05°08.874N 52°38.822W
Kourou, Guyane Française
Prologue :
Nous sommes le jeudi 04 juin 2015, il
est 09H00 et ça y est, c'est le départ. La météo est prise, la
Boiteuse est prête, et il ne reste plus qu'à démarrer le moteur
pour y aller. Mais avant ça il faut mettre la main sur Touline...
Cette satanée chatte était là il y a moins d'une heure, assise sur
le ponton en train de me regarder m'affairer. Mais depuis je ne la
vois plus... J'appelle, je siffle, je tape dans mes mains, j'agite
même un paquet de croquette mais cela ne sert à rien. Pourtant je
sais bien qu'elle est là quelque part la garce ! Elle m'observe
tapie dans l'ombre ! Elle se dit certainement : « Tu
peux toujours courir mon bonhomme ! »
Le temps passe et la marée basse est à
11H30. J'ai encore un peu de temps devant moi...
10H30 : J'abandonne ! J'en ai
plein le cul et il fait trop chaud. Moi je suis là à arpenter les
pontons alors que je suis sûr que Madame est en train de roupiller
quelque part à l'ombre !
Et puis de toute façon, partir
aujourd'hui ou demain cela ne change pas grand chose du point de vue
de la météo.
Le vendredi 05 juin 2015 – On y
go !
06H45 : Ce matin encore Touline a
voulu jouer la fille de l'air ! Elle est allé se planquer sur
un bateau, où j'ai dû aller la dénicher au risque de tomber à
l'eau. Puis j'ai dû ruser en faisant mine de vouloir jouer avec elle
en lui jetant des noix (du Brésil of course !), pour enfin la
plaquer au sol dans l'herbe couverte de rosée !
Bon, la bête est incarcérée dans les
toilettes et il ne pleut pas donc a priori je vais pouvoir partir.
Adieu Jacaré ! |
08H00 : La Boiteuse décolle
doucement du ponton de Jacaré après que quelques voisins m'aient
gentiment largué les amarres. Il y a peu de vent mais nous
descendons le fleuve à plus de six nœuds sous un magnifique soleil.
Je libère Touline qui se réfugie dans l'équipet tribord. C'est
clair, elle tire la tronche.
08H50 : Nous sortons du fleuve. A
première vue, dehors c'est également la pétole...
09H00 : Sans être
particulièrement inquiet (pour l'instant), je trouve que mon arbre
d'hélice fait un drôle de bruit. En tout cas différent d'avant je
veux dire... J'ai regardé mais rien de bizarre ne m'a sauté aux
yeux.
09H20 : J'arrête le moteur. Cap
au 40°, toutes voiles dehors. La Boiteuse glisse doucement dans le
silence et nous gratifie d'un splendide 2,5 nœuds !
C'est super-plaisant, mais je vois déjà
le premier grain qui se présente à l'Est. Quelque chose me dit
qu'il va falloir que je réduise la voilure...
09H50 : Je viens de me faire une
petite suée ! Pour prévenir le grain qui arrive, j'ai décidé
d'enrouler le foc et c'est là qu'il s'est bloqué ce con !
Putain, je ne vous dit pas le stress que c'est quand vous devez vous
escrimer à défaire un sac de nœuds et qu'une grosse nuée sombre
s'approche de vous à la vitesse grand V !!! Mais bon, j'y suis
arrivé... Il peut tomber le ciel, je suis prêt.
10H10 : Voilà, c'est passé. Le
premier grain de cette navigation ! Il a dû faire un bon 30
nœuds pendant quelques minutes, puis les vannes du ciel se sont
ouvertes. Et maintenant c'est de nouveau grand beau et... pétole !
On est tranquille jusqu'au prochain grain que je vois déjà se
profiler. Heureusement, le courant est avec nous, et même avec les
voiles qui battent nous faisons entre 1,5 et 2 nœuds. Ça c'est
cool !
Transport en commun |
10H45 : Le stress du départ est
en train de retomber peu à peu, et j'ai comme une furieuse envie de
dormir. D'abord, virer Touline de la banquette sous le vent. Puis
fermer les yeux...
11H15 : Yes ! Voilà un peu
de vent ! On accélère à 3,5 nœuds ! Pour fêter ça, je
décide de me caler l'estomac avec une poignée de noix de Cajou.
J'en ai acheté deux kilos au marché de Joao Pessoa ! (il ne
m'en reste plus qu'un pour la nave...)
13H30 : Ah ! J'aborde le rail
des cargos. Heureusement que je viens de me réveiller parce que y'a
du monde sur l'eau.
15H00 : Pour l'instant je continue
à faire route au 40° (plus ou moins) afin de m'écarter de la côte
et de ces fichus cargos. C'est un vrai défilé ! Si je veux
pouvoir dormir cette nuit il faudrait que je m'éloigne à au moins
10 milles du rail.
15H30 : Au fait, je me rends
compte que je ne vous ai pas décrit la navigation à venir !
C'est bête, j'aurais dû commencer par ça...
Alors, nous sommes en route pour une
nave de 1500 milles qui devrait nous amener à St-Laurent du Maroni,
en Guyane Française. 1500 milles, c'est en gros la distance qui
relie le Cap Vert à Jacaré autant dire que je m’apprête à me
taper une deuxième transat. Sauf que celle-ci devrait être
considérablement plus rapide ! En effet, les vents sont
constamment au portant et les courants favorables. Donc a priori cela
devrait nous prendre une petite quinzaine de jours... Enfin,
j'espère !
Tu fais la gueule ? |
15H45 : Pardon, je me suis
interrompu car nous avons eu la visite d'une bande de dauphins !
Où en étais-je ? Ah oui, une
quinzaine de jours donc, au lieu de vingt-trois. La seconde plus
longue nave de mon histoire maritime. Mais, et cela peut vous
paraître bizarre, je n'appréhende pas vraiment cet épisode... Sans
doute parce que j'y pense depuis plusieurs années maintenant. Cela
doit être fait, c'est un peu comme un passage obligé, alors je
l'envisage avec fatalisme plutôt que peur, enthousiasme ou je ne
sais quels autres sentiments. Je suis clair ou pas ?
16H05 : Et merdouille voilà
encore un grain.
16H15 : La Boiteuse file avec un
double arc en ciel aux fesses !!! Et les dauphins s'éclatent !
16H40 : Décidément, les grains
s’enchaînent les uns après les autres. J'essaye de les éviter
autant que possible, mais sur la quantité (j'en vois quatre tout
autour de moi), il faut bien que je m'en prenne un de temps en temps.
Heureusement, nous sommes à 100° du vent apparent et La Boiteuse
encaisse les surventes avec la GV hautes.
Arc dans le Ciel |
Franchement, je pensais qu'on irait
bien plus vite...
18H00 : Une brise nocturne s'est
levée. Voilà qui devrait faire remonter une moyenne qui pour
l'instant n'est pas fameuse. 3,6 Nds et 35 milles de parcourus depuis
ce matin huit heures. En clair, c'est nul.
Allez, j'ai une saucisse/pâtes sur le
feu et des gargouillis dans l'estomac ! Donc, je vous laisse. A
demain !
Le samedi 06 juin 2015 – Ça se
complique !
05H30 : La nuit a été
compliquée... Beaucoup de cargos en première partie, puis un gros
grain vers deux heures du matin. Ensuite, après quelques longues
minutes de pétole, le vent s'est installé frais au SSE. Et là pour
le coût on a tracé ! Le GPS me dit qu'à un moment on a fait
un surf à 9,7 nœuds. Je pense que j'ai réussi un cap correct même
si les grains m'ont sans doute un peu écarté de la côte (ce qui
n'est pas plus mal). On verra ce qu'il en est tout à l'heure.
06H00 : La route est parfaite
(Plein Nord), et la moyenne est remontée à 4,1 nœuds. 55 milles
sur les dernières douze heures. Ça commence à ressembler à
quelque chose cette nave !
Nous venons de doubler Natal à 25
milles au large. Même si la ville n'est pas visible j'agite quand
même le bras. Coucou Sandrine !
Pour bien faire, il faudrait que je
commence à abattre, mais pour l'instant la mer est un peu trop
agitée pour que j'aille faire le clown sur le pont avec le tangon.
On verra plus tard.
07H05 : Alors que le troisième
grain de la journée se présente, et qu'il pleut des cordes, je vois
du coin de l’œil la ligne de traîne se tendre subitement. Ça
mord ! Cela ne fait même pas une demi-heure que la ligne est à
l'eau et j'ai déjà une touche ! (C'est Caroline du Capsun qui
va être verte !) On dirait que c'est un thon...
C'est donc sous la pluie que je me mets
à hisser ma prise, et effectivement il s'agit d'un thon rouge de
trois kilos. De quoi assurer au moins deux jours de bouffe !
Je vais attendre une accalmie pour m'en
occuper, mais je prends quand même le temps de lui découper la
queue afin de la donner en pâture à l'équipage. Bon appétit
Touline !
Miam ! |
08H45 : Et voilà ! La pêche
a été grossièrement équarrie et j'ai pu en tirer quatre gros
filets de chaire bien rouge. Sinon, le petit rayon de soleil qui a
accompagnée cette séance plutôt sanglante aura été de courte
durée. Les orages s’enchaînent les uns après les autres.
09H10 : Petite pause entre deux
grains. Le dernier m'a fait aller jusqu'à 7,5 nœuds de vitesse
fond. Ça commence à faire beaucoup... Le prochain grain sera là
dans dix ou quinze minutes, alors j'en profite pour manger une
banane.
09H25 : Et c'est reparti !
10,6 nœuds au surf ! Ok, là je commence à me faire peur. Dès
que ça se calme, je prends un ris.
Il y a de quoi faire ! |
11H15 : Pas vraiment d'accalmie
pour l'instant. Le vent souffle frais (5-6 Beaufort) J'ai réussi à
dormir quelques minutes. Là je viens de prendre le ris dont je vous
parlais tout à l'heure. Ça a été mouvementé, mais je connais
bien la manœuvre maintenant, alors cela n'a pas duré longtemps. La
Boiteuse file ses six nœuds. C'est chaud.
11H45 : Bon ben les enfants, j'ai
été bien avisé de le prendre ce ris... car pendant quelques
minutes ça a été chaud brûlant. Le genre de moment où vous vous
demandez ce que vous foutez là. Le genre de moment où une maison en
pierre plantée au milieu des arbres à cent lieues de l'océan vous
semble être le havre de paix que vous recherchez tant... Et puis la
minute d'après les choses se calment, deviennent gérables. Vous
n'êtes plus ce fétu ballotté par les éléments déchaînés. Vous
redevenez ce marin en quête d'un future possible, qui remonte vers
le nord avec sa maison qui flotte.
12H00 : Comme je m'en doutais, et
vous aussi sans doute, on a bien avancé ce matin. 5,6 nœuds sur six
heures ! C'est pas mal du tout, mais je trouve que c'est une
maigre contrepartie par rapport à l'inconfort et aux risques
encourus en navigant avec une GV haute par ce temps. Franchement,
avec un ris pris La Boiteuse avance peut-être moins vite, mais elle
reste autrement plus maniable.
Sinon dans 25 milles il sera temps
d'arrêter de faire du Nord et de prendre un cap au 300° sur un long
bord de... Je ne sais pas... 1120 milles jusqu'en Guyane !
12H20 : Ça existe les fous
blancs ?
13H50 : Je viens de finir Le
formidable événement. Vous saviez que Maurice Leblanc avait
écrit de la science-fiction ?
14H50 : Et merde... Voilà le boulon du régulateur qui a pété. Encore !
15H20 : Ouf ! Là les enfants
on a eu chaud ! Un boulon pété, ça m'est arrivé lors de ma
dernière nave, donc je connais la procédure. Je prépare les pièces
et les outils, et je m'équipe de mon gilet afin de pouvoir
m'attacher. Alors que je suis à cheval sur le bâti en train de
visser l'écrou, la pale immergée est subitement et violemment
rabattue sur le côté opposé. J'entends un bruit sec. La deuxième
jambe du régulateur d'allure vient de casser net, juste sous mes
yeux !
Putain de dieu ! Je suis assis sur
un truc qui ne tient que par l'écrou que je suis en train de
visser !!!
S'en suit alors un flottement. Je
m'emmêle un peu les pinceaux dans les longes de mon gilet de
sauvetage et je perds un temps infini à essayer de m'en dépêtrer.
Énervé, j'enlève ce foutu gilet qui ne fait que me gêner, et je
le balance avec rage dans la descente. Il est temps d'être efficace
et d'agir !
Première chose à faire, brancher le
pilote électrique. Parce que là, La Boiteuse est en train de partir
un peu dans tous les sens. Et avec trois mètres de creux ça peu
devenir scabreux.
Deuxième chose à faire, haubaner le
régul' sur le portique avant que la dernière jambe ne casse à son
tour et que tout le bordel tombe à l'eau.
Enfin, terminer de visser le dernier
boulon qui reste.
Voilà, c'est fait. Je vais pouvoir
encaisser le prochain grain. J'espère que ça tiendra... parce qu'il
y a encore un grain qui arrive. Je suis crevé.
17H15 : Vous pensiez que j'allais
pouvoir me reposer ? Et bien non ! Il a fallut que j'aille
changer une poulie-guide de la drosse d'enrouleur de foc. Pas aussi
scabreux que pour le régulateur, mais ça m'a pris du temps.
Le soleil ne va pas tarder à se
coucher. J'espère qu'on en a fini avec la casse pour aujourd'hui,
parce que là je crois que j'ai eu ma dose.
17H15 : Bonne nouvelle, on dirait
que c'est en train de se calmer. La Boiteuse file toujours pleine
balle mais la mer est moins agitée.
18H00 : Point du soir (Bonsoir).
Six nœuds de moyenne sur les six dernières heures. Cap au 320° au
lieu de 300°... Pour l'instant je vais rester avec seulement la
Grand Voile, mais demain il faudra sans doute que je tangonne.
Je suis exténué. Il faudrait que je
mange, mais je n'ai vraiment pas faim... J'espère que le thon sera
encore bon demain parce que sinon je l'aurais attrapé pour rien.
Le dimanche 07 juin 2015 – Une
belle journée
05H15 : Hier au soir je me suis un
peu écroulé comme qui dirait. J'ai dormi une heure, puis par acquis
de conscience je me suis avalé un bol de nouille. Vers 21H00 c'est
une survente qui m'a de nouveau réveillé et la pluie qui m'a
maintenu en éveil jusqu'à minuit. La pluie... A 140° du vent il
est impossible de s'en protéger. Tout était trempé, j'avais
froid... Je me suis finalement résolu à ressortir mon vieux duvet
de l'armée, et ça a été un peu mieux. Puis, les cargos m'ont
laissé tranquille ce qui fait que j'ai pu dormir quasiment jusqu'au
matin.
A vue de nez, la route n'a pas été
fameuse. Je vais devoir corriger ça pendant la journée. Dans la
nuit j'ai finalement enroulé le foc pour n'avancer que sous GV
seule... Je ne pense pas qu'il y ait grande différence.
06H00 : C'est cool ! En fait
on a fait plus d'Ouest que je ne le pensais. J’abats tout de même
de 20°. 62 milles en douze heures, ça fait un peu plus de cinq
nœuds. La vitesse moyenne est maintenant de 4,9. Le temps est beau
et la mer pas trop formée. Pourvu que ça dure !
08H00 : C'est un vrai plaisir que
de naviguer ce matin.On fait nos 5 nœuds tranquillou, plein vent
arrière. La Boiteuse roule un peu, mais c'est moins violent que sous
des allures moins portantes. Pas un grain à l'horizon... Bref, cette
nave « facile » que j'appelais de mes vœux est enfin
là ! Si seulement cela pouvait être comme ça pendant les dix
jours qui viennent... Et oui, on va en avoir pour dix jours, à ce
rythme, pour rejoindre la frontière avec la Guyane ! Plus deux
jours pour rallier St Laurent du Maroni. Je m'ennuie déjà rien que
d'y penser...
Tien, dans la série cinq fruits et
légumes par semaine, je vais me manger une papaye !
10H40 : Je reviens d'une tournée
d'inspection sur le pont. Tout à l'air en ordre, à part mon palan
pour l'annexe qui s'était décroché, et que j'ai dû récupérer
emmêlé dans les haubans. Pour le reste : RAS. Idem pour le
régulateur qui travaille au minimum étant donné qu'on est au vent
arrière.
11H35 : J'ai faim...
Malheureusement, le thon d'hier dégage une odeur pas très
catholique et j'ai dû le balancer par dessus bord. Ce sera donc une
feijoada en boite.
12H00 : La Boiteuse roule comme
une horloge. Pile cinq nœuds sur six heures, et le vent a même
adonné un poil afin que nous fassions une route parfaite au 300°.
Plus mieux, je vois pas !
14H40 : Cela fait deux jours que
nous sommes partis, et je commence déjà à fantasmer sur mon
arrivée... C'est prématuré non ? Bon ok, je vais essayer de
ne pas trop y penser pour l'instant.
15H15 : Voilà les dauphins !
17H05 : Je viens de terminer « Le
brave soldat Chvéïck » de Jaroslav Hašek,
et en même temps je me rends compte qu'il fait encore jour... Il est
vrai que nous faisons un peu d'Ouest quand même.
18H00 : Le vent a un peu faibli
tout au long de l'après midi mais nous avons quand même fait nos
4,7 nœuds de moyenne. L'un dans l'autre on se maintient à un 120
milles par jour, et ça me rend tout content !
18H50 : J'ai dîné de mon
sempiternel bol de nouille. Peu après, j'ai éteint les feux de
position pendant quelques minutes afin de profiter de la nuit. Les
seules lumières sont celles que la nature nous offre. Les étoiles
dans le ciel, et la fluorescence du plancton marin... Même durant
une nuit sans lune le noir cela n'existe pas et c'est bien.
Le lundi 08 juin 2015 – Sous le
soleil à fond la caisse
06H00 : Bonjour ! Alors là,
c'est le top ! 5,6 nœuds de moyenne sur la nuit ! 67,6
milles avalé le temps d'un gros dodo, j'adore !
Bon, en fait de gros dodo j'ai plutôt
eu du mal à dormir car j'ai peiné à me caler convenablement à
cause du roulis. J'ai des courbatures, ce qui est normal, mais je ne
suis pas encore assez fatigué pour ne plus m'en rendre compte...
06H25 : A priori nous devrions
passer l'équateur mercredi soir. Ensuite il restera encore 800
milles à faire. Nous sommes à 50 milles au large de Fortaleza.
Mais puisque je te dis que j'ai vu des poissons ! |
Je joins le geste à la parole en la
repoussant du plat de la main et en répétant, non Touline ! Sa
queue ridicule se tortille de frustration. Elle fait mine de vouloir
rentrer à l'intérieur, puis d'un bond d'un seul elle franchi le
passavant opposé ! Putain de dieu ! Je bondis à mon tour
et nous voilà en train de nous courir après tout du long du pont !
Elle fait son tour, avec moi gueulant derrière elle, et bien sûr
revient bredouille. Pourquoi tu ne m'écoutes pas ?!? Je t'ai
dit que j'avais vérifié !!! Après on s'étonne que des chats
tombent à l'eau...
08H50 : Putain qu'est-ce que je me
fais chier... C'est comme pour les courbatures, je ne suis pas encore
suffisamment fatigué pour le temps passe de façon indolore.
09H15 : Depuis un moment je me
demande ce que cela rapporterait de lâcher un ris. J'irais plus
vite, sans doute, mais j'y perdrais très certainement en confort...
Cruel dilemme ! Bon, le mieux c'est encore d'essayer, non ?
09H25 : Voilà, c'est fait. A
priori j'ai gagné un nœud (plus ou moins). Pour le confort, on
verra à la mi-journée.
12H00 : 130 milles de parcourus en
24 heures ! 5,8 nœuds de moyenne sur les six dernières
heures ! Merci qui ? Merci le courant !
Bon, c'est pas tout ça, qu'est-ce que
je mange à midi moi ? Une boite de thon à la tomate avec des
pâtes, et une crème au chocolat en dessert, ça va le faire hein ?
14H00 : Tout compte fait La
Boiteuse roule autant avec la GV haute. Par contre, on a gagné 0,7
nœuds. Cela n'a l'air de rien, mais sur les distances qui nous
concernent cela représente un jour et demi... Et ça, ce n'est pas
rien.
15H35 : Il y a un grain sur
tribord. Le premier que je vois depuis trente-six heures. Ca me fait
penser qu'on ne devrait pas tarder à entrer dans le Pot au Noir...
17H35 : Le soleil se couche 15
minutes plus tard qu'hier. Go West ! (J'ai les Pet Shop Boys
dans la tête maintenant. C'est malin !)
18H00 : Point du soir bonsoir !
On frôle les six nœuds de moyenne pour cet après-midi (5,96). Je
suis ravi ! En même temps, vu l'état de la mer on doit bien
avoir deux nœuds de courant positif. N'empêche, I am content.
Sinon... Ben sinon, bonne nuit !
Le mardi 09 juin 2015 – Ça se
corse
05H15 : Je n'ai pas encore les
chiffres officiels, mais je crois que cette nuit on a dû battre un
record. Sinon, RAS. Le ciel s’éclaircit, dévoilant quelques
cumulus assez bas sur l'eau... Dont un qui nous arrive juste
derrière.
06H00 : 76 milles de parcourus en
12H00 ! Je crois bien que La Boiteuse n'est jamais allé aussi
vite de toute sa carrière ! (avec moi à son bord en tous cas).
6,33 nœuds de moyenne. Que dire ? Rien, sinon qu'on devrait
franchir l'équateur plus tôt que prévu. Les gros nuages sont
passés à côté.
08H10 : Je viens de faire le tour
du pont où j'ai ramassé trois tous petits poissons-volants. C'est le petit-dèj' à la Toul' !
D'après la carte météo (caduque mais
toujours informative), nous devrions déjà être sous l'influence de
la ZIC (Zone Intercontinentale de Convergence. Le Pot au Noir si vous
préférez), avec des vents plutôt d'Est et faiblissants. Pour
l'instant ce n'est pas trop le cas, même si ce matin j'ai du lofer
de 10°.
09H44 : Je viens de terminer Les
arcanes du chaos de Maxime Chattam. T'en veux de la
conspiration ?
10H45 : De grosses nuées
approchent par l'arrière. Je crois bien qu'il serait raisonnable de
prendre un ris...
Cumulus |
12H00 : Tout roule. 146 milles sur
les dernières vingt-quatre heures ! Je suis très fier de mon
bateau ! La mer est F3, le ciel s'éclaircit. Tout baigne.
Au repas je me prépare du riz avec des
boulettes.
14H45 : Je viens de faire un rêve
bizarre... A une escale, je me retrouve dans une maison inconnue où
j'y retrouve ma famille. Mes parents, ma sœur et toute une flopée
de cousins que je ne reconnaissais pas mais qui étaient hyper-sympas
avec moi. Ils m'admiraient et me félicitaient tous pour mon choix de
vie... Tous sauf mon père, ma mère et ma sœur. Tout le monde
insistaient pour que je reste, mais moi je ne pensais qu'à une
chose : rejoindre mon bateau parce que j'avais peur qu'il soit
mal mouillé... Vraiment zarbi comme rêve.
Là il fait moins le fier... |
15H15 : Allez, cette fois on y a
droit ! 8 nœuds de vitesse fond. Putain, ça dépote !
15H40 : Voilà, c'est fini. Une
belle accélération au départ, puis des trombes d'eau. Derrière il
reste un ciel bouillasseux. En tous cas, garder ce ris n°1 pris
était définitivement une bonne idée.
16H15 : C'est bien ce que je
pensais... Il ne s'agissait pas d'un simple grain, mais d'un front
froid. Les nuages s'étirent jusqu'à l'horizon sans une lueur de
bleu. Le vent ne semble pas avoir changé pourtant... Sud-Est F4. La
Boiteuse fait ces cinq nœuds dans des creux de deux mètres. Il fait
frais, j'ai dû mettre ma polaire.
17H45 : Le soleil doit être en train de se coucher... Enfin je crois, parce que les nuages sont trop épais pour que je distingue quelque chose. J'ai l'impression que c'est parti pour durer. La seule chose que je souhaite, c'est qu'il ne pleuve pas... trop ! La mer s'est creusé, trois mètres avec une houle courte qui déferle. F5-6 je dirais.
17H56 : Putain de dieu ! Une
vague vient de déferler pile sur l'arrière du bateau, noyant le
cockpit sous des litres d'eau salée ! Mon duvet, humide de
l'averse de tout à l'heure, y était en train de sécher... Qui
c'est qui va dormir dans des draps mouillés ce soir, hein ?
18H05 : Bon sinon, à part ça,
5,75 nœuds de moyenne depuis midi. Normal, le ris que j'ai pris
réduit un peu la vitesse. Mais vu la météo, c'est préférable.
19H15 : J'étais allongé sur le
dos au fond du cockpit, à regarder la pale de mon régulateur
s'agiter dans le vent, quand j'ai réalisé que quelque chose
clochait. Le mât du régulateur bougeait un peu trop à mon goût.
Normal, le boulon de la dernière jambe était de nouveau cassé !
Grumf !
13 commentaires:
Fait du bien de te sentir vivre, vibrer...ça faisait longtemps !
Impatiente de lire la suite d'autant que je sais que tu es arrivé et que je ne m'inquiète plus !!!!
Joli. Et courageux. Perso le roulis me rends totalement cinglé.
Merciiiii pour lecoucou, je t'ai guetté mais sans jumelles pas vu passer ;)
Pendant la transat le skipper avais réussit à pecher une dorade corifene (je croix ouen tout cas le nom y ressemble) et cette dernière s' est barrée quand il ramenait la ligne. C'était à se tordre de rire.
Veinard, je suis allée 2 fois en Guyane mais jamais au moment d'un décollage d'Ariane ... et là y a un lancement programmé le mercredi 8 juillet 2015 (18:42 heure locale). Vois la pour moi... ;-)
Vivement la suite. Bises
de l'action, du suspens, une petite bête d'amour, que demande le peuple..Reposes toi bien...
Salut Gwendal,j'adore! C'est du complet: vidéos et récits... On est à bord,avec toi. Merci !
Bonjour Gwendal,
Il n'est pas interdit... de faire une belle nav' !
Je reviens d'une semaine de nav' en Bretagne, quel plaisir de prolonger la vie sur l'eau en te lisant. Côté lecture : "la cerise" d'Alphonse Boudard.
Merci pour les news et les vidéo.
Pleins de caresses à Touline.
Je te souhaite un bon stock de vis pour ton régulateur ;)
A + pour la suite.
David de Nantes
Salut, Gwen,
content de te savoir arrivé à bon port, après quelques péripéties. Pour ta vibration, commence par vérifier les silent-bloc du moteur, sinon le presse étoupe, mais s'il avait pris du jeu, tu aurrais eu une entrée d'eau.
Bon courage pour la recherche et la maintenance en tous cas. Au fait, avec ton fauve, tu n'as jamais envisagé de placer un filet au niveau des filières ?
Profite bien de ton escale guyannaise.
Amicalement,
Gérard.
@Monique : Moi j'espère que tu t'inquiéteras toujours ma Momo !
@Greg : J'ai un gros doute sur le courageux... Mais merci quand même !
@Sandrine : Même avec les jumelle tu ne risquais pas de me voir, j'étais sous la ligne de l'horizon. On dit dorade Coryphène !
@Hedilya : Je pense que je serais encore là pour la voir. Je te garde une place ?
@Aglaé : Ca vient !
@... : Plus d'une semaine depuis l'arrivée, mais je n'ai pas encore l'impression de me reposer.
@Julien : Y'a pas de quoi !
@David : Globalement ce ne fut pas vraiment une belle nave... Mais une des pire !
@Gérard : J'ai un plongeur qui va jeter un œil cet après midi à l'hélice. Si ce n'est pas ça, il va falloir que je réaligne l'arbre.
"Même durant une nuit sans lune le noir cela n'existe pas et c'est bien"
... j'adore...
Voilà bien longtemps que je n'étais plus venue visiter le blog, et je retrouve ces belles aventures avec plaisir 😊
Je suis ravie de voir que Touline se porte toujours bien, elle a l'air en pleine forme
@Alexandra : Merci der ta visite !
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