23°13.730S
44°41.745W
Paraty, Brésil
Vous l'avez sans
doute remarqué, mais à la fin de l'article précédent, je vous
disais qu'il y aurait une suite au prochain épisode... Cela laissait
supposer donc, que cette nave n'était pas terminée et qu'il allait
se passer encore plein de chose avant que je puisse dire : Ok,
je suis arrivé. Et des choses, il s'en est passé en effet.
Beaucoup.
Il était 14H30 ce
samedi 26 avril et j'étais donc à la barre de La Boiteuse, lorsque
juste avant d'arriver à hauteur de la Marina do Engenho
j'avise un compatriote, le Quinoa. Je ralenti, j'arrête même le
bateau pour que nous puissions échanger quelques mots brièvement
avec le Capitaine. J'apprends qu'il est de Toulon, on est donc
presque voisins.
Je lui dis que je
vais me mettre à quai, mais qu'on aura très certainement l'occasion
de papoter plus longuement, et je reprends ma route. Arrivé à
hauteur du premier ponton, je saisi ma radio et j'appelle sur le
canal 68 comme il est précisé dans le Brazil Cruising Guide.
On
me répond presque immédiatement, et lorsque je demande qu'on m'aide
à accoster, parce que je suis solitário.
On
me dit alors que la marina est pleine. Qu'il n'y a plus de place...
Là, je suis un
peu sonné par ce cas de figure que n'avais absolument pas envisagé.
On est presque en hiver et les grandes vacances sont terminée, je
pensais réellement que La Boiteuse allait pouvoir trouver facilement
une place. Bon... Je remercie quand même, et après avoir réfléchis
quelques secondes je décide alors de me rendre à la marina Porto
Imperial, tout au bout de la baie, où je sais trouver Izabel
Pimentel. Lors de notre rencontre à Rio Grande, nous avions
vaguement évoqué l'idée qu'elle pourrait glisser un mot à
l'oreille de la direction pour qu'ils me fassent une ristourne...
Quelques minutes
plus tard je pénètre dans le canal d'entrée et je vois alors un
zodiac qui fonce sur moi. J'affiche mon plus beau sourire, et je
demande « você tem uma vagua para um barco de 36 pés ? ».
Le type me dit que
oui, et m'ordonne de m'amarrer à un ponton à carburant. Je
m'exécute gentiment, d'autant que la manœuvre est simple et qu'il
n'y a pas un pet de vent.
La Boiteuse n'est
même pas encore complètement arrêtée que Touline a déjà bondit
sur le ponton branlant et fonce ventre à terre en se faufilant entre
les jambes du pompiste. Et que ça miaule, et que ça sautille dans
tous les sens... La pauvre, après deux semaines de mouillage et
trois jours et demi de mer, elle revit !
Je
la laisse explorer son nouveau territoire, et je me dirige vers la
administração
pour enregistrer La Boiteuse. La jeune fille derrière son bureau est
très mignonne mais semble surprise par ce français qui débarque en
souhaitant séjourner quelques jours. Moi, je prends mon air de
navigateur fatigué mais charmeur (que voulez-vous, les français ont
une réputation à soutenir), et je commence à sortir les papiers
pour les formalités... Je n'ai même pas fini de déballer mes
affaires qu'elle me demande la taille du bateau : 36 pieds je
dis. Elle sort la machine, pianote, et m'annonce comme de rien :
Ça fait 576 $R la nuit (190 Euros!).
Là, j'ai faillis
tomber de ma chaise. Pour de vrai.
Je n'ai pas de
machine à calculer, mais je sais que ça représente presque six
fois ce que je payais à Florianopolis, alors que je trouvais déjà
exorbitant !
La
seule chose que j'ai trouvé à répondre c'est até
logo ! Et je me
casse du bureau.
Je vais pour
repartir vers mon bateau, mais presque aussitôt je fais demi-tour et
je demande à la jeune fille si Izabel est dans les parages... Elle
me dit que oui et me montre son bateau (J'étais passé devant sans
le voir en fait). Aussitôt je me dirige vers lui, et après avoir
marché avec précaution sur un cat-way dans un état déplorable je
toque à la coque. Le bateau est ouvert, mais point d'Izabel.
J'attends un peu (Vingt secondes), puis je me dis que toute star
qu'elle est, je doute qu'elle puisse diviser le prix de ma facture
par dix. Alors je décide repartir. Repartir oui, mais avant ça il
faut que je remette la main sur Touline...
Et me voilà donc
à essayer d'attraper cette pauvre Touline en usant de ruses de sioux
sous les regards moqueur des employés de la marina Porto
Imperial. Non seulement je suis
en colère, mais en plus je passe pour un con...
Finalement j'arrive à plaquer la chatte au sol, je l'embarque de
force, et je l'enferme dans les toilettes.
Et nous voilà
repartis.
Chaussure de montagne obligatoires ! |
Après les 190
Euros de tout à l'heure, je considère qu'il y a un net progrès
même si le tarif reste indécent. Je dis donc banco et suis le type
qui me dirige vers un quai où je me glisse entre deux yachts à
moteur avec l'aide de pas moins de quatre marineros. Y'en a
même un qui me souhaite gentiment la bienvenue, ce qui est chose
plutôt rare au Brésil !
Même histoire que
tout à l'heure : J'arrête le moteur et je libère la chatte
qui saute sur le quai et recommence à courir partout en miaulant.
Pendant qu'elle se dégourdi les pattes, je prends mes papiers et je
vais vers les bureaux... Et que croyez-vous qu'il arriva ?
Hein ?
La fille derrière
son bureau, moins jolie mais tout aussi jeune, m'annonce en voyant la
couleur de mon livret (les bateaux français ont un livret orange)
que je ne peux pas rester parce que cette marina n'accepte que les
bateaux battant pavillon brésilien !
Là, je commence
vraiment à m’énerver. Je hausse le ton en criant au scandale.
Qu'en plus d'être des voleurs c'étaient tous des snobs, etc. Le
visage de la pauvrette se décomposait au fur et à mesure que le
mien devenait rouge !
Bon, à un moment
j'ai bien vu que j'abusais peut-être un peu. Je me suis excusé en
lui disant que ce n'était pas sa faute, mais que quand même...
Merde quoi !
Paraty |
Puis rebelote, je
rembarque le chat, je l'enferme, et je redémarre et je repars.
J'étais comme qui dirait dans un état obsessionnel. Je voulais
absolument une place et je n'arrêterais pas d'en chercher une
quelque en soit le coût et le temps que ça allait me prendre...
Pour ceux qui s'en souviennent, j'étais un peu comme lorsque je suis
arrivé à Buenos Aires.
Je n’eus que
quelques centaines de mètres à faire pour me présenter devant la
marina suivante, la marina Pier 188. Là encore, palabres à
la radio, hors-bord, bouée à prendre à l'arrière et amarrage au
quai. Cette fois-ci dans les bureaux j'ai affaire avec un homme.
Sympathique, agréable et souriant. Bref, il m'annonce que c'est 360
$R la nuit mais comme je lui dis qu'à ce prix je ne vais pouvoir
rester qu'une journée ou deux, parce qu'on n'est pas des riches,
nous les vrais velejador, patati-patata, il me propose alors
de me faire la place à 288 $R... Je remercie parce que je suis poli,
mais ça fait tout de même 92 Euros, et à ce prix là je peux
m'acheter à bouffer pour deux semaines.
Marina de Engenho |
Que vous dire de
la marina Pier 188 ? Elle est en travaux, ce qui fait que c'est
un peu le bordel. Les sanitaires sont en piteux états avec des fils
électriques dénudés qui pendent de partout... J'ai du faire gaffe
en prenant ma douche (enfin!). Sinon y'a un petit café sympa où
j'ai pu me connecter à internet via un hotspot de merde qui
empêchent l'accès à certains sites. Ainsi, je peux aller sur mon
site porno préféré, mais je ne peux pas accéder à mon compte
mail, ni à Facebook. Allez comprendre... Moi, j'y ai renoncé.
Touline elle,
s'est vite adapté à son nouvel environnement. D'autant qu'elle a
vite compris que l'espèce de petite hirondelle que l'on voit le soir
aime à nicher dans les replis des voiles... Elle m'en a ramené
quatre en une nuit ! Un vrai carnage !
Le lendemain matin
je décide de retourner à pied à la Marina do Engenho, celle
qui m'avait dit qu'ils étaient pleins, pour voir si par hasard je
n'aurais pas la possibilité de gratter une place. Demander une place
par radio c'est une chose, la demander face à face en parlant
directement avec le responsable en est une autre. En plus, mon regard
de cocker a du mal à passer par les ondes.
Et j'ai bien fait.
Après m'avoir dit que la seule place disponible était réservée,
le responsable Luiz, m'en a quand même proposé une tout au bout du
quai... Pour la modique somme de 180 $R (58 Euros, prix d'ami
parait-il) par jour sans wifi. Deux heures plus tard j'étais amarré
au quai !
Nan ! C'est hors de question que je m'approche plus près ! |
La Boiteuse |
Donc, vous l'aurez
compris, je ne vais pas m'attarder. Je compte même repartir dès
demain pour Rio et mettre cette escale de merde derrière moi le plus
vite possible. Et tant pis si je dois y aller au moteur !
17 commentaires:
Ouf, en effet quelle aventure pour trouver une place, et le regard de cocker ça marche mieux avec les femmes ou les hommes. ;) Et l'autre bateau de Toulon il a trouvé un place?
J'ai souvenir d'un Brésil populaire, souriant et accueillant un max... C'était le Brésil terrien, il semblerait que le Brésil marin soit tout le contraire!
Courage, encore quelques milles et tout ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Pierre
@Aglaé : J'essaye d'avoir à faire aux hommes en règle générale. Parce qu'ici les femmes sont seulement secrétaires sans pouvoir de décision...
@Pierre : Je ne saurais te dire. Mais j'ai connu le Brésil en 1988 et c''est vrai qu'il a bien changé... Quelques milles dis-tu ? 3250 à la louche !
Kkkkkkkkkk! Excuse moi mais j'ai bien rigolé de tes déboirs, tu l'as d'ailleurs écrit pour ça gros malin ! Il faut regarder les choses en face, notre planete est polluée et parfois dans des lieux magnifiques : parfois c'est la saleté, parfois c'est le tourisme de masse mais elle peut aussi l'être par des choses moins visible comme la radioactivité ou l'argent. Tu devrais faire un stop a Matariz ou ailleurs à ilha Grande. J'ai peur qu'a Rio tu retrouves les mêmes marinas avec les mêmes bateaux. On est pas bien dans un petit mouillage hein?
@Bateau Loïck : Pour sûr, j'ai conscience de ce que ça peut avoir de rigolo... Enfin je crois. Mais tu peux me croire si je te dis que ça m'a pas fait rire du tout ! Et je n'en rigole pas encore.
Pour Matariz, j'y réfléchis... Mais je vais me faire chier !
Tu vas finir par aimer les mouillages! Même si les marinas ne sont pas aux normes pour les prix ils sont au top. Quel abus
quand Touline racontera sa vie de matelote ...ça fera un tabac !
en tous cas, elle ne paraît pas avoir apprécié le 39ème outre mesure.mais le type qui lui sert de patron paraît hautement satisfait de l'avoir récupérée cette fois encore .
Les "marinas pas chères" commencent à se faire sérieusement rares un peu partout ... Même à Cuba ils commencent à augmenter les tarots. On a boycotté la dernière fois en allant expliquer à la capitainerie pourquoi nous restions au mouillage.
Ici aux Cayman, idem, la moins chère est à 1,60$ le pieds par jour, donc ... mouillage et puis c'est fou ce que l'on peut faire avec une antenne wi-fi ;)
@Le mousse d'Exocet : Il y a de moins en moins de risque que j'y prenne goût tu sais...
@Lucifer : Elle est, comme la plupart du temps, remontée et rentrée toute seule au bateau. Ce qu'elle fait dans ces cas-là, c'est qu'elle me saute sur les genoux et attend que je la sèche avec une serviette.
@Jingle : J'ai investi dans une super-antenne mais pas encore pour avoir du 220 V 24H/24H !
bon je vais passer pour un beotien ce que je suis et revendique car j'aime la mer mais au bord de l'eau, donc une question : le mouillage c'est bien le stationnement au large apres avoir jeté l'ancre..? Quel est l'interet de mettre son bateau le long d'un ponton où on est obligé de payer des frais de sejour..? Ne peut on mouiller au large dans un endroit où y a moins de monde..?
Si c'est un probleme d'electricité dans le bateau il existe des lampes rechargeables pour la lumière (je dis bien des lampes pas des piles..)..
Je vois déjà la rigolade que je vais dechainer mais perso je prefere errer dans les lieux calmes surtout quand il y a de beaux paysages..J'aime pas les lieux friqués...
je me branche sur le temoignage de "JINGLE", oui je crois aussi qu'il doit y avoir des marinas tres cheres à Cuba, je n'en connais qu'une seule pour y avoir joué au bowling (le seul de toute l'île) c'est la marina Hemingway au nord de La Havane avec pleins d'habitations, des commerces erc tout ca pour les riches americains qui parquent leurs bateaux devant les maisons, je ne connais pas les prix de cette marina mais vu les yachts....
... : Non, ça n'a rien de rigolo comme question rassure toi. Bien sûr qu'il est toujours possible de trouver des petites baies sympas, loin de tout et en plus qui sont gratuite ! Seulement moi, je m'y emmerde comme un rat mort.
Tien, voici une réponse plus complète à ta question : http://laboiteuse.blogspot.com.br/2012/10/jaime-pas-les-mouillages.html
je viens de lire et je t'ai compris...
D'autant qu'apres une navigation harassante quoi de plus naturel qu'un peu de confort..
Et comme souvent malheureusement le confort se paie...
aller d'un point A à un point B (nous avons cela en commun) c'est ce qui fait que je n'aime pas me baigner en mer d'autant que le point B c'est encore le point A...
J'ai bien apprécié des derniers textes Gwendal, je partage bien des idées avec toi, c'est le monde qui marche sur la tête.
Toutes les sociétés veulent des résultats net a deux chiffres pour les actionnaires. ca pourri tout.
Moi je suis parti pour fuir cette société dirigé par le fric, et mois je m'en rapproche mieux je me porte.
A bientôt l'ami.
Yves d'Exocet.
Serai-ce l'effet coupe du monde qui fait grimper les prix comme cela ou bien le fait qu'il y ai de plus en plus de bateaux voyageurs, dans un cas comme dans l'autre la surpopulation apporte la cupidité plutôt que le partage. J'aimais déjà pas le Brésil au vu de ces écarts entre riches et pauvres, je n'ai qu'un mot Au suivant...
allez bise à Touline elle est vraiment jolie m^me aprés le bain. Hi Hi !!!
Bah mince... nous qui nous plaignions actuellement des prix pratiqués dans les marinas de Nassau... De 1,50 à 7$ le pied par jour ! Sont fous, sans eau et sans électricité hein ! Paraty, c'est une station balnéaire ou bien ? La bise à la Touline ! ;)
@Yves : J'essaye de faire pareil, mais malheureusement jusqu'à présent cette chienlit semble se répandre plus vite que je ne me déplace !
@Olivier : Non, c'est très local comme pratique. Les marinas s’adressent à une élite friquée et font en sorte d'en exclure les voyageurs avec des prix prohibitifs. Toujours ce comportement de "socios" dont j'ai déjà parlé...
@Chris et JR : Paraty, c'est le Saint Tropez Brésilien en quelque sorte...
@
Enregistrer un commentaire