34°26.602S 58°31.795W
Buenos Aires, Argentine
Club de Veleros Barlovento |
Comment on fait pour descendre à terre ? Telle a été ma première question lorsque nous sommes arrivé au Club de Veleros Barlovento... En fait, ce n'est pas tant la question qui me taraudait que la réponse que je devinais déjà.
Entendons-nous bien, je ne prétends pas être un exemple en matière d'ouverture d'esprit, loin de là. Je reconnais même qu'il m'arrive d'être assez têtu (parfois), et que je ne suis pas le chantre de la flexibilité (souvent)... Mais, sans pour autant m'être fait des films sur ce qui m'attendait à mon arrivée, j'avais en tête le schéma classique de ce qu'est une marina. Et ce schéma comportait, excusez du peu, la possibilité de descendre de mon bateau pour mettre pied à terre au sens le plus plein du terme.
Et là... Les bateaux sont amarrés sur pendilles. Une à l'arrière et deux à l'avant, attachées à une grosse chaîne sur la rive. Quelque soit la marée, le bateau reste au minimum à quatre mètres de la rive et la seule façon d'en descendre est donc d'utiliser son annexe, ou encore la lancha. Alors, au risque de passer pour un pointilleux, et je m'excuse de le dire, on est quand même plus proche du mouillage que de l'amarrage.
Chanceux ! |
Le souci voyez-vous, c'est que Miss B est plutôt mal en point... Je dirais même qu'elle est proche de la fin, voire même qu'elle est carrément foutue. C'est bien simple, l'air s'en échappe presque aussi vite que le gonfleur peut l'y faire rentrer ! Nous avons beau avoir tenté de la réparer avec Zoë lorsque nous étions à la Paloma, mais désormais avec trois fuites majeures recensées (plus sans doute deux autres secondaires), mon annexe est à bout de souffle.
J'ai juste eu le temps de faire l'aller-retour pour brancher le câble électrique, que Miss B coulait déjà. Résultat, nous avons passé notre première nuit en Argentine, au chaud certes, mais avec une vague impression d'être prisonniers de notre propre bateau... Même Touline regardait avec envie cette berge si proche et pourtant inatteignable.
Pas mal quand même... |
J'ai marché pendant des kilomètres et ai visité je ne sais plus combien de marinas. Quatre, cinq... Et à chaque fois l'on m'a fait le même discours : C'est complet. Ou alors qu'il fallait être un « socio » pour avoir une place. Un socio ! Depuis le Brésil je hais ce mot !
Bref, tout ça pour dire que lorsque je suis rentré au bateau pour retrouver Zoë, j'étais tout déconfit. Déconfit certes, mais toujours énervé et toujours déterminé à me barrer de Barlovento le plus vite possible.
L'après-midi, rebelote, je suis repartit à la recherche d'un nouvel havre, mais cette fois-ci dans le sens contraire, en remontant le fleuve. Cette fois-ci Zoë m'accompagnait, n'osant piper mot... Même si elle ne comprenait pas trop pourquoi je me butais comme ça.
Et au bout de la quatrième marina nous avons enfin trouvé notre bonheur ! Certes, l'endroit était plus moche et plus cher, avec pratiquement que des bateaux à moteur inhabités, mais l'on se trouvait juste à côté d'un magasin d'accastillage et d'un supermarché, et en plus avec de vrais pontons flottants !
Aussitôt, nous avons réservé la place (c'était la dernière en plus) pour le mardi suivant, promettant à la gentille dame de l'accueil de déménager après avoir fait nos papiers d'entrée sur le territoire. J'étais content de moi, car désormais tout allait être beaucoup plus pratique.
Un Cardinal future Pape ? |
Le lendemain matin, à l'heure où l'aube pointe le bout de son nez et éclaire d'une lueur diffuse les bateaux encore endormis (quel poète!), j'ai de nouveau apprécié la douceur de cet endroit. Qu'importe qu'il faille être tributaire d'une lancha pour descendre à terre. Qu'importe qu'il me faille sans doute investir dans une nouvelle annexe. Qu'importe qu'il nous faille marcher plus longtemps pour nous ravitailler. Qu'importe que Touline ne puisse pas grimper aux arbres... Tous ces petits désagréments ne valaient pas un pet de lapin face à ce spectacle.
J'en ai alors parlé avec Zoë, histoire de voir si nous étions sur la même longueur d'onde... Et nous l'étions. Pour elle aussi, même si tout n'était pas comme nous le souhaitions, mieux valait rester dans ce magnifique endroit plutôt que de risquer la dépression, seuls au milieu de tout ces yachts à moteur où personne ne vivait.
A Tigre, voici les bus ! |
Ceci dit, l'Argentine étant un état fédéral, la défiance est assez inégale et l'on peut trouver des districts plus accueillants que d'autres. Manque de bol, Tigre, le port dont nous dépendons, semble détenir la palme de la suspicion.
Un couple averti en valant deux, c'est en étant préparés au pire que nous avons commencé par l'immigration... Et bien croyez-le ou pas, tout c'est très bien passé !
Une fois avoir payé la tasa de reciprocidad pour Zoë (160 USD, valable pour dix ans), nous avons obtenu notre visa en deux coups de cuillère à pot. Puis nous sommes passé dans le bureau d'à côté où les douaniers ont été tellement sympas qu'ils nous ont conduit eux-même en voiture jusqu'à la prefectura pour faire valider notre entrée auprès des autorités maritimes, et nous ont ramené ensuite au centre ville. Non sans nous avoir indiqué un resto sympa au passage !
C'est bien simple, en une heure et demi tout était réglé. Et comme dit un ami à moi : Il n'est pas interdit d'avoir de la chance !
Passerelle spéciale chatte-baladeuse |
Nous voici donc officiellement en Argentine, patrie du nouveau pape Francisco et de Maradona (Le lien ? La main de Dieu sans doute !). Pour l'heure, nous courrons les shipchandlers, les voileries et les chantiers afin de comparer les prix avant que de nous lancer dans les travaux de remise en état de La Boiteuse. Touline dispose désormais d'une planche pour aller se dégourdir les pattes sur la terre ferme (après son 29ème bain forcé cela devenait urgent !), et nous nous habituons à dépendre de la lancha. Peu à peu, nous faisons connaissance avec nos voisins résidents, surtout composés d'allemands, et nous essayons de profiter de ce début d'automne un peu frisquet. D'ici le début du mois prochain nous serons prêt à attaquer le gros du boulot. Mais d'ici là... On va essayer de profiter de la vie !
Terminal des bateaux-bus |
Myocastor coypus |