...
Attention, roulement de tambour... Le Venezuela !
Et ne commencez pas à hurler que je suis malade de vouloir me rendre dans ce pays de sauvage, je sais ce que je fais. Et puis nous aurons le temps d'en reparler
puisque ce ne sera qu'à partir de juin.
A bientôt les gens, et promis, je vais
essayer de trouver les mots pour vous raconter des trucs avant le
mois prochain.