13°00.155N 61°14.477W
Admiralty Bay, Béquia
Lorsque je suis arrivé dans la Baie de
l'Amirauté, Admiralty Bay in english, je me suis ancré à environ
400 m de Margaret Beach. Pourquoi là ? Ben, c'est parce que je
voulais être au plus près des copains de Good Life, c'est
tout. Seulement, au bout d'une semaine à me faire ballotter dans
tous les sens par des rafales de vent qui déboulent à toute
berzingue de l'espèce de V formé par deux collines fort
malheureusement disposées là, j'en ai eu marre. Mais alors, marre
de chez marre. C'était pire qu'à Carriacou ! J'en avais marre
à un point tel que j'étais à deux doigts de déclarer les
Grenadines comme étant le pire endroit que La Boiteuse ait connu
sous mon commandement. Une déclaration officielle, aussi définitive
que lapidaire.
Le ponton |
Alors je sais, on va encore dire que
j’exagère, que je râle tout le temps, que je ne mérite pas la
vie que j'ai, que je pourrais faire un effort quand même, que je ne
suis qu'un aigri de Français jamais content de son sort, etc, etc...
Ouais, et alors ? C'est comme ça,
faut vous y faire. Et si vous n'êtes pas jouasses, vous n'avez qu'à
aller voir ailleurs. Le net regorge de blogs de voyage qui vous
décrirons la carte postale exactement comme vous avez envie de la
voir, et passerons judicieusement sous silence tout ce qui pourrait
avoir un rapport avec la « vraie » vie. Leurs auteurs
considèrent, à tord ou à raison, qu'ils sont des privilégiés.
Bien, soit... Le souci c'est qu'ils considèrent également que parce
qu'ils ont « la chance » de vivre votre rêve, ils
ont le devoir absolu de ne pas vous le gâcher avec des
considérations, qui en d'autres lieux et d'autres circonstances,
vous sembleraient légitimes. C'est tout. (Non mais c'est vrai quoi,
scrogneugneu !)
Et ici, à bord de La Boiteuse, nous ne
mangeons pas de ce pain là. N'est-ce pas Touline ?
Exact ! D'ailleurs je ne mange pas de pain du tout ! |
Bien, ceci étant dit, et pour bien
vous montrer que je suis quand même capable d'apprécier ce que je
vis au jour le jour, revenons à nos moutons. Le mouillage était
infernal, et je maudissais les Antilles. Cependant, alors que La
Boiteuse tirait des bords sous les rafales, je reluquais avec
curiosité, et mes jumelles, et un peu d'incrédulité aussi, les
quelques bateaux mouillés au ras de la plage. Là où j'étais les
haubans mugissaient, mais là-bas les drapeaux flottaient mollement !
Incredible but true !
Vue de la proue |
J'ai donc profité d'une relative
accalmie pour déménager. C'était samedi dernier... Sauf que, et là
je vais vous la faire courte, une fois avoir levé l'ancre je me suis
aperçu que le tourteau s'était encore une fois désolidarisé de
l'inverseur. Oui je sais, c'est la troisième fois en six mois. Du
coup, re-mouillage en urgence dans 10m de flotte.
Démontage-changement de l'écrou-sertissage-remontage du bordel :Le
tout en 90 minutes chrono ! Ouais je sais, même moi je suis
impressionné.
Pas mal, non ? |
Bref, depuis samedi dernier je suis
enfin au paradis. Le bateau bouge à peine, la chaîne pendouille
mollement à l'étrave, je peux compter les oursins qui tapissent le
fond, et j'ai enfin chaud ! Depuis samedi, j'ai pris un rythme
de vie plus en adéquation avec ma personnalité. Le matin de bonne
heure, Touline et moi nous faisons le tour des copains, pile poil au
bon moment pour se voir offrir le café. Puis, je me rend au
GingerBread Hotel pour me connecter à Internet. Là-bas, même si le
wifi est parfois erratique, personne ne vient vous faire chier pour
vous obliger à consommer. Ce qui ne m'empêche pas de partager de
temps en temps un excellent brownie avec mes copains les merles (de
toute façon, si vous ne voulez pas partager, ces petits salopards
sont capables de vous vider votre assiette le temps d'un regard
distraitement jeté à une jolie fille qui passe par là).
GingerBread Hotel |
Retour au bateau pour un petit frichti
et une belle sieste. Ensuite, vers trois heures, je m'octroie une
baignade. Petit tour au fond des eaux pour vérifier l'ancre (et
celles des voisins), admirer les Grondins volants, les Rascasses
(volantes elles aussi), les oursins avec des piquants de trente
centimètres, les murènes, les poissons aux multiples épithètes,
chirurgiens, trompettes, licornes, etc. Bref, je profite.
Je profite aussi de la vue. La plage
est jolie, propre, et peu fréquentées. Quelques English Old
Ladies prennent le soleil, mais j'ai aussi la chance d'apercevoir
parfois de belles jeunes filles se baigner... Bon, pour l'instant
aucune n'a daigné nager jusqu'au bateau pour faire ma connaissance,
mais je ne désespère pas que cela arrive un jour !
Allez, je vous laisse avec quelques
vues depuis le pont de La Boiteuse !