14°27.965N 60°51.925W
Marina du Marin, Martinique
Où est-il ? Que fait-il ?
Est-ce qu'il va bien ? C'est quoi la prochaine étape ?
Figurez-vous que toutes ces questions que j'imagine vous vous posez,
je me les pose aussi. Sans utiliser la troisième personne du
singulier, rassurez-vous. J'ai beau choper le melon de temps en
temps, je ne porte pas ce couvre-chef en permanence. C'est cyclique
en fait... Mais bon, en ce moment je suis plutôt tête nue.
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Le temps se couvre... Je reste ou je sors ? |
Où je suis ? Et bien je suis
toujours accroché au ponton du Marin telle la moule sur son rocher.
Deux fois déjà j'ai reporté mon départ. La première fois pour
recevoir à mon bord une potentielle équipière, et la seconde fois
pour des raisons de météo. De cette éventuelle équipière vous ne
saurez rien je le crains. La seule chose que vous saurez c'est que
cela n'a pas fonctionné... C'est tout. Ça arrive. C'est comme ça.
La seconde fois, j'ai demandé à
rester une semaine supplémentaire afin de laisser passer une onde
tropicale. Ce n'est ni une tempête, ni un cyclone, mais une onde
tropicale n'est pas le genre de chose qui vous incite à prendre la
mer. Vraiment pas. Genre rafales à 30 Nœuds et pluies diluviennes,
en plein dans les fesses pour ceusse qui désirent comme moi naviguer
vers l'Ouest. Bref, on est loin des navigations pépères sous les
tropiques. Donc j'ai sursis de nouveau (ouais je sais ça fait
bizarre, mais le passé composé du verbe surseoir à la première
personne du singulier c'est, j'ai sursis).
Et puis est venu ce lundi matin
sinistre où je me suis réveillé en me disant que je n'avais
vraiment, mais vraiment, pas envie de partir. Pendant un bon moment
j'ai discuté de mon cas avec une voisine de ponton, et il en est
ressorti qu'il n'y avait aucune raison pour que je me force à quoi
que ce soit. En règle générale j'aime bien ce genre d'argument...
Ça me conforte dans mon attentisme. En plus j'adore ma vie de
ponton !! C'est super-confortable, j'ai des voisins super-sympas
et j'ai tout à porté de la main ! Mais bon, cette situation
toute aussi confortable qu'elle soit ne peut durer trop longtemps. Du
moins c'est ce que me dis une autre petite voix dans ma tête. Celle
qui s'occupe du portefeuille. Bref, je n'étais pas encore décidé
jusqu'à ce que les dernières heures de la matinée me forcent un
peu la main.
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Celui-la il est mort mon Papa, change le ! |
Coup sur coup, deux copains sont venus
à bord pour ce qui ne devait être que des visites de routine. Le
premier Jorge, devait voir ce qui clochait avec Mercedes qui refusait
de démarrer, et le second, Émilien, devait vérifier mes haubans...
Résultat des courses : A trois jours de mon départ vers la
Colombie, Mercedes est à l'article de la mort et j'ai quatre
bas-haubans à changer !
Pour les haubans, comment vous dire...
La dernière fois que j'ai fait vérifier à fond mon haubanage ce
devait être en 2013 lors de mon séjour en Argentine. A l'époque
j'avais déjà un bas-hauban qui commençait à se dé-toronner, mais
le reste semblait en bon état. Et il l'était puisque j'ai pu
arriver jusqu'aux Antilles sans casse. Et ce malgré quelques
branlées mémorables et le fait que mes haubans aient très
probablement l'âge de mon mât ! Oui toi le voileux qui me lit, un
haubanage de 35 ans en bon état c'est possible !
Mais bon, force m'est de constater que
la limite se trouve là... Parce que franchement, si j'étais parti
pour la Colombie comme prévu, mon mât serait probablement au fond
de l'eau maintenant.
En ce qui concerne mon moteur, il me
faut vous confesser ma négligence. En effet, normalement j'aurais du
le démarrer et le faire tourner quelques minutes au moins une fois
par semaine. Et je ne l'ai pas fait depuis plus de trois mois.
Résultat, les pistons sont coincés, au moins un segment est foutu,
le joint de culasse je ne vous en parle même pas... Bref, le
pronostic vital de la pauvre Mercedes est cette fois-ci engagé.
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J'essaye de garder le moral |
Donc, la réponse à la question « que
fait-il ? » : Je fais ce que je peux pour me sortir
de ce mauvais pas.
Est-ce que je vais bien ? On va
dire que oui. J'essaye tant bien que mal de voir le côté positif
des choses, et le principal argument en ce sens est qu'il vaut mieux
que tous ces problèmes me soient arrivés maintenant que plus tard.
En mer par exemple. Et puis c'est peut-être aussi l'occasion de
remédier à tout un tas de petits trucs qui me font chier depuis le
départ... Sans compter qu'être obligé de rester bien
planqué au Marin n'est pas forcément pour me déplaire finalement.
Sauf que ces nouvelles aventures vont
me coûter bonbon... Déjà que j'ai dû racheter un ordinateur à
400 euros, je vais en avoir pour 1000 euros de haubans. Pour le
moteur au minimum 500, et probablement quelques milliers de plus si
je dois en changer... Bref, il y a peu je me posais des questions sur
mon avenir et je décidais de ne pas y répondre dans l'immédiat, là
maintenant je vais bien être obligé d'y réfléchir pour de bon.
Donc je pense que vous comprendrez
qu'avec tout ça la prochaine étape est pour l'instant mise entre
parenthèses. Je me sors de ce merdier, ensuite je regarde l'état de
mes finances, et enfin j'essaye de prendre une décision. Ce qui va
nous emmener vers... Je ne sais pas encore. Début août ? Fin
août ? On verra bien... Cela n'a pas vraiment d'importance
après tout... Ce n'est pas comme si je risquais de prendre un
cyclone sur la tête en restant ici, hein ? Si ?
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Finalement on reste ? Tant mieux ! |