12°53.377S
38°41.045W
Itaparica,
Bahia
Je
suis perplexe... Vraiment perplexe.
Figurez-vous
que ce mardi je m'étais préparé à partir d'Itaparica après cinq
semaines de séjour. Mais quand je dis préparé, je veux dire que La
Boiteuse était quasiment en ordre de marche ! Tout le monde
était prévenu, l'annexe rangée sur le pont. Tout le bordel remisé
dans la cabine avant, et le régulateur d'allure en place. La GV
prête avec un ris, Etc... Je n'avais plus qu'à attendre la marée
pour larguer les amarres ! Et puis la non-envie de partir est
arrivée. Un truc balaise qui fait que je suis encore là.
Bye Julien ! |
Ça
a commencé par un doute quant aux prévisions météo qui la veille
m'offraient encore une fenêtre impeccable pour rallier Jacaré en
cinq jours de navigation. Aux dernières nouvelles, et aux alentours
de vendredi, le vent venait carrément debout pendant plus de
vingt-quatre heures, m'obligeant à tirer des bords de près serré.
Bref, j'avais besoin de cinq jours de vent favorable, et en moins de
temps qu'il me faut pour l'écrire je me retrouvais avec trois.
Mais
c'est pas grave me disais-je (tout en démontant le taud de soleil).
Au pire ça va juste rallonger la nave de quelques heures, voire une
journée. Mais tout en pensant ça, je sentais déjà mes tripes qui
me disaient : Ouais mais bon, est-ce que finalement tu ne ferais
pas mieux de remettre ?
Parce
que je ne sais pas vous, mais moi mes tripes elles me causent. Elles
se liquéfient lorsque je suis stressé, et elles me glougloutent des
choses.
Son Brin de Folie part pour Cap Town |
Puis
ça a été la chaleur... Parce que sous les tropiques dès huit
heures du matin le soleil cogne, et cogne fort. Le genre de chaleur
qui fait que vous n'avez plus qu'une envie c'est de rester immobile
tel le gecko moyen. Avouez que devoir attendre jusqu'à midi pour
avoir la marée descendante sous un cagnard de dingue peut émousser
la plus grande des motivation, non ?
Bref,
au bout d'un temps qui m'a semblé interminable et après un ultime
examen des prévisions météo, ainsi qu'une énième confrontation
avec mon moi profond, j'ai décidé que ce ne serait pas pour
aujourd'hui.
Toilette d'avant -départ |
Ensuite
est venue la culpabilité bien sûr. Je me suis demandé si j'avais
encore les tripes (encore elles) pour cette vie-la. Je me suis dit
que j'avais perdu la gnaque, que ce que mes tripes (toujours elles)
me racontaient était l'expression physique d'une dépression
profonde. Que sans le savoir peut-être que j'en avais marre de cette
vie d'errance... Ou plus simplement, peut-être que je m'écoutais un
peu trop et que si je me faisais un petit peu plus violence
j'arriverais à ma bouger le cul.
C'est
dingue ce qui a pu me passer par la tête !
Et
puis c'est passé. Je me suis fait cuire du riz et une boite de
fejoada, et j'ai fait une grande sieste. Et à mon réveil toute
forme de culpabilité avait disparue. Si je ne le sens pas, je ne le
fais pas. C'est aussi simple que ça. Et ce n'est pas quelques
scrupules à la con qui vont m'empêcher de suivre mon instinct. S'il
s'agit d'instinct bien sûr...
Bon,
maintenant il ne me reste plus qu'à attendre la prochaine fenêtre...
C'est quand déjà la saison favorable ? En avril vous dites ?
PS :
Ah au fait ! Z'avez vu ce qu'un gentil propriétaire de
catamaran m'a offert pour me remercier d'avoir plongé pour lui
décrocher son ancre ? Un authentique Leatherman ! Depuis
le temps que je rêvais d'en avoir un !
Wahou.... |
13 commentaires:
Joli outil de pro....
Y'as raison, si tu le sens pas ne le fait pas, faut pas se forcer surtout avec un temps de cocotte minute....
Qu'est-ce que tu peux être matérialiste ! ;-)
Au diable le jus de tripes, en effet il faut être prêt pour naviguer. Et pour que la motivation revienne, le coup d'pied au derrière est une bonne solution mais pas toujours facile à s'auto-donner ! Par contre, l'argument de la chaleur, niet ! Tu la voulais, tu l'as ! :p
@Michel : Pourquoi se faire du mal en effet...
@JpgNice : Ouais, t'as vus ?
@Astrid ! Mais j'ai pas dit que cela ne me plaisait pas de me prendre pour un gecko !
Première règle de l'épicurisme: y a pas d'mal à se faire du bien!
Ceci étant ça nous fait moins à lire... On attendra!
Pierre
la vache tu as du bol. Il y a un mois je plonge à 4 reprises en apnée sur 15m pour décoincer l'ancre d'un wauquiez moderne aux canaries et rien. A peine merci. et le mieux c'est que je croise les proprios au port 24h plus tard et bien même pas un bonjour! y a pas à dire sont plus sympas au brésil qu'aux canaries!! Dommage car j'étais resté sur une toute autre expérience aux Baléares ou j'avais été invité à manger avec cadeau d'une bonne bouteille de vin en prime alors que c'était même pas un bateau de proprio mais un bateau de loc!!
@Pierre : Je ne ne suis pas très productif question article en ce moment. Désolé !
@Tailana : Ce n'est pas tout le temps comme ça. La plupart du temps j'ai droit à un merci avec le pouce levé, mais qui vient du marinhero qui pilote le yacht. Pour le riche propriétaire blanc, je n'existe même pas...
là encore le monde est multipolaire, les riches, les moyens et les pauvres...Dommage qu'il faisait froid en Uruguay....
@Michel : Plus je reste au Brésil et plus je regrette l'Uruguay...
Bonjour Gwendal,
et ce n'est pas aujourd'hui que vous partirez, avec ce "temps de chien"!
Lilia da Frusseda
à Cuba il y a un plat appelé "l'uruguayo" : escalope de veau, jambon, fromage avec des chips de bananes grillées...Miam
@Lilia : Un peu de pluie rafraichit l'atmosphère ! Du moment que ça ne dure que quelques minutes :)
@Michel : Ah bon ? C'est vrai qu'en Uruguay on mange pas mal de "milanesas", de carne o de pollo. Mais le veau c'est plutôt rare.
Avril ?Si t'es encore là on se rejoint... On sait jamais maintenant que tu commences à travailler
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